Campagne pour charmer les investisseurs US

Société
Dev Web
Editor Made in Marrakech
27 septembre 2005

· Les pays de l'Afrique du Nord se défendent pas mal<BR> · Les entreprises américaines connaissent à peine la région<BR> · Mais, elles sont «enthousiastes»

Fruit of The Loom, un géant américain dans le textile a délocalisé son usine de Chine au profit du Maroc avec un investissement de plus de 100 millions de dollars. Aujourd'hui, un autre géant américain dans l'emballage, International Paper, vient d'annoncer son intention de participer au capital de la société CMCP et contrôlera à terme 66% du capital (cf. L'Economiste du 21septembre : www.leconomiste.com). « D'autres investissements sont certainement en route. Les sociétés américaines commencent à peine à connaître le Maroc et nous prévoyons de bonnes perspectives », promet Thomas Riley, l'ambassadeur des USA au Maroc. « Le contexte marocain le permet d'ailleurs », dit-il en substance. « Les réformes institutionnelles incitatives et celles privilégiant la cohésion sociale comme l'INDH sont autant d'initiatives entreprises pour encourager l'investissement étranger », indique de son côté Driss Jettou. « Le Maroc a consenti 9 milliards de dollars d'investissement public au titre de programmes visant, notamment, la modernisation des infrastructures économiques du Maroc et la construction d'une inter-connectivité aux standards internationaux ». Il s'agit, entre autres, de la réalisation des réseaux routiers de transport, de télécommunications et de réductions énergétiques. Jettou et Riley ont participé, tous les deux, aux travaux de la rencontre de l'Opic organisée à Marrakech du 21 au 22 septembre, et qui ont concerné les opportunités d'investissements dans l'Afrique du nord. C'est une rencontre qui a réuni une centaine d'investisseurs américains aux côtés des décideurs et responsables ministériels des 6 pays de l'Afrique du Nord. Ces derniers ont été sélectionnés par l'Opic (une agence de développement) pour présenter aux investisseurs américains les opportunités existantes dans ces pays. Pour Ross Connelly, vice-président de l'Opic, « avec à peine 2% des investissements mondiaux qui atterrissent sur le marché de l'Afrique du Nord, celui-ci demeure un gisement inexploité. Les entreprises américaines n'en font pas assez, certainement par méconnaissance ». D'où une conférence pareille. Ce n'est pas tombé dans l'oreille d'un sourd. Les 6 pays concernés ont bien préparé leurs présentations. Et bien qu'aucun représentant ne le reconnaisse, ce fut une sorte de compétition à laquelle se sont exercés des ministres et des représentants de départements. Le Maroc, a, à deux reprises (une fois par le Premier ministre et une autre par Rachid Talbi Alami, ministre délégué auprès du Premier ministre), rappelé le cadre incitatif mis en place, les projets entamés par le Royaume du côté des infrastructures routières et les autoroutes de l'information. Sans entrer dans les détails, Alami souligne toutefois que le marché marocain est libre et compétitif, mais régulé. L'Algérie a, de son côté, fait miroiter quelque 55 milliards de dollars d'aide gouvernementale qui sera octroyée aux investisseurs pour les années à venir. C'est le budget que consacre ce pays au soutien de la croissance. Hamoud Benhamdine, directeur des investissements au ministère algérien de la Promotion et Investissement, s'est étalé largement sur la croissance de l'Algérie, ses réserves et également l'ouverture de son marché depuis peu. Idem pour le représentant tunisien qui s'est attardé sur l'ingénierie développée par ce pays et aussi les ressources d'hydrocarbures. « Dans tous les cas, les opportunités sont larges et c'est ce que nous voulons transmettre aux investisseurs américains », indique Lawrence Spinelli, directeur des affaires publiques de l'Opic. L'Agence s'attend aussi à ce que la conférence de Marrakech devienne un « catalyseur » pour développer la région. « L'objectif n'est pas de promouvoir l'investissement aux Etats-Unis, mais plutôt de promouvoir la région auprès des investisseurs américains ».

L'appui de l'OPIC

Orverseas private investment corporation (OPIC) a organisé sa conférence sur l'accroissement des horizons en Afrique du Nord avec quelque 200 participants. Objectif : mettre en exergue les opportunités d'investissement dans 6 pays comme le Maroc, l'Algérie, la Tunisie, l'Egypte, la Mauritanie et la Libye. Beaucoup relient ce choix à ceux plus politiques entamés depuis quelques temps par le gouvernement américain. L'Opic est une organisation américaine qui existe depuis 1971. C'est une corporation des investisseurs américains, engagée dans l'aide des entreprises des USA pour investir à l'étranger et particulièrement dans les pays émergents. Elle intervient notamment à travers des aides (prêts à long terme) et des assurances-risques politiques aux sociétés américaines. L'organisme compte à son actif le soutien de projets dans 150 marchés pour 14 milliards de dollars (50 millions de dollars au Maroc).

Le classement

Côté investissement étranger, le Maroc est bien classé. En 2004, il a accueilli une cinquantaine de nouveaux projets d'investissements avec près de 20 millions de dollars chacun, soit 1 milliard de dollars. D'après la CNUCED, le Maroc est en tête des pays arabes récepteurs de l'investissement direct étranger avec un volume de 6 milliards de dollars (sur la période de 1997- 2003). Le Royaume se classe aussi bien en Afrique avec une part de 18%, des 15 milliards de dollars investis dans le continent. Mais ce n'est pas pour autant qu'il doive dormir sur ses lauriers. D'autres pays en Afrique sont en train de grignoter sur son terrain avec des atouts identiques et en plus des ressources !

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27 septembre 2005