Débat sur la mise à niveau urbaine de Marrakech

Société
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Editor Made in Marrakech
13 juillet 2006

Mounir Chraïbi : «Marrakech connaît un essor sans précédent qui étonne les observateurs les plus avertis» Le Conseil régional de l'Ordre des architectes de Tensift a organisé, dernièrement, au Palais des congrès de Marrakech, le 1er Forum international de l'urbanisme et de l'architecture sous le thème «Le processus de mise à niveau urbaine face aux contraintes de la mondialisation». La séance d'ouverture de cette rencontre a été marquée par la projection du message de S.M. le Roi Mohammed VI adressé à l'occasion de la Journée nationale de l'architecte du l8 janvier 2006 qui avait eu lieu sous le thème : «L'architecte au service du développement socio-économique et culturel».

Cette réunion plénière a été également marquée par le discours que Mounir Chraïbi, wali de Marrakech-Tensift-Al Haouz dans lequel il a indiqué que les autorités ne peuvent bien entendu que se féliciter, lorsque les professionnels se saisissent de problématique stratégiques et se transforment en force de propositions, et ce la pour l'intérêt général. Comme vous le savez, a-t-il souligné, la ville de Marrakech connaît un essor sans précédent qui étonne les observateurs les plus averti. Jugez en à travers quelques chiffres que je rappelle à chaque occasion pour bien situer la dimension de cet essor :
- la consommation électrique a augmenté de ll, 3% en 2005 , la moyenne nationale est à 7% ;
- la consommation en eau a enregistré une augmentation de 6,5% , alors que la moyenne nationale n'est que de 2% ;
- la consommation de ciment 23%, la moyenne nationale est de 7%. Pourtant l'attractivité de la ville reste intact ; Malgré quelques inquiétudes ici et là sur le devenir de la ville et la préservation de son identité, les visiteurs s'accordent à dire que l'évolution reste maîtrisée et le développement de la ville reste globalement harmonieux. Cela est dû pour une grande partie au respect scrupuleux par les autorités locales élues et administratives du schéma directeur urbain défini dans les années quatre vingt et qui a déterminé les principes directeurs d'urbanisme : la couleur rouge de Marrakech, les hauteur des bâtiments pour préserver la vue de l'Atlas, la préservation de la Médina et de ses murailles, les larges avenue, la palmeraie et les espaces verts. S'adressant aux architectes en tant qu'intervenant dans la gestion urbaine, Mounir Chraïbi leur a donné quelques idées et réflexions qu'il a espéré qu'elles trouveront leur place dans le débat durant ce forum , dont notamment : 1 - Marrakech ville millénaire est l'accumulation d'une histoire .Chaque quartier et chaque édifice est né dans un contexte historique particulier, et par conséquent participe à cette histoire. La dynamique actuelle ne doit en aucun cas ignorer cet héritage qui attribue à Marrakech son cachet et son âme. 2 - Marrakech est une ville sensible à entretenir :
- un patrimoine bâti fragile coûteux à entretenir ;
- un habitat insalubre encore trop développé. La pression immobilière mettant à mal les efforts d'éradication des pouvoirs publics ;
- un site naturel menacé par l'extension urbaine ;
- un milieu agricole menacé également par le développement urbain et appauvri par les conditions climatiques de plus en plus difficiles. 3- Marrakech est une ville dont les moyens humains et financiers sont en deçà des contraintes et des exigences de service public qu'appelle l'évolution actuelle : la circulation dans la ville, l'assainissement liquide, l'assainissement solide, l'utilisation rationnelle de l'eau, redéploiement des équipements scolaires, développement des équipements sanitaires...Les communes disposent de moyens très limités pour faire face aux nouveaux besoins d'une population de plus en plus pluraliste et cosmopolite. 4- Enfin, Marrakech reste une ville ambitieuse qui croit en son avenir. Sa véritable richesse est le génie de sa population qui a pu en quelques années en faire une ville de renommée internationale, une ville ouverte sur le monde et sur l'avenir. Le wali Marrakech-Tensift-Al Haouz a, ensuite, mis en relief le programme de mise à niveau qui devait permettre à Marrakech de relever une partie des défis urbains qui se posent à elle, en rappelant les efforts que les autorités locales déploient et qui permettent la création de grands chantiers qui sont mis sur place pour la requalification de la ville et qui visent, d'après le Wali, à la fois à préserver le patrimoine urbain de la ville , mais également à intégrer la cité dans la modernité , en citant les actions suivantes :
- la réhabilitation de l'ancienne Médina avec un programme continu de préservation de la place Jemâa Al Fna , de réhabilitation de la muraille, de pavage de la ville, de ravalement des façades, de relogement des habitants des maisons menaçant ruine et bientôt de réfection de toute la toiture de la Médina ;
- la résorption de l'habitat insalubre et le traitement de la problématique des maisons menaçant ruine dans les trois prochaines années ;
- la sauvegarde et le développement de la palmeraie, avec la plantation de 400.000 palmiers sur les dix prochaines années ;
- la réhabilitation de plusieurs espaces verts historiques ainsi que la création d'autres, confirmant ainsi la réputation de Marrakech en tant que ville jardin . Préservation ne signifiant pas immobilisme Mounir Chraïbi a profité de cette occasion pour expliquer à l'assistance que la préservation ne signifie pas l'immobiliste, en évoquant que de grands chantiers de restructuration urbaine sont programmés et qui démarreront avant la fin de l'année et qui dénotent du dynamisme existant :
- l'aménagement de la place de la Koutoubia à l'occasion du transfert du consulat français ;
- l'aménagement des environs de la Ménara à l'occasion de projets touristiques ;
- Restructuration de Bab Doukkala à l'occasion du transfert du marché de gros, sur 9 hectares ;
- ouverture d'une nouvelle zone touristique sur l80 ha. à Ennakhil pour permettre à Marrakech de développer l'offre touristique nécessaire à son développement ;
- plan d'aménagement de la zone M'hamid Sud sur 400 ha ;
- le développement des centres satellites autour de Marrakech pour stabiliser l'urbanisation aux contours actuels et déplacer la pression urbanistique de l0 à 30 km de Marrakech, à l'image de la ville de Tamansourte ;
- la ville de Marrakech a, par ailleurs, lancé une réflexion pour le réaménagement de 300 à 600 ha sur le Camp El Ghoul autour des koudiats avec un cabinet international qui a fait un benchmark international du développement urbain de Marrakech. Les résultats de la réflexion seront bientôt connus et soumis à débat. Mais d'ores et déjà ,sachez que Marrakech pense au développement d'un nouveau pôle urbain basé sur le développement d'une nouvelle Médina aux attributs modernes, a-t-il précisé . Evoquant le renforcement des infrastructures de base de la ville, le wali Mohamed Chraïbi a annoncé les mesures suivantes.
- le lancement des travaux pour la réalisation de la station d'épuration des eaux usées de la ville de Marrakech ;
- lancement du programme de micro irrigation des espaces verts
- la réalisation du programme de rocades et du plan de création de six parkings pour soulager la circulation à Marrakech ;
- la réalisation du programme de protection de la ville de Marrakech contre les inondations. Tels sont les principaux chantiers structurants ouverts qui font partie de notre stratégie de mise à niveau urbain, a dit M. Mounir Chraïbi qui a ajouté : « cette stratégie se devait d'être à la hauteur de la réputation de Marrakech et des attentes de sa population sans omettre le devoir de mémoire d'un passé riche et prestigieux ».

Jamal Lokhnati : « Pas de qualification urbanistique rationnelle sans une implication effective de l'ensemble des acteurs et des partenaires »

Prenant la parole à cette occasion, Jamal Lokhnati,secrétaire général de l'Ordre national des architectes a souligné a souhaité l'engagement de tous et chercher tous les moyens adéquats pour appliquer les orientations contenues dans le message royal du l8 janvier 2006, avant d'indiquer qu'il ne peut y avoir de qualification urbanistique rationnelle au Maroc sans une implication effective de l'ensemble des acteurs et des partenaires ouvrant dans ce domaine et l'adoption d'une approche globale, équilibrée et intégrée, incarnant les dimensions qualitatives et quantitative et répondant aux exigences de qualité.

Le président du Conseil de la ville de Marrakech, le président du Conseil de l'Ordre régional des architectes et le président de l'Association des lotisseurs et promoteurs immobiliers ont fait des allocutions à cette occasion que nous ne manquerons pas d'y revenir. Quatre séances ont marqué ce 1er Forum de l'architecture et de l'urbanisme de Marrakech ayant comme thèmes :

- Quelle mise à niveau urbaine pour la ville de Marrakech ? Cette séance a été marquée par les interventions du Prof. Ali Sedjari, ayant comme thème : « les principes de bonne gouvernance et développement local » ; du Prof. Marc Gosse (Belgique) sous le thème : « La ville entre mondialisation et développement local, entre idéologie et forme urbaine, un choix critique » ;
- La gouvernance locale : Fondement du processus de mise à niveau urbaine : Cette deuxième séance présidée par Kamal Belkyal a enregistré la participation de Omar El Jazouli, président du Conseil de la ville, sous le thème « Gestion urbaine et gouvernance : quelle relation ? ; de BrahimBarrou, urbaniste , sous le thème « La gouvernance urbaine : nouvelle alternative de gestion des villes ou utopie ? » ; de Hassan Bahi, directeur du CRI Meknès , ayant comme titre : « Quelle politque urbaine et de proximité pour la promotion des investissements ? »
- Conciliation entre le processus de requalification urbaine et gestion efficiente des ressources naturelles : Cette 3e séance présidée par Rachid Bensalek a été marquée par les interventions de Khadija El Ouijdani, architecte, qui a fait une présentation de la réflexion sur l'évolution urbaine de la ville de Marrakech préparée par le C.R. de l'ordre des architectes du Tensift ; Adib Alaoui, directeur de l'urbanisme au ministère , sous le thème : « Le projet de code de l'urbanisme face à la problématique de la mise à niveau urbaine » ; de Ahmed Chtioui, directeur du Bassin de l'hydraulique sous le thème : « Quelles stratégie pour la gestion de l'eau dans la région de Marrakech » ; du Pr. Abdelmajid Kohen, sous le thème : « Déséquilibre de l'environnement et investissement » ; de Abdelouahed Fikrat, directeur de l'Agence urbaine de Marrakech ayant comme thème : « La politique de dérogation : faiblesses et atouts d'une procédure d'incitation à l'investissement » ;
- Quelle architecture pour la ville de Marrakech ? La 4e séance présidée par Saïd Zniber a vu la participation de Ahmed Assermouh, architecte urbaniste sous le thème « Quel développement durable pour la ville de Marrakech » ; de Aimé Kakon, architecte sous le thème « la couleur dans la ville » ; du Pr. Odile Déco sous le thème : « L'architecture expérimentale » ; de Abdellatif Hajjami, sous le thème : « La conservation du patrimoine architectural face aux contraintes de la mondialisation et de la mise à niveau urbain » ; et de M. Marc Gosse (Belgique) sous le thème : « L'intégration des projets de construction dans le paysage urbain ».

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13 juillet 2006