DJ Van, ou la positive attitude

musique
Editor Made in Marrakech
25 juillet 2012

15 heures 30. J’attends presque fébrile un incontournable personnage de la ville ocre, sous les climatisateurs de la Renaissance. Stylo dans une main, Schweppes dans l’autre et magnéto prêt à s’enclencher. J’ai un espoir, qu’il soit jusqu’au bout gentleman en arrivant à l’heure. Les yeux rivés sur la porte d’entrée, je vois s’approcher, déjà conquise, le DJ producteur Van, 100 % made in Marrakech. Play !

Ses débuts ...

Tout commence au lycée pour cet élève brillant, qui sait déjà que son avenir ne sera ni sur les traces de son père professeur, ni sur celles de sa mère infirmière. S’imaginer en costume cravate, enfermé toute la journée au bureau, très peu pour lui. Surtout quand on grandit bercé par la musique, auprès de sa grand-mère, avec qui il voyait passer des groupes de Houaria, ou auprès de son père qui écoutait de la musique américaine, du jazz, du blues. “On avait quelques cassettes, que j’écoutais, et bien sûr notre musique marocaine, le raï, l’oriental classique, un mélange de tout ça, mais ce qui m’attirait le plus c’était la musique black que passait mon père. Après, ça a viré vers le hip-hop, qui est devenu ma culture.

En pur marrakchi (de la médina s’il vous plaît), Khalil, de son vrai nom, a l’humour dans le sang et le sens de la dérision. Vanneur professionnel, son nom de scène était tout trouvé. DJ Van se forme non pas aux platines, mais aux lecteurs cassettes, lors de soirées entre amis. Sa passion pour la musique, pour les sons, doublée de sa curiosité et de sa soif d’apprendre, l’amènent alors vers les séquenceurs, les groove box, dont il apprend seul le fonctionnement. Après pas mal de temps et beaucoup de travail, il passe à la musique assistée par ordinateur et produit ses propres morceaux, qui très vite rencontrent leur public. “Par le bouche à oreille, j’ai fait beaucoup de soirées, des mix tapes, les gens ont aimé, en ont parlé. Sans promo, sans stratégie marketing, sans internet, ça marche comme ça au début. Puis les clubs m’ont contacté pour venir mixer chez eux. Ma carrière de DJ était lancée.” DJ Van s’est démarqué grâce à son concept musical, sampler le flolkore marocain, qu’ils ont appelé le traditionnel rap. C’était aussi le début du groupe FNAIRE, dont il est l’un des fondateurs. Malgré le succès, DJ Van avait “plus à donner en tant que producteur DJ, que membre d’un seul groupe. D’ailleurs, après notre séparation, j’ai eu plein de projets, comme le single de Oum et certains morceaux pour la bande originale du film Casanegra.” Plusieurs voyages l’ont amené notamment en France et en Hollande, pour des collaborations artistiques et des scènes de festivals. “Pour percer à l’étranger, il faut être signé dans une maison disque, car il y a beaucoup de compétition, alors j’essaye, j’ai envoyé quelques beat à des rappeurs et chanteurs. Je suis en contact avec des maisons de prod, quand ça sortira, inch Allah, ce sera un hit planétaire !

Ses conseils ...

J’ai formé plusieurs DJ, mais je leur donne que les bases, parce que c’est comme ça que j’ai appris. Mon conseil, c’est le travail. Il y a toujours une place pour celui qui bosse. Et de la volonté aussi, parce qu’il faut avoir de la patience multipliée par trois au Maroc. Tout le monde veut devenir DJ ou producteur, grâce aux nouvelles technologies, mais il y a de la place pour celui qui se démarque. Moi je regarde ce qui se passe ailleurs, comme aux États-Unis, pour être en avant, ramener un nouveau souffle à ce qui se passe ici.

Ses projets ...

Son propre album ! DJ Van va profiter de la période tranquille du Ramadan pour y travailler sérieusement. “Ça fait des années que je me dis qu’il faut que je me fasse un album, c’est du boulot, mais malheureusement on n’a pas d’industrie du disque.” Et à la question, quand sortira ton album ? Il répond “un jour, inch Allah … non j’espère pour 2013, je vais tout faire pour ça. Je veux le voir sortir aussi à l’international, le voir partout !

Mes questions indiscrètes ...

Prénom : Khalil
Age : 30 ans
Signe astro : Verseau
Vit à Marrakech

- Ta plus grande qualité ? La patience.

- Ton pire défaut ? Perfectionniste.

- Tu peux te décrire en 5 mots ? Un vrai Marrakchi, drôle, positif, avec les yeux grands ouverts sur le monde et ses cultures et introverti.

- Rouge ou vert ? Bleu !

- Babouches, mocassins ou tongues ? Baskets !

- Blondes, rousses ou brunes ? Brunes.

- Marrakchia ou d’ailleurs ? Peu importe.

- Tajine ou couscous ? Tajine.

Marrakech …

- Quel est ton passe-temps préféré à Marrakech ? Faire de la musique.

- Dans quel lieu public de la ville, tu aimes passer du temps ? Partout, sauf où il y a du monde.

- Quel resto à Marrakech tu nous conseilles ? Dar Moha.

- Qu’aimes-tu le plus à Marrakech ? Sa magie.

- Et ce que tu détestes ? Les mythos, leur complexe d’infériorité, ceux que j’appelle “les gens labyrinthes”.

Je vais mourir à Marrakech, c’est ma ville ! J’ai vécu toute ma vie ici, c’est d’ici que vient mon inspiration. J’adore Marrakech !

Et moi, j’adore DJ Van !

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Quelques morceaux à écouter sur Soundcloud

Texte Stéphanie Jacob

Photos DJ Van

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