Faire rêver dans un palais d’hôtes à Marrakech

« Si on veut changer de vie, il faut le faire quand tout va bien. On a l'âge et l'heure. Sans doute que dans dix ans, cela aurait été trop tard », disent d'une seule voix Muriel et Laurent Bonicel qui viennent de vendre le magasin de souvenirs de Turckheim qu'ils ont exploité pendant neuf ans, à deux pas de la porte de France, pour réaliser un projet qu'ils mûrissaient depuis plusieurs années : s'installer au Maroc.

Leur décision a été prise en mars car « tout collait pour que ce soit maintenant », l'âge des enfants autant que l'aspect financier.

Partis dans l'idée d'ouvrir une maison d'hôtes de luxe dans la médina de Fès, cité impériale dont la culture et la beauté les ont séduits, ils ont repensé ce rêve au vu de conditions très concrètes : gros travaux à venir sous l'égide de l'Unesco dans la médina en mauvais état, présence d'une faille sismique et potentiel touristique essentiellement de passage.

 400 m² au coeur de la palmeraie : « Contrairement à Marrakech qui propose un potentiel touristique immédiat », estime Laurent Bonicel, à qui on a proposé d'acheter une maison de plus de 400 m² dans la palmeraie de Marrakech, sur la route de Fès. Magnifique bâtisse nommée Sidkblia, « seigneur de la tribu », construite dans un jardin planté d'oliviers de plus de 7 000 m², à l'histoire que ne se lasse pas de raconter cet amoureux du Maroc depuis vingt ans. Que les amateurs de sérénité pourront entendre sur place, quand le palais d'hôtes aura ouvert, fin 2009. Afin de conserver l'intimité de cette maison où le luxe est avant tout le calme, Muriel et Laurent Bonicel veulent en faire un « palais » d'hôtes, un « havre de paix » aux multiples oiseaux, « où les hôtes pourront se reposer loin du tumulte de Marrakech ». « Compte tenu de l'investissement de base, il aurait fallu créer plus de chambres si on avait voulu louer moins cher », indique le couple qui préfère conserver son authenticité et son âme à cette belle maison.

 Deux locomotives : Muriel et Laurent Bonicel prévoient un an de travaux pour réaménager les six chambres, creuser une seconde piscine, construire un hammam, ainsi que leur propre logement indépendant. Ils vont recruter huit personnes pour l'entretien du jardin, la restauration, « seulement pour nos 12 privilégiés et à base des produits du potager » et l'entretien. Viendront ensuite la création d'un site internet pour se faire connaître et la prospection de marchés en Europe, Amérique du nord et Océanie.

« Dans notre histoire, il y a deux locomotives qui tirent du même côté. On sait qu'on y sera bien là-bas », sourient-ils, rassurés sur la solidité de leur projet. Conscients cependant des grains de sable et des doutes qui se feront jour. Soutenus par leurs familles, Muriel et Laurent Bonicel, et leur fille Anna, partent légers. Dans leurs bagages : des livres, de la musique, quelques tableaux et leurs deux chats.