Femmes d'ici et d'ailleurs à Marrakech: La migration
«Si la femme est l'avenir de l'homme», comme disait le poète Aragon, elle l'est d'autant plus en situation migratoire. Un préambule que les «Marocaines d'ici et d'ailleurs» réunies à Marrakech ne sauraient renier elles qui sont venues des quatre coins du monde pour débattre durant 3 jours de la «Féminisation de la migration, des dynamiques internationales et des spécificités marocaines.
Organisée sous le Haut patronage de S.M. le Roi Mohammed VI et à l'initiative du Conseil de la communauté marocaine à l'étranger (CCME), cette manifestation hautement féminine met en présence les forces vives du Maroc et de la diaspora afin de dresser un état des lieux des différentes situations de migrations de nos compatriotes, d'évaluer leurs besoins et leurs attentes et de permettre globalement l'émergence d'une dynamique intellectuelle et entrepreneuriale en favorisant les échanges d'expériences et de pratiques entre les Marocaines du monde.
Une rencontre qui coïncide avec le 30e anniversaire de la convention internationale sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes (CEDAW) que le Maroc a ratifié en 1993, a tenu à rappeler Nouzha Skalli, ministre du Développement social et de la Famille ajoutant que la promotion de l'égalité hommes/ femmes et l'égalité des chances constituaient une des pierres angulaires du processus de modernisation dans lequel s'est résolument engagé le pays.
« La diversité culturelle, ethnique, religieuse et géographique spécifique de l'histoire et de l'identité marocaine constituent un véritable trésor à préserver et à perpétuer à travers cette rencontre des Marocaines d'ici et d'ailleurs », a déclaré chaleureusement la ministre devant un parterre de femmes des plus éclectiques mais à la fibre nationale commune. Forte du succès de la première édition, le rendez-vous de cette année réunit en effet pas moins de 400 femmes aux trajectoires multiples, aux appartenances plurielles mais à l'attachement indivisible, celui de leur pays. Issues respectivement du monde universitaire, économique, politique, culturel et associatif vivant au Maroc ou résidant en Europe, aux Etats-Unis, au Canada, en Afrique subsaharienne, ou encore dans les pays arabes, elles viennent faire cause commune autour des questions de la migration des femmes, des engagements civiques, de l'accès au droits et à la lutte contre les vulnérabilités ainsi que réfléchir aux partenariats pour le développement et la mobilisation des compétences.
« Une présence qui traduit sans conteste une preuve de la loyauté et de l'attachement de la diaspora à son pays d'origine et constitue un atout majeur pour l'économie mais aussi pour la démocratie », a souligné Latifa Akherbach, secrétaire d'Etat auprès du ministre des Affaires étrangères et de la Coopération. Pour sa part, Mohamed Ameur, ministre délégué chargé de la Communauté marocaine résidant à l'étranger, a rappelé la nouvelle politique du Maroc et les mesures d'accompagnement en faveur des communautés marocaines de l'étranger en vue de leur meilleure intégration dans le pays de résidence.
Il a mis en avant les inégalités, les violences et les discriminations criantes auxquelles est exposée la population migrante et a cité, à cet effet, les prisonnières de Tindouf victimes de violations flagrantes au mépris des conventions et traités internationaux avec lesquelles il a appelé les femmes du colloque à marquer leur solidarité démocratique. Il a réaffirmé l'importance de cette plateforme féminine dont les parcours brillants sont autant de succès pour le pays d'origine et a dit son attachement au suivi des recommandations de la première édition dont un certain nombre ont été suivies des faits.
La rencontre 2009, riche de ces recommandations, s'est voulu ipso facto à teneur scientifique compte tenu du nouveau visage féminin de la migration et des défis spécifiques induits par cette importante mutation pour le Maroc. Aussi, les différents colloques organisés ont-ils permis une approche empirique et statistique de la migration et de sa féminisation. Plusieurs travaux récents et inédits, dont ceux de Abdeslam Marfouk, économiste et chercheur à l'IRES, Université Catholique de Louvain en Belgique ont permis d'apporter un regard éclairant sur l'émigration féminine marocaine et de lever un certain nombre de stéréotypes liés à cette émigration.
Contrairement aux idées reçues, l'émigration s'est particulièrement féminisée en l'espace de quelques décennies et aujourd'hui, un émigré sur deux est une femme. C'est dire si la femme migrante est une actrice pleine et entière du développement économique et social. Porteuses de projets, d'action et d'avenir, les femmes prouvent, s'il en fut que la compétence et le succès se conjuguent dorénavant au féminin et sont une gageure pour le Maroc de demain.
Mise en place des recommandations
Plusieurs initiatives suite à la première rencontre « Marocaines d'ici et d'ailleurs » ont été mises en place par le CCME en collaboration avec le ministère de la Communauté MRE et d'autres institutions.
Au premier chef, un dispositif d'assistance juridique en faveur des femmes marocaines en situation de vulnérabilité, au sein des services consulaires marocains à l'étranger.
La deuxième initiative consiste dans une aide spécifique apportée aux femmes émigrées dans le Golfe, en concertation avec les ambassadeurs du Maroc de ces pays respectifs.
Quatrième initiative, celle relative à la Moudawana auxquels plusieurs colloques ont été consacrés afin de la vulgariser le plus largement possible auprès des ressortissants marocains à l'étranger.
La dernière initiative porte sur le soutien apporté aux associations féminines par le gouvernement marocain, à travers ses instances consulaires, pour renforcer les compétences et le savoir-faire des associations qui en seraient demandeuses. Un appel aux projets en relation avec les femmes est également ouvert.