Entretien avec Omar Jazouli
Marrakech est devenue depuis quelques années une des destinations les plus prisées dans le monde. Une ville en constante évolution qui accueille cette semaine et pour la troisième année consécutive le Festival International de la Magie. Une ville magique qui brille par ses festivals et son développement. Une amélioration que les habitants doivent aux autorités et particulièrement à Mr Omar Jazouli, maire de la ville. Interview avec ce magicien de l'ombre.
Le Matin du Sahara : Pourquoi un festival de la magie à Marrakech ?
Mr Omar Jazouli :Marrakech est une ville magique, par conséquent il lui fallait son festival de magie. Il ne faut pas oublier que c'est une ville touristique par excellence, et que depuis quelques années, elle est devenue la locomotive touristique du Maroc. Cependant, le tourisme pratiqué dans cette ville est d'ordre culturel. C'est ce qui a amené le conseil municipal à penser à meubler le temps de ces touristes.
Et pour nous cela passe par des festivals. Nous tendons à avoir dans un avenir proche douze festivals par an, à raison d'un festival par mois. Actuellement la ville en compte sept : le festival de la magie, celui des arts populaires, celui du cinéma, celui du théâtre, de la musique ainsi que le marathon international et l'exposition de l'artisanat, et la foire des immigrés qui se tient en août. De plus nous avons projeté de lancer le festival du jazz et celui des troubadours.
Vous avez une relation très fusionnelle avec la ville de Marrakech, comment l'expliquez- vous ?
L'histoire de ma famille est ancrée dans cette ville. Puisque un de mes ancêtres Jazouli est un des sept saints de la ville où il avait été enterré depuis plus de cinq siècles. J'ai un lien familial, affectif et sentimental avec cette ville. D'ailleurs pour moi, Marrakech est la ville merveille du monde. Je suis amoureux d'elle et par conséquent j'essaie de m'en occuper au mieux. C'est devenu ma mission principale depuis 1977 et cela à travers mes différentes fonctions en tant que député, sénateur et enfin maire.
Quel bilan pouvez- vous établir sur l'évolution de la ville ces dernières années ?
Marrakech a beaucoup évolué et joue actuellement dans la cour des grands. Elle est assimilée aux grandes stations touristiques du monde. Nous avons développé un relationnel important avec plusieurs pays européens et bientôt américains et chinois et cela à travers des jumelages et des coopérations. Le conseil municipal de la ville fait énormément pour drainer les touristes. Il a établi en quelques années une ville où il fait bon vivre. De plus, c'est la seule ville jardin du Maroc. Preuve en est ses 950 hectares de jardins, soit 15 m2 de jardin par habitant.
Quels ont les projets qui ont été décidés par le conseil municipal pour développer davantage la ville ?
Marrakech est une ville carrefour. Elle relie entre le nord et le sud du pays. Pour désengranger le trafic routier, une rocade qui contournera la ville est en train d'être construite et sera finalisée d'ici la fin de l'année. Nous essayons également d'améliorer la qualité du trafic en créant plusieurs voies qui sont prévues dans le plan d'aménagement. Des parkings souterrains sont également en plein chantier sur le boulevard Gueliz et à Jamaa Lfna.
Il est également prévu de déplacer le marché de gros des légumes, qui se situe actuellement à Bab Doukkala, vers la rocade qui est en train d'être finalisée d'ici à octobre de cette année. Toujours dans cette même optique d'amélioration de la ville, nous avons prévu l'agrandissement de l'aéroport, la création d'espaces verts, la construction de deux ponts pour le train qui viendront remplacer les passages à niveau, ainsi que l'aménagement du nouveau stade de la ville. Nous avons également pour projet d'ici 2008 d'avoir une ville sans bidonvilles et nous oeuvrons pour cela.
Le grand jardin de l'oliveraie, communément appelé « la forêt des jeunes ». va être réhabilité pour être l'équivalent des jardins du Luxembourg. La municipalité a également comme grand projet, avec l'aide de la fondation Mohammed VI, présidée par Lalla Hasna de redonner sa splendeur d'antan à la palmeraie. A cet effet, nous avons créé une pépinière de 280 000 petits palmiers qui va nous permettre de planter 80 000 palmiers par an dans la palmeraie.
Comment concevez -vous la nouvelle gestion de votre ville ?
On fait notre possible pour que l'administration de la ville soit à un niveau très satisfaisant et cela dans tous les domaines. On essaie d'ailleurs d'obtenir la certification ISO 14001. Nous sommes en train d'installer notre système SIG qui va nous permettre d'avoir accès à toutes les informations sur la ville. Nous aurons même des photos satellitaires actualisées tous les 3 jours et qui vont nous permettre de comparer l'évolution de tous les chantiers de la ville.
Nous sommes également en discussion avec le président de l'université Qaddi Ayyad à Marrakech pour créer une licence spécialisée dans la gouvernance locale. Cette nouvelle branche, fruit d'un partenariat avec la faculté de Marseille, sera lancée à partir d'octobre. Nous espérons dans quelques années avoir des gestionnaires pour notre ville.