Akkal, l'histoire d'une réussite

Interviews
Dev Web
Editor Made in Marrakech
6 avril 2010

Charlotte Barkowski, céramiste et créatrice de l'enseigne Akkal, véritable référence de la poterie vernissée de luxe, s'est confiée à M!M et lui a dévoilé les secrets de sa réussite.

- Prénom, âge, profession ?

Charlotte, 36 ans, fondatrice et directrice artistique de Akkal

- Racontez-nous votre parcours ?

J'ai passé la majeure partie de mon enfance et adolescence au Canada (Vancouver) où j'ai acquis le goût de la liberté, de la nature et des grands espaces. De retour en Europe à l'âge de 15 ans, j'ai fait des études artistiques à Tournai, avant d'entreprendre une carrière d'assistante mise en scène dans le cinéma à Paris. J'y suis restée 4 ans, le temps de rencontrer mon mari. En 1998, nous avons décidé de prendre du temps pour nous et de voyager à travers l'Afrique de l'ouest en voiture. Ce périple a duré 6 mois et devait se terminer à Marrakech. Le fameux « dernier soir », nous nous sommes retrouvés sur la terrasse du Café de France sur la Place Jamaa El Fna. Les valises étaient faites, le billet de bateau réservé et surtout nos caisses étaient videsÉ Mais ce soir là, nous avons décidé de ne pas rentrer et de tenter notre chance au Maroc.

Cette année-là, il y a eu la naissance de mon fils Maxime et la création de Akkal ...

J'ai commencé à travailler avec un artisan traditionnel dans le village de potiers qui se trouve sur la route d'Essaouira à la sortie de Marrakech. L'atelier, très rudimentaire, se résumait à quatre murs d'enceintes et un four à bois très mal conçu. Cette collaboration a duré une année mais a très vite atteint ces limites. J'ai eu la chance que mes premières créations rencontrent un certain intérêt et j'ai très vite ressenti le besoin d'élargir les possibilités de création et d'améliorer la qualité. J'ai donc installé, au début à contre-coeur, l'atelier dans le quartier industriel de Sidi Ghanem pour profiter des meilleures conditions de travail ( pas toujours au rendez-vous) et en emportant avec moi le tourneur « maâlem » de mes débuts. A ce jour, Si Mohammed reste celui qui comprend et réalise le plus fidèlement tous mes prototypes des collections Akkal. A cette époque, le nouvel atelier nous semblait immense et nous n'imaginions pas un jour être à l'étroit dans ces 600m2 d'atelier. Dix ans plus tard et 45 employés de plus c'est le cas.

Suivront des années de plaisirs et d'obstacles, de victoires et de défaites, de satisfactions et de déceptions, de moments de profonds découragements et d'immenses espoirs : la vie d'une jeune entreprise créée sans moyens financiers, dans un domaine d'activité aléatoire mais animé par une équipe courageuse et enthousiaste. La récompense de cette abnégation est venue en début de cette année 2009 à travers l'arrivée de nouveaux partenaires prestigieux marocains qui ont la volonté d'accompagner le développement de Akkal.

- La ville de Marrakech et ses artisans vous a-t-elle aidée dans le choix de votre métier ?

Oui très certainement car à cette époque la céramique et plus globalement l'artisanat marocain était le reflet d'une société conservatrice très ancrée dans les coutumes, la croyance et peu propice à la création et l'innovation. Malgré le savoir-faire notoire des artisans, il m'a semblé qu'il y avait certainement une place à prendre pour quelqu'un qui saurait amener des idées nouvelles. J'ai choisi de commencer par la céramique car les possibilités de créations me semblaient très larges.

- Quelles ont été vos premières impressions à votre première visite de la ville ?

La lumière, la chaleur, le soleil brûlant, les senteurs, les mille et une nuits, la cérémonie du thé, le désert, le hammam, le henné, les huiles essentielles, l'appel à la prière, l'odeur du jasmin, l'encens,É.. L'orient mystérieux et fascinant n'est pas une légende !!

- Quel est le secret de votre réussite ?

Enormément de travail, de la créativité et beaucoup de chance sont les ingrédients principaux de ma relative réussite.

- Avez-vous d'autres projets ?

J'aimerais étendre mes créations à d'autres secteurs de l'artisanat et contribuer à porter l'artisanat marocain vers l'étape suivante : la réalisation et la promotion à l'international d'un artisanat de très grande qualité capable de trouver sa place au sein des créations les plus prestigieuse issu de pays de grandes traditions qualitatives tels que l'Italie, la France, le Danemark, la Belgique, etc.

- Comment a été organisée l'exposition de Barcelone ? Quels sont les retours ?

L'exposition a été organisée via Marjorie Jaspar, une artiste peintre Belge qui vient régulièrement à Marrakech. Elle a exposé dernièrement ses tableaux à la galerie « 16bis » de Sidi Ghanem. C'est à l'occasion de son vernissage que nous avons fait connaissance et qu'elle a eu l'idée de faire une exposition groupée avec d'autres artistes belges résidents au Maroc. Nous avons également pu compter sur le soutien et le dynamisme de Luc Jacobs, notre consul général de Belgique qui a largement contribué à la réalisation de cette évènement.

Les retours sont très encourageants, et j'espère que par la suite nous aurons la possibilité de faire circuler cette exposition dans d'autres pays.

- Qu'aimez-vous le plus à Marrakech ?

Marrakech est une ville pétillante et pleine de vie. Elle bouge, se débat, cherche à grandir. Elle est parfois maladroite et manque souvent d'humilité mais j'aime sa joie de vivre et son enthousiasme permanent.

- Qu'aimez-vous le moins ?

Le niveau de pollution, incontestablement !

- Quels sont les coins que vous fréquentez ?

La semaine, je ne bouge pas beaucoup. C'est plutôt boulot, école, maisonÉ Mais quand je sors diner le soir avec des amis j'aime aller « Chez Mona », un tout petit restaurant Libanais. Mona sert une délicieuse cuisine familiale et l'accueil est toujours très chaleureux.

Pour déguster une cuisine Marocaine raffinée dans un décor somptueux, je vais au Dar Ghizlane.

Et les week-ends, j'aime amener mes enfants à la campagne. Nous allons très régulièrement à la « Ferme M'Barka », petit paradis situé à côté de Tamesloht.

- Comment prenez-vous du bon temps à Marrakech ?

Quand je veux me faire plaisir, je vais au hammam faire un gommage et massage. A Marrakech nous avons la chance de d'avoir de nombreux spas magnifiques.

J'aime aussi me balader, flâner dans les ruelles de la médina et me laisser submerger par les odeurs et toutes les sensations qu'on trouve dans cette ville pleine de lumière et de vie.

- Avez-vous une anecdote à nous raconter ?

La toute première fois que je suis venue à Marrakech, j'étais avec une amie. Nous avions environ 19 ans et nous découvrions l'Afrique.

Le soir de notre arrivée, nous avons atterri à l'aéroport de Marrakech et nous nous sommes rendues directement à la place Jamaa el fna, lieu mythique dont nous avions beaucoup entendu parler.

A peine arrivées que nous étions déjà engagées dans les souks et j'étais tellement fascinée par tout ce qui se passait autour de moi que, sans m'en rendre compte, je me suis éloignée de mon amie. Le temps de m'en rendre compte j'étais complètement perdue ! Et là, ce fût la douche froide ! J'étais pétrifiée car seule au milieu d'une foule insensée, à l'époque sans portable, dans un pays que je ne connaissais pas et, comble de mon malheur, c'est à cet instant précis que j'ai réalisé que c'était mon amie qui avait toutes les coordonnées de la maison d'hôtes ou nous étions sensées dormir. Avant notre départ, je m'étais tellement réjouie à l'idée de ne plus penser à rien et à me laisser vivre que je n'avais même pas enregistré le nom du lieu où nous devions dormir !

L'horreur a du se lire sur mon visage car un jeune homme s'est approché de moi et m'a demandé si tout allait bien. J'ai failli ne rien répondre tellement j'étais sans voix. Je pense même avoir songé que si je répondais, je risquai d'aggraver encore mon cas car je serai une proie facile pour les pick-pockets ou autres personnes mal intentionnéesÉ

Mais j'ai quand même répondu que j'étais perdue et que je ne trouvais plus mon amie. Et là, j'ai découvert toute la magie du téléphone arabeÉ Le jeune homme parlait aux gens autour de lui, qui eux se sont mis à parler à d'autres gens et ainsi de suiteÉ J'avais l'impression que le souk entier parlait de mon cas désespéré !

Et miracle, dix minutes plus tard, j'ai vu un petit groupe de personnes me ramener mon amie. J'ai failli pleurer de soulagement. Cette anecdote illustre bien la convivialité et l'accueil des Marrakchis.

Dev Web
Editor Made in Marrakech
6 avril 2010

    Akkal

    • Ameublement
    • Céramique
    • Poterie
    219, Zone Industrielle Sidi Ghanem 40000, Marrakech
    Get Directions
    +212524356024