Des maisons de la Médina réhabilitées
- Un projet-pilote financé par l'UE - Budget: 1,4 million de DH Coup de jeune dans la médina marrackchie. Trois maisons ont été sélectionnées dans les zones les plus dégradées du mellah pour être rénovées dans le cadre du projet Rehabimed. Ce dernier fait partie du programme régional Euromed Heritage, financé par l'Union européenne. 'De par sa dimension sociale, l'opération-pilote de Marrakech est le projet phare de Rehabimed', indique Faissal Cherradi, le responsable technique du projet. Plus de 160 personnes ont vu leur logement réhabilité, ajoute-t-il. A noter que les travaux de réhabilitation de ces trois maisons ont été lancés en 2004 et s'achèveront ce mois-ci. Les chantiers sont pratiquement finis dans deux d'entre elles et ont débuté dans la troisième, est-il indiqué.
Le budget est estimé à 1,4 million de DH. Dans les pays européens, la réhabilitation et l'entretien pèsent plus de 50% de l'activité du bâtiment. Dans les pays Meda, c'est moins de 10%.
Pour les architectes, le choix de ces logements a été fait en fonction de critères patrimoniaux et sociaux bien définis. Un diagnostic a été établi en fonction de l'historique, de l'analyse socioéconomique ou encore architecturale. L'autre critère est basé sur la situation foncière, en privilégiant l'appartenance au ministère des Habous. Et ce, dans le but de garantir la durabilité de la destination sociale des fonds investis.
La ville ocre abrite un patrimoine important de bâtiments traditionnels (riads, dars, douiria...). Toutefois, les observateurs du projet ont constaté qu'il est difficile de concilier pauvreté et réhabilitation. Et pour cause, « le vice commercial est prédominant dans l'habitat traditionnel à Marrakech », soulèvent-ils. Le vide juridique pour la protection des bâtiments, outre les difficultés d'application de certains règlements, ont fait de la médina une métropole régionale. Au point qu'elle n'arrive plus à surmonter les difficultés liées à l'entretien et la dégradation continue. Devant ce constat, Rehabimed a établi une liste des constructions ayant les caractéristiques d'habitat historique transmis (telles que les balcons traditionnels ou les cours intérieures) et qui sont habitées par des familles à faibles revenus. Il s'agit d'un travail effectué en collaboration avec le Centre méditerranéen de l'environnement à Marrakech, gestionnaire du projet.
Pour rappel, Rehabimed vise à préserver l'identité historique et culturelle de l'architecture méditerranéenne traditionnelle tout en améliorant le cadre de vie de la population. Il s'agit aussi de créer des synergies ainsi que des réseaux d'experts transnationaux dans les différents domaines de la réhabilitation et de l'entretien des bâtiments. Pour ce faire, un laboratoire pratique régional a été mis en place. Il a sélectionné plusieurs sous-régions. Pour l'Oriental de la Méditerranée, le projet intervient à Lefkara (Chypre) et au Caire (Egypte). Kairouan (Tunisie) et Marrakech ont été choisies pour la sous-région occidentale. Rehabimed dispose également d'un large réseau d'experts opérant dans 8 pays (Maroc, Algérie, Egypte, Israël, Jordanie, Liban, Palestine et Tunisie).
Rendez-vous à Barcelone en juillet
LE projet Rehabimed est né en tant que programme culturel, suite à la conférence de Barcelone en 1995. Il s'agit d'un projet dirigé par Xavier Casanovas Boixereu, professeur à l'Université Polytechnique de Catalogne. Les résultats de Rehabimed seront discutés lors de la 1re conférence régionale euro-méditerranéenne sous le thème « Architecture traditionnelle méditerranéenne. Présent et futur » qui se tiendra à Barcelone du 12 au 15 juillet 2007.