Des Hommes et des Dieux à Marrakech

Des hommes, des dieux, et un succès inattendu. En réalisant son film sur les moins de Tibhirine, Xavier Beauvois n'imaginait sans doute pas qu'il se retrouverait avec un Grand Prix du Jury à Cannes, au milieu de nombreux autres récompenses.

Pendant de nombreux mois, il a reconstitué le quotidien de huit moins chrétiens français, vivant avec leurs frères musulmans dans un monastère d'Algérie. Lorsque la police est venu leur proposer une protection, ils ont refusé. Cela se jouait entre eux, et Dieux. Prière, repas, jardinage, jusqu'à leur disparition, en 1996. C'est à partir de ce fait réel que le réalisateur du Petit Lieutenant a construit ses deux heures mélancoliques et magistrales, en fait tournées au Maroc. Ne trouvant pas ce qu'il cherchait en Algérie, Beauvois a en effet posé ses caméras dans le Monastère de Tioumliline, tout près d'Azrou, où il a trouvé une copie assez fidèle du monastère qu'il voulait filmer. Ici, comme dans son film, une vingtaine de moines se recueillaient vraiment dans les années 50 et 60, un petit havre de paix perché à plus de 1.500 mètres de hauteur, au milieu de la forêt. Ils y recueillaient des orphelins, organisées des manifestations culturelles avec des intellectuels, avant que le lieu ne tombe à l'abandon après sa fermeture, en 1968. Pendant les quelques mois du tournage, il a donc retrouvé vie, ses murs ont été réparés, et Lambert Wilson et ses acolytes y sont devenus d'éphémères prêtres, le temps d'un film à voir absolument.

Si vous l'avez raté, dernière occasion : Des Hommes et des Dieux est projeté mercredi 12 janvier à 19h à l'Institut Français de Marrakech... et avant de voir le film, regardez l'interview de Xavier Beauvois que nous avons réalisée pendant le Festival international du film de Marrakech.

Texte Mathias Chaillot

Photo DR