Conférence à Marrakech: politique de la concurrence et régulation économique, vecteurs d'émergence

S'exprimant à l'ouverture de ce colloque de trois jours, Mme Camelia Suica, Chef adjoint à la délégation de l'Union Européenne au Maroc, a fait savoir que le Maroc a compris l'importance des enjeux liés à la politique de la concurrence et à ouvert un nouveau chantier de réforme, notamment à travers la mise en place d'un cadre législatif et la création d'organismes chargés de la mise en Ïuvre de cette politique, dont le Conseil de la Concurrence.

"Il va sans dire que l'économie du Royaume, tout comme les autres économies émergentes, présente des spécificités propres, y compris en matière de régulation de la concurrence et d'application des règles concurrentielles", a estimé Mme Suica.

Et de poursuivre que dans le cadre de son partenariat avec le Maroc, l'UE continue son appui pour l'avancée de la réforme. "La concurrence constitue un élément central de notre programme d'Appui aux investissements et aux exportations", a-t-elle dit.

Mme Suica a tenu à rappeler également que la politique de la concurrence consiste essentiellement à faire appliquer des règles afin de veiller à ce que les entreprises se fassent une concurrence loyale et saine pour vendre leurs produits et innover et offrir des prix attractifs aux consommateurs.

L'existence et l'application effectives de ces règles protègent non seulement le citoyen consommateur, a-t-elle poursuivi, relevant que les opérateurs économiques y sont directement intéressés, dans la mesure où elles sont une composante fondamentale du climat de l'investissement.

"En effet, l'activité de prévention et de répression des distorsions de la concurrence est désormais reconnue comme un facteur crucial dans la création d'un environnement propice à l'attraction des investissements domestiques et étrangers et par là, à la croissance économique et à la création d'emploi", a dit Mme Suica.

M. Wolf-Dieter Plessing, directeur général adjoint du ministère fédéral allemand de l'Economie et de la Technologie a, quant à lui, mis l'accent sur le modèle allemand de la protection de la concurrence qui est devenu actuellement un succès à l'échelle mondiale, rappelant que ce modèle a eu une aussi forte influence sur le développement de la politique européenne de la concurrence.

M. Plessing s'est félicité également de la tenue de ce colloque en cette période "bien choisie" et à deux ans seulement de l'entrée en vigueur de l'accord de libre échange entre le Maroc et l'Union Européenne, prévu pour 2012, mettant en avant la qualité des relations commerciales entre les deux parties pour en faire une réussite pour le bien des habitants des deux rives de la Méditerranée.

M. Plessing n'a pas manqué de rappeler que le ministère Fédéral Allemand de l'Economie et de la Technologie s'est engagé depuis octobre 2007 dans un projet de jumelage institutionnel visant à appuyer les autorités de la concurrence au Maroc.

M. Mohamed Tamer, vice-président de la Confédération Générale des Entreprises du Maroc (CGEM) a, pour sa part, estimé que la politique de la concurrence se veut actuellement une nécessité pour le Royaume en vue de consolider davantage la modernisation de son économie et pour qu'il puisse préparer avec sérénité son intégration régionale et internationale.

M. Tamer a fait part de la satisfaction de la CGEM de la demande du Conseil de la Concurrence au sujet de la refonte de la loi N° 06-99 sur la liberté des prix et de la concurrence, notant que cette refonte doit s'aligner sur les grands principes de transparence, de non discrimination, de loyauté édictés par l'OMC et des dispositions de l'ensemble des résolutions sur les règles équitables convenues au niveau multilatéral pour le contrôle des pratiques commerciales restrictives adoptées par la CNUCED.

Placé sous le Haut Patronage de SM le Roi Mohammed VI, ce colloque international dont les travaux se poursuivront jusqu'au 5 décembre à Marrakech, est initié par le Conseil de la Concurrence en partenariat avec le ministère des Affaires Economiques et Générales.

"Concurrence et régulation économique", "politique de la concurrence et spécificités des économies émergentes", "concurrence, régulation économique et rapports Nord-Sud", "politique de la concurrence : enjeux institutionnels" et "concurrence et politique industrielle : perspective d'avenir" sont les principaux axes à débattre lors de ce colloque.