Un matin au port d' Essaouira...

BALADE
Alice Joundi
Editor Made in Essaouira
7 février 2014

Les odeurs de poissons, c’est pas votre genre ? Vous allez certainement changer d’avis à la vue du spectacle quotidien qu’offre le port d’Essaouira. Une ambiance à savourer les jours de beau temps, armés d’un appareil photo, d’un carnet de croquis ou d’un panier pour ramener une ou deux prises encore frétillantes. Petit voyage au cœur de la vie locale.

Le rendez-vous des oiseaux et des chats qui, dans une frénésie gourmande, se battent pour un morceau de sardine, le port d'Essaouira foisonne d'une vie semblable à tous les ports du monde avec ce petit supplément d'âme qui tient précisément à son authenticité sincère. La vie qui l'anime au petit matin et jusque tard le soir, rythmée par les marées, les heures du jour et les vents, nous offre un voyage loin des pavés de la médina, ouvert sur une mer plus seulement balnéaire mais aussi, et surtout, nourricière.

Chalutiers ventrus et barques bleues, traditionnelles flouka, sont amarrés ici. Face à la place Moulay Hassan, la porte de la marine édifiée en 1184 relie la ville à son port de pêche, précède un pont menant à la tour carrée bâtie dans le style Vauban : la Scala du port qui s'élève dans les embruns, et du haut de laquelle pour seulement 10 dirhams on s'offre une vue imprenable sur les îles Purpuraires et le port.
Les pieds foulant ainsi la vieille pierre, on découvre ces petits détails qui rendent la balade mémorable. Les filets rouges et bruns, entassés et démêlés soigneusement, recousus par les pêcheurs et leurs femmes ; les bateaux désossés qui se font une beauté dans la tradition des chantiers navals. Il y a aussi ce ballet incessant des locaux et touristes, travailleurs de la mer et charrettes à porteurs, camionnettes et caisses en bois, transportées et posées sur des étals de fortune, ou soigneusement achalandées.

N'oublions pas le nerf de cette guerre; la chair fraîche des poissons, mollusques et crustacés, dont la variété et la quantité valurent au Maroc et à la région d'Essaouira toutes les convoitises des pays importateurs de poissons. Sardines bien sûr, maquereaux, murènes, rougets, araignées de mer, bars, espadons, calamars et même de nombreux requins sont déchargés et transbahutés sous l'œil avide des cormorans et des goélands. A ne pas rater non plus : la criée du jour; une séance de surenchères durant laquelle s'arrachent les meilleures prises en quelques minutes, véritable concentré de la vie du port.

A l'aube et au couchant, quand la lumière douce et dorée baigne le port, toutes les visions sont autant de clichés dont on ne se lasse jamais. En arrière-plan des barques bleues, les remparts de la ville surplombent la mer, les ombres des bateaux sous les nuées de mouettes, les fanions multicolores, la silhouette de la Scala en clair-obscur sur le ciel bleu : cartes postales vivantes qui nous font toucher des yeux l'activité portuaire, le cœur battant de la vie économique d'Essaouira.

Texte et photo Alice Joundi

 

Alice Joundi
Editor Made in Essaouira
7 février 2014