Enquête sur les maisons d'hôtes clandestines

Tourisme
Dev Web
Editor Made in Marrakech
16 mars 2005

Les maisons d'hôtes poussent comme des champignons à Marrakech et dans d'autres villes du Royaume. Ce phénomène qui représente une part sans cesse croissante dans l'économie touristique nourrit quelques inquiétudes. Dans ce contexte, près de 181 maisons déclarées logements personnels feront l'objet d'un contrôle rigoureux pour s'assurer qu'elles n'exercent pas d'activité touristique.

Certes, elles sont déclarées à usage d'habitation mais les renseignements recueillis par les membres de la commission de classement auprès des voisins attestent que celles-ci sont exploitées en tant que maisons d'hôtes et reçoivent un nombre important de visiteurs. Outre la nécessité de payer les taxes et impôts à caractère touristique, la classification de ces établissements est impérative d'autant plus qu'un certain nombre d'entre eux ne respectent pas les dispositions réglementaires en particulier celles instituées par la loi 61/00 publiée au Bulletin officiel N° 5192 du 4 mars 2004. La charte qualité impose à tous les adhérents de respecter et faire respecter les spécificités des maisons d'hôtes réglementées.

Grâce à la classification, les exploitants des maisons "à usage d'habitation" sont obligés d'adresser au service de la Wilaya des déclarations sur l'honneur attestant que les maisons en question sont des logements personnels.

Toutefois, un document relatif au bilan d'activité de la commission régionale de classement des maisons d'hôtes a jugé que "le nombre des attestations reste insignifiant par rapport au nombre des unités existantes". A ce propos, M.Abd El Hak Ait El Haraj, président sortant de l'Association des Maisons d'hôtes de Marrakech et du Sud nous a déclaré : "faire signer un engagement sur l'honneur pour les gens que les maisons d'hôtes sont d'usage d'habitation est suffisant, à condition de contrôler leur usage de manière régulière". Il a également mis en valeur ces visites techniques qui constituent le premier contact fait avec les propriétaires et gérants des maisons d'hôtes depuis la parution de la loi réglementant ces établissements touristiques. Et d'ajouter que des efforts sont déployés en vue de créer une fédération nationale des associations des maisons d'hôtes pour regrouper les propriétaires et les gérants dans les villes de Marrakech, Ouarzazate, Meknès, Fès, Rabat, et Tanger.

Pour sa part, M.Serge Meadow, gérant et actionnaire de "Riads au Maroc" qui regroupe 140 maisons d'hôtes et riads à travers le Maroc, nous a expliqué qu'il y a eu au départ une confusion entre Riad qui est une forme d'architecture et maison d'hôtes qui est un produit touristique. Or, ajoute -t-il, "plusieurs acquisitions ont été faites à des fins d'habitation secondaire et non pour exercer une quelconque activité touristique".

Il faut dire que ce contrôle est important mais loin d'être suffisant. Pour se rendre compte de cette évidence, le registre de commerce donne une idée exhaustive sur le nombre des maisons d'hôtes mais qui, dans la réalité, exercent une activité purement touristique. Le Web contient également des données abondantes sur les maisons d'hôtes qui commercialisent des services et prestations échappant à tout contrôle légal ou fiscal marocain.

Grâce à ce contrôle, ces maisons d'hôtes ne peuvent plus, du moins en principe, se dérober du dispositif régissant le secteur touristique. Il s'agit en l'occurrence de payer les impôts et taxes auxquels sont soumis les établissements touristiques. Cette démarche a été prise à l'issue des visites techniques effectuées par la commission régionale de classement au cours des périodes allant du 2 juin 2003 au 16 juillet 2003 et du 19 janvier 2004 au 25 février 2005. La commission a procédé au classement de 304 maisons d'hôtes dont 103 établissements comme "Maisons d'hôtes 1ère catégorie" et 170 établissements comme "Maisons d'hôtes 2ème catégorie".

Par ailleurs, les membres de la commission ont ajourné le classement de 23 maiisons d'hôtes du fait qu'elles ne disposent pas de moyens de lutte contre l'incendie. D'autre part, 32 unités ne peuvent pas faire l'objet d'un classement car elles ne répondent pas aux normes de classement qui sont en vigueur.

Sur un autre registre, le nombre des maisons d'hôtes est en hausse considérable. A Marrakech, il y en a plus de 1000. A Essaouira, on parle de plus d'une centaine. Et le phénomène commence à toucher d'autres anciennes villes, telles Fès et Meknès, Rabat, Ouarzazate et Tanger. Ces établissements ne brillent pas tous par leur professionnalisme. C'est pour cette raison d'ailleurs que Serge Meadow met l'accent sur "la nécessité pour les maisons d'hôtes de se professionnaliser, car c'est de leur professionnalisme que dépendra l'avenir de ce créneau porteur en particulier et du tourisme marocain en général".

A signaler que les affiches confectionnées par les propriétaires de ces établissements proposent leurs tarifs en devises étrangères du fait qu'elles ont des partenariats avec des tours opérateurs. Certains de ces établissements fixent les prix de la chambre à 1.500 FF (2.250 dh) en haute saison et à 1.250 FF (plus de 1.800 dh) en basse saison. La location de tout un riad est proposée à 6.000 FF (9.000 dh) par jour en haute saison et à 40.000 FF (60.000 dh) par semaine.

Dev Web
Editor Made in Marrakech
16 mars 2005