Awaln'Art : l'art d'être spectateur

Culture
Dev Web
Editor Made in Marrakech
11 juin 2011

Durant ce troisième jour du festival Awaln’art, j’ai porté mon regard au delà de la scène. Sur le sourire d’une fillette, les éclats de rire de ses aînés, l’incompréhension d’un patriarche ou encore l'intérêt d'autres artistes... Sur la façon dont chacun voit les choses.

Serait-ce toujours un festival s'il n'y avait personne à qui le montrer ? Que ce soit quelques coups de pinceau ou un numéro comique, l'attention du spectateur fait la force de l'interprète.

Les rires

Je poursuis mon festival Awaln'art à travers les rues de ma ville, traquant toutes sortes de distraction. J'ai fini par le rattraper au Palais des Congrès, lors du numéro de Boni, un clown Catalan passé maître dans l'art du rire. Assis à même le sol, un auditoire enjoué et volontaire se laisse submerger par une vague d'insouciance. A ma droite, les enfants semblent sous le charme, s'esclaffant à chaque boutade, oubliant père et mère au profit d'un comique en équilibre sur un mono-cycle. Et quand les spectateurs entament ensemble le refrain, ou lorsque Boni fait participer son assistance, c'est du bonheur collectif à profusion. Mais bon public n'est pas qui veut. Rire n'est pas un choix mais une conséquence. Applaudir en revanche, c'est une marque de reconnaissance. Comme ce jeune adulte ou plutôt ce très vieil enfant, qui de sa voix caverneuse ne ratait pas une occasion de partager son exubérante euphorie.

La confusion

A quelques encablures du Palais, à Bab Doukkala, la compagnie franco-coréenne Ex Nihilo a semé la confusion parmi la foule, à travers une prestation de danse contemporaine, au rythme soutenu et à l'image pour ma part, incertaine. Certe une élégance torturée s'en dégage et un sentiment de malaise mélancolique émane de ce spectacle intitulé “Regarde moi”. Mais à voir les têtes de ceux qui m'entourent, je ne suis surement pas le seul pour qui cela restera confus. Un vieil homme à l'allure rustique, semble chercher de sa main des réponses dans sa barbe, mais n'en rate néanmoins pas une minute. De la perplexité, voilà ce qu'il laisse paraître. D'un autre côté, si l'on considère que le rassemblement de ces quelques centaines de personnes, ne résulte que d'un trop plein de curiosité, ils y ont trouvé leur compte. Il n'y a dans cette création aucune prouesse acrobatique, et pourtant une telle complexité. N'étant pas chose courante à Marrakech, peut-être que ceci leur apportera une vision plus contemporaine de l'art et de ce que peut être la danse...

L'attrait

La nuit venue, je me suis laissé porter par le son résonnant des tambours de la place. Un film réalisé par Made in Marrakech ainsi que nos reportages quotidiens des derniers jours ont été projetés. Dans la foulée, Chouf Ouchouf, les acrobates contemporains tangérois reprenaient le même numéro qu'à l'Institut français. L'ayant déjà vu, et n'arrivant qu'à les apercevoir perché sur une barrière, j'ai préféré me consacrer aux amateurs. Amateurs enfin presque, car j'y ai croisé toute la troupe du cirque Shemsy venue en observateurs. A vu d'oeil, il devait bien être un millier à se bousculer autour des balustrades. Mais c'est sans compter tous les autres qui zyeutaient depuis les 11 coins de la place. Touristes ou locaux, tous semblaient accaparés par la scène. Amplifiée par la magie de Jemaa el Fna, l'illusion était faite et à la portée du plus grand nombre.

 

Texte C. Alary Photo Made in Marrakech Montage Vidéo Yassine Mait Publié le 11/06/11

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11 juin 2011