Festival Moonfest 2009: Un "Woodstock Maghribi"

Culture
Dev Web
Editor Made in Marrakech
5 mai 2009

Festival Moonfest 2009: Un "Woodstock Maghribi" : entre découverte, partage et roots attitude.

Les environs du barrage de Lalla Takerkoust, à 30km de Marrakech, se sont à nouveau enfiévrés – du 01 au 03 mai - aux rythmes des artistes invités pour la seconde édition du Festival Moonfest. Le public a ainsi pu apprécier des artistes de renom mais aussi découvrir de nouvelles formations. Il a aussi profité des stands des différentes associations locales venues présenter leur savoir-faire et créations.

En ouverture du programme du Festival Moonfest 2009, on pouvait lire "Le Woodstock Maghribi". Moonfest : un Woodstock à la sauce marocaine.

Sur les traces de Woodstock, 40 ans aprèsÉ

Telle est donc la vocation, d'emblée revendiquée, de la seconde mouture du Festival Moonfest, cet évènement culturel, musical et associatif qui rassemble depuis 2008 festivaliers et habitants de la région.

Woodstock c'était en en août 1969, il y a quarante déjà. Une époque où les citoyens voulaient révolutionner le monde par la culture hippie, changer l'ordre social et, surtout, ériger la paix et l'amour en valeurs universelles.

Quarante ans après, sur un autre continent, dans un contexte économique, culturel, politique et social totalement différent, la paix, l'amour, le partage et la tolérance n'ont toujours pas triomphé de la bêtise humaine.

Pourtant, les idéaux humains – à l'image de Moonfest – n'ont pas changé, et l'Homme aspire toujours à ces valeurs universelles.

A ce propos, un homme de théâtre français, Richard Martin, a pour habitude de dire : "Lorsque les politiques échouent face à la bêtise humaine, seuls les saltimbanques -ces artistes- peuvent faire avancer les sociétés et diffuser ces messages par le biais de leurs arts".

C'est en quelque sorte la voie choisie par Moonfest pour insuffler la tolérance et le partage, que ce soit par le choix des artistes, la contribution au développement durable de la région que par la roots attitude dans laquelle plonge inexorablement le lac Lalla Takerkoust.

Moonfest, ou la roots attitude : En effet, quel lieu peut être plus adapté que celui du lac Lalla Takerkoust - cet endroit où se côtoient collines verdoyantes, eau et neiges de l'Atlas - pour organiser un "Woodstock Maghribi" ?

Ici, pour ceux qui ont opté pour l'hébergement en bivouac, c'est roots attitude et ça fait du bien. A Moonfest, au menu des festivaliers : détente et bronzage sous un soleil ardent, sport et baignade, yoga, déjeuner sous d'authentiques tentes berbères... Pour la gent féminine, Moonfest signifie aussi exit le maquillage devenu superflu et adoption d'une tenue tout terrain. Même Amazigh Kateb a suivi la tendance mono-tenue : "Pour moi, mon pyjama c'est ma tenue de scène d'hier. C'est polyvalent et en plus la nuit il fait froid" mentionnait-il, non sans humour.

Ainsi, Moonfest 2009 – plus encore que l'édition précédente – était cette année synonyme de roots attitude. Un retour à la nature, aux racines, permis par le lieu et le Festival. Si certains festivaliers se demandaient, vendredi, qui pouvait bien être cette fameuse Lalla Takerkoust, elle a semblé, ce week-end, être la patronne de la sérénité.

Les voix (voies) du partage : Côté scène, une fois la nuit tombée offrant au passage ses magnifiques couchers de soleil, la foule s'est approchée pour écouter, vendredi soir, la toute jeune formation des Mayara Band et leur entraînant refrain de Haly Gnawi.

Après eux, en véritable vedette de l'évènement, c'était au tour d'Amazigh Kateb de venir inonder Lalla Takerkoust des sonorités de son nouvel album. Sur scène, il a célébré la musique, chanté l'Algérie, mais aussi évoqué les souvenirs du passé et de sa propre histoire. Il n'a pas oublié, non plus, de parler politique – non sans ironie et avec le verbe juste – tout en jouant le plaisantin, s'affublant pour ce faire d'une perruque blonde et de grosses lunettes, entraînant l'enthousiasme et l'hilarité du public.

Après son concert, c'est le célèbre maître gnaoua Hamid El Kasri qui a entonné ses chants traditionnels et chargés d'histoire. Il a reçu l'ovation du public, de tous âges.

"Le concert de Hamid El Kasri était vraiment bien. Je l'ai découvert récemment à Jazzablanca, et j'adore ce mélange de chant gnawa et de musiques traditionnelles chargées de l'histoire du pays. Vraiment c'était appréciable et certains membres du public semblaient même possédés par sa musique". Propos de Kaoutar, jeune bénévole pour le Festival Moonfest.

Samedi soir, Lalla Takerkoust n'a pas désempli et la foule est revenue, plus nombreuse encore et tout aussi éclectique par les origines et les âges. Elle a pu entendre les Tachinouites, véritable joyau de la scène berbère, et entrer dans la danse. Une danse qui a embrasé la foule subitement prise par d'irrépressibles déhanchés.

Si le groupe Unified, toute jeune formation qui a assuré sa place au Tremplin du L'Boulevard et une première partie d'un concert des Hoba Hoba Spirit, devait être le groupe de la découverte avec son mix de rock progressif et metal, il a finalement déçu bon nombre de festivaliers.

Cependant, les spectateurs, ont pu vibrer sur le reggae des Ganga Vibes ou encore sauter sur le rock endiablé des Hoba Hoba Spirit, déjà présents l'an passé.

Made in développement durable : Mais Moonfest, ça n'est pas seulement de la musique pour ravir les foules, c'est surtout un concept, une idée qui vise à contribuer au développement durable de la région.

Pour ce faire, l'organisation a permis à de nombreuses associations de présenter leurs savoir-faire sous forme d'un souk, où il était possible de consommer. On pouvait compter parmi elles le Réseau des Femmes artisanes d'Al Haouz comptant 16 associations, dont notamment la coopérative Femmes de Marrakech, l'association Bensloo ou encore l'association Afoulki.

Pour répondre aux attentes de ces femmes, deux ateliers ont également été mis en place avec le soutien de M2M Group. Ils ont tous deux permis de renseigner les participants sur la santé mais aussi sur le thème du droit de la famille.

En somme, Moonfest 2009 a permis de découvrir ou de redécouvrir des ensembles musicaux d'horizons différents, de partager des moments magiques dans un cadre d'exception et de s'ouvrir à la culture locale, majoritairement berbère. Un Woodstock Maghribi, moins revendicateur que son aîné, mais tout aussi enclin au partage.

Que Lalla Takerkoust continue à propager son message d'amour et de tolérance dans son paysage lunaire pour que, l'année prochaine, on puisse encore célébrer Moonfest.

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Editor Made in Marrakech
5 mai 2009