Alan Keohane, ou le style de l'image

Interviews
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Editor Made in Marrakech
5 août 2010

Alan Keohane, un photographe venu tout droit d'Irlande pour faire partager avec les Marrakchis et les Marocains son incroyable passion pour la photographie et les portraits insolites. Il a confié à M!M sa fabuleuse histoire d'amour et de respect avec son pays adoptif depuis presque 20 ans. Une interview à découvrir sans attendre !

- Prénom, âge, profession ?

Alan, 49 ans, photographe

- Racontez-nous votre parcours ?

J'ai découvert le Maroc en 1986, peu après la fin de mes études aux beaux arts du Pays de Galles et à Londres J'ai commencé de visiter le Maroc en 1986 quand je suis devenu guide randonnée pour l'agence Britannique, Exodus. Je suis venu au Maroc parce que j'étais intéresser par les vies des gens traditionnels dans les pays Musulmans. J'ai déjà voyagé dans le Proche Orient et passé un peu de temps avec les Bédouins de Jordanie. J'ai publié mon premier livre "Berbers of Morocco" en 1991. Je me suis installé à Marrakech en 1993 avec ma femme, Joanna Bristow, et j'ai publié mon deuxième livre, "Bedouins, Nomades of the Desert" en 1994. J'ai aussi monté la société Still Images en 2001.

- Quelle évolution connait la photographie au Maroc ?

La photographie au Maroc a connu une très grande évolution depuis les 1980's.

Au début, il y avait très peu de photographes professionnels au Maroc. Le marché de la photographie était très limité et très peu rémunérer. La société n'a pas mis une valeur importante sur la qualité des images pour son marketing et au niveau artistique, le point de vue photographique au Maroc était plutôt une vision étrangère.

Quand je me suis installé, j'ai peu travaillé pour mon pays. J'étais plutôt envoyé à l'étranger pour les éditeurs et les magazines étrangers. De temps en temps, on m'a demandé de faire des reportages au Maroc pour des publications étrangères.

L'évolution de la presse Marocaine et de l'économie en général, le développement du tourisme, comme le phénomène des Maisons d'hôtes, étaient les premiers faits qui ont créés une demande au niveau de la photographie professionnelle. J'ai passé une période, entre la fin des années 1990's et le début des années 2000, à faire des photos mode pour "Femmes du Maroc" et des reportages pour "Maison du Maroc". J'étais correspondant pour la presse étrangère accrédité au Maroc de 1995 à 2005.

Aujourd'hui avec l'émergence d'internet, la photographie est devenue une activité économique et sociale très importante. Il est inconcevable de faire une campagne marketing sans bons visuels et les sites comme Facebook. La révolution numérique, comme les appareils photos sur les téléphones portables, a popularisé la photographie comme jamais. Aujourd'hui, il y a nombreux jeunes marocains veulent devenir photographe professionnel. Le marché les encourage. J'ai passé toute ma vie à faire des photos et je suis toujours aussi motivé pour faire les meilleurs photos. Je suis ravi qu'il y est une nouvelle génération intéressée par ce métier, pas juste comme un moyen de gagner sa vie mais aussi, pour développer ses propres visions du son pays.

- Pour quelle raison êtes vous intéressé par la culture Amazigh ?

Je suis d'origine d'Irlandaise et Galloise. Le Pays de Galles est un pays ayant sa propre langue ainsi que ses propres traditions. Je crois que nous devons célébrés les différentes identités culturelles, diverses et variées, qui composent notre monde. Le Maroc est un beau pays. Il est unique pas seulement pour son paysage et son patrimoine naturel mais aussi pour sa riche culturelle et historique. Le fondation de cette identité unique du Maroc est la culture Amazigh. Son histoire et son interaction avec les autres cultures notamment, avec la culture Arabe, mais aussi des autres peuples comme les Juifs, etc... C'est ce mélange unique qui donne son caractère si extraordinaire au Maroc.

- Parlez nous de votre nouveau produit ?

Le nouveau produit est la première d'une série de cartes photographiques, en noir et blanc, sur un thème assemblé dans une carton cadeau avec des enveloppes. Elles sont assez grandes pour être encadrer, collectionner ou tout simplement envoyer comme des cartes postales. Le coffret sera vendu à 165 Dhs.

- Comment vous est venue l'idée de le créer ?

Quand je me suis installé à Marrakech en 1993, j'ai lancé une petite série de cartes postales. Elles ont été imprimer en Angleterre. Je n'ai jamais ré-édité ici, car pour moi, la qualité d'impression au Maroc n'était pas assez satisfaisante.

Aujourd'hui, Je gagne ma vie comme photographe commercial et je suis plutôt connu pour des photographies de produits, de mode et d'hôtels. Mais j'ai toujours des photos personnelles en noire et blanc. Je suis aussi toujours intéressé par les moyens populaires pour exposer mes photos et populariser cet art photographique, en général.

Entre 2001 et 2006 j'ai produit une série de tirages numériques sur le Maroc en sépia. Je les ai lancé avec une exposition à IFM et par la suite, je les ai vendu à différents magasins de décoration intérieure. J'ai terminé cette série quand j'ai compris que je pouvais encore faire mieux. J'ai passé les derniers années à perfectionner mon système de tirages noir et blanc avec des résultats très encourageants. Maintenant, je peux produire des photos en tirages limités.

Mais ces tirages sont très chers à produire et il me manque une façon plus populaire d'exposer mes photos.

C'est une combinaison de rencontres en 2009 et 2010 qui m'a convaincue d'essayer d'ouvrir une imprimerie à Marrakech. Marie Rodier m'a persuadé de repenser les cartes postales et c'est mon éditrice anglaise, Kyle Cathie, qui m'a convaincu de penser de me lancer dans l'auto-édition. Ilham de chez Youssef Impressions m'a persuadé par son enthousiasme et Hicham, le chef technique, qui a fait un travail formidable sur les tirages.

- Comment pouvons-nous se procurer ce petit objet ?

En ce moment, vous pouvez les acheter directement au studio Still Images. Nous allons bientôt les commercialisées dans les boutiques des grands hôtels de la ville comme La Mamounia ou les hôtels du bled comme Kasbah Bab Ourika et le Kasbah du Toubkal.

- Comment décidez vous de la thématique d'une collection ?

L'idée est de produire une série de cartes photos cartonnés qui peuvent être collectionnées sur les thèmes différentes. C'est un ensemble de photographies très représentatives de ma vision du Maroc. Les thèmes suivant vont mettre en valeur mes intérêts personnels : Le Grand Sud, Le Sahara, les nomades, les Ait Atta, le Haut Atlas etc. Chaque collection sera comme un chapitre de ma vie, de ma vision et de l'avancée de mon introspection.

- Quels sont vos projets actuellement ?

Je vais continuer à faire des photos commerciales car je dois vivre et j'ai des responsabilités envers mes employés. Mais je veux prendre plus de temps pour mes photos personnelles et encourager les jeunes photographes à développer leurs talents. Je n'ai pas les moyens d'ouvrir une école photo mais je serais ravi d'avoir l'opportunité d'enseigner la photographie de temps en temps.

Je crois que aujourd'hui la bataille de faire une place respecté au Maroc pour les photographes commerciaux est plus ou moins gagné. Mais il reste beaucoup a faire pour populariser la photographie artistique. C'est vrais qu'il est maintenant beaucoup plus des expositions photographiques que avant mais il reste une activité minoritaire. Les tirages photos sont toujours chers d'acheter et il n'y a pas beaucoup des opportunités pour les jeunes d'exposer au vendre ses tirages. Je rêve de participer par exemple dans un salon ouvert de photographie comme se trouve en Europe ou plusieurs photographes peut exposer et vendre ses tirages dehors des galeries exclusive.

Les tirages photos populaires sont souvent les reproductions des anciens cartes postales ou les photos des étrangers comme moi. J'admire les initiatives comme cela du Association Wachma à Safi qui organise les journées photographiques dans les écoles au Maroc et je serais content de m'impliquer plus dans ses formes des activités.

- Quelles sont vos expériences à Marrakech ?

J'ai un immense sentiment de gratitude envers le Maroc. Ma femme et moi sommes des étrangers mais le Maroc nous a soutenu pour notre installation, cela fera bientôt 20 ans que nous sommes arrivés. Parfois j'ai l'impression que dans le domaine de la photographie, j'ai grandi ici. C'est grâce au Maroc que j'ai eu mon premier reportage dans le magazine, Marie Claire. Quand j'ai publié mon livre "Berbers", le Maroc était très peu connu dans les pays Anglophones. Le Ministère du Tourisme a distribué mon livre aux journalistes anglophones en visite dans le pays. j'ai fait une exposition à Londres pour le Ministère de La Culture Marocain en 1994.

Aujourd'hui nous habitons dans une village à l'extérieur de Marrakech ou nous avons le plaisir de sentir, même si c'est sur un façon limité, que nous faisons parti d'une communité. Il est simplement chez nous plus que l'Angleterre.

- Qu'aimez-vous le plus à Marrakech ?

L'hospitalité et générosité des gens.

- Qu'aimez-vous le moins à Marrakech ?

La conduite. J'ai l'impression qu'à n'importe quel moment il va se passer quelque chose. Alors toute sa bonne éducation comme sa politesse et son hospitalité sont oubliées.

- Comment passez vous votre temps libre ?

Lire, cuisinier, marcher et voyager.

- Avez-vous une anecdote à nous raconter sur la ville ?

Quand nous nous sommes installés à Marrakech, nous avons vécus dans une ferme à Targa. Un soir, vers minuit, nous conduisions sur l'Avenue Mohamed V, après une soirée au restaurant. Nous avons été obliger de s'arrêter à un carrefour pour laisser passer un chamelier et son troupeau. A l'époque Marrakech était une petite ville provinciale, plus grande sûrement qu'avant, quand les caravanes de chameaux entraient directement dans la Medina, mais beaucoup plus petite que la cité d'aujourd'hui. Mais après tout, je crois que Marrakech n'a pas oublié ses racines comme les marchés caravaniers, ce sont les produits et les moyens de transports qui ont évolués. Elle reste toujours Le Carrefour de l'Afrique du Nord.

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5 août 2010