Débat national sur l'eau à Marrakech

Société
Dev Web
Editor Made in Marrakech
8 février 2007

- Le goutte-à-goutte privilégié par rapport à l'irrigation traditionnelle. - Construction de barrages et de stations de traitement au programme. ETAPE importante pour la caravane du débat national de l'eau à Marrakech. Menée par Mohamed El Yazghi, ministre de l'Aménagement du territoire, de l'Eau et de l'Environnement, celle-ci s'est en effet arrêtée, les 1 et 2 février, dans la capitale du tourisme, ville qui doit relever un important défi lié aux ressources hydriques. La rencontre, intitulée ''L'avenir de l'eau, l'affaire de tous'', a mobilisé beaucoup de monde. Et notamment les opérateurs économiques et les élus qui ont, pour l'occasion, préparé une véritable feuille de route.

Il faut dire que le sujet est de la plus haute importance. D'autant plus que la région de Marrakech-Tensift connaît un déficit hydrique prononcé. C'est d'ailleurs dans cette optique que la question est sur le tapis, au niveau régional, depuis plusieurs mois (cf.leconomiste.com). Pour les intervenants de la région, l'an 2020 n'est pas une date butoir. C'est juste un deadline pour accomplir un programme établi, dont les grands axes portent sur la politique d'économie de l'eau, le renforcement des barrages et la réutilisation des eaux non conventionnelles (eaux usées). Le remplissage par voie artificielle est aussi au programme. Sous les effets conjugués de la sécheresse et de pompage intensif, les nappes phréatiques sont déjà surexploitées puisque les prélèvements actuels estimés à près de 600 mm3/an dépassent largement le potentiel renouvelable estimé, lui, à 470 mm3/an.

Par ailleurs, les possibilités de mobilisation des eaux de surface sont limitées à cause de l'impact important des retenues de barrages sur l'activité socioéconomique des vallées de l'Atlas. Sur ce volet, il reste la dernière possibilité : le barrage de Wirgane, en construction. Résultat : les ressources de la région du Tensift qui couvrent à peu près une superficie de près de 25.000 m2, et dont la principale source est le fleuve Tensift et ses affluents, mobilisent 400 millions de mm3, d'après les derniers chiffres. 10% vont à l'eau potable pour une population qui avoisine les 3 millions d'habitants. Le reste est destiné à l'irrigation. L'agriculture dans le Tensift et notamment dans le Haouz est plutôt tributaire de l'arrosage. Or, la plupart des PMH (petites et moyennes hydrauliques) en sont encore au stade traditionnel et consomment, par conséquent, beaucoup d'eau. « Soit 90% des ressources », précise Mounir Chraïbi, wali de la ville de Marrakech. « Devant une situation où le potentiel est bien limité, la compression de cette demande ne peut se faire qu'à travers des techniques économiques, comme l'utilisation du goutte-à-goutte », ajoute Mohamed Chtioui, directeur de l'Agence du bassin hydraulique de Marrakech-Tensift » devant une assemblée constituée en grande majorité de fellahs (agriculteurs).

Ce n'est pas pour rien d'ailleurs que la refonte de la politique de l'eau et les programmes gouvernementaux mettent la micro-irrigation au coeur de la stratégie. Actuellement, la région de Marrakech a pu négocier un financement de 60% des installations en goutte-à-goutte pour le fellah qui choisit ce mode (financement initialement limité à 40%). Pour les responsables de la région, l'Etat doit porter ce financement à 100 % et serait gagnant à tous les niveaux. « Il est aussi nécessaire de faire muter le produit agricole, quitte à financer cette transformation par des projets inscrits dans le cadre de l'INDH », explique Chraïbi.

Dans son plan quinquennal 2007-2011, l'Onep (Office national de l'eau potable) a prévu de porter le taux de branchement de 60 à 80% avec une enveloppe budgétaire de 121 millions de DH. Deuxième axe, la sensibilisation des fellahs pour le changement du mode d'irrigation. Pour rappel, la surface des terrains irrigués est de 144.000 ha. Près de 13.000 ha utilisent le goutte-à-goutte. Pour les acteurs de l'eau à Marrakech, il faudra porter ce chiffre à 30.000 ha. De même, il s'agit d'orienter les agriculteurs vers de nouvelles cultures moins consommatrices d'eau.

Dans la région de Marrakech, les besoins sont exacerbés par l'arrivée de grands investissements touristiques qui mettent au coeur de leur programme des golfs de 18 trous. Aussi, la stratégie mise en place vise à accompagner harmonieusement le développement touristique dans la région. Dernier axe de la feuille de route de Marrakech-Tensift, créer des stations de traitement des eaux usées.

La station Marrakech, construite par Degremont, dont le budget est de 1 milliard de DH devrait être opérationnelle en 2008 et offrira dans un 1er temps 35 millions de mm3. La Radeema et la région prennent en charge les deux tiers du financement et demandent à l'Etat de financer le reste. Par ailleurs, les investisseurs à Marrakech, notamment pour les terrains de golf, vont mettre la main à la poche : ils devront payer 30 millions de DH/million de mm3, outre l'obligation de construire leur propre station de traitement des eaux usées. A noter que la région milite aussi pour le même projet dans la ville d'Essaouira.

Limiter les dégâts

LA création de stations de traitement des eaux usées a pour objectif de limiter les dégâts. La première unité sera prête en 2008. En attendant, des actions sont programmées pour une meilleure économie d'eau dans la ville. Ainsi, la réhabilitation du réseau de la Radeema (Régie autonomie de distribution d'eau, d'électricité et d'assainissement) est au programme pour lutter contre les fuites qui causent une déperdition hydrique de 40%.

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8 février 2007