Ça me barbe !

J'ai testé pour vous
Julien Antinoff
Editor Made in Marrakech
13 janvier 2012

La barbe, il faut que je me rase ! Allez chez le barbier, c’est un luxe que les Européens ne connaissent pratiquement plus mais dont les Marocains font un usage quasi quotidien. Et franchement, ça vaut vraiment le détour !

A part celui de Séville, les étrangers ne savent pas du tout ce que barbier veut dire. Les Marocains, en revanche, perpétuent cette tradition, de génération en génération. Et le métier n’est pas près de se perdre. Vous mesdames, vous ne connaissez pas ce calvaire quotidien de devoir se raser ! Nous, qu’on appelle sans rire sexe fort, sommes obligés de passer chaque matin par l’épreuve du rasage pour avoir l’air convenable. Mal réveillés, il faut y aller ! La mousse, le jetable à deux lames et hop, c’est la coupure immédiate, la douleur de l’après rasage et l’irritation sur le col taché de sang toute la journée. Revenons à nos moutons, ou plutôt à notre barbier. D’abord il faut le choisir parce qu’il s’agit là d’une opération assez intime et qu’il vaut mieux être en bonne sympathie avec son Figaro. Je vais chez Abdelhakim Lotfi, Riad Zitoun. Coiffeur de son état, il m’explique qu’il a appris à raser en regardant son papa faire depuis son plus jeune âge. Me voilà confortablement installé, serviette autour du cou. Le cérémonial peut commencer. Abdelhakim débute l’opération par un massage avec un gel qui va assouplir ma peau. Agréable. Vient ensuite la séance « mousse ». Ne pas croire qu’il étale ça comme du beurre sur une tartine. Pas du tout. Il prend son temps, enduit ma tronche avec un blaireau, passe et repasse le temps que la mousse devienne onctueuse. Ensuite, il rase. Le coupe chou est muni d’une lame neuve sortie sous mes yeux, hygiène totale. Minutieusement le rasage s’effectue, joues, mentons, sous le nez. Comme il est perfectionniste, mon barbier va même recommencer deux fois l’opération. Vient ensuite un deuxième massage avec une crème apaisante, avant la fin de la séance qui s’achève par la projection d’un léger voile d’après rasage qui picote un peu. Je n’ai jamais été aussi bien rasé de ma vie. D’ailleurs, j’ai rencontré une copine en sortant de là qui m’a dit : « Tu as fait de la chirurgie esthétique ou quoi ? ».

De père en fils Au Maroc, de nombreux coiffeurs sont également barbiers, généralement de père en fils. A Marrakech, on ne dénombre pas moins de 600 barbiers, dont environ 70 sont installés dans la médina. Il n’existe ni école spécialisée ni diplôme pour devenir barbier, un métier complémentaire de celui de coiffeur qui est lui sanctionné par un diplôme. Les tarifs sont variables et négociables avec votre barbier.

Prévoir en moyenne 40 dhs.

Texte Mehdi El Sours

Photo Simon Saliot

Julien Antinoff
Editor Made in Marrakech
13 janvier 2012