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Sidi Kaouki : allons nous faire marabouter non loin d'Essaouira

EXCURSION
Alice Joundi
Editor Made in Essaouira
14 janvier 2015

Et si on prenait la tangente ? A 25 km d’ici, la grande plage de Sidi Kaouki est toute indiquée pour une virée au grand air. Cette destination de choix, pour un dimanche en famille ou une semaine en bord de mer, a tout d’une base arrière pour le tourisme balnéaire et rural. C’est aussi une plage, un oued, une campagne et un lieu historique à préserver.

Depuis la nationale en direction d'Agadir, vous trouverez l'embranchement menant à Sidi Kaouki, le début d'un voyage. Car d'abord il y a la route : une seule voie et deux bas-côtés qui assurent la relève. Vigilance obligatoire et bons amortisseurs de rigueur, on en profite quand même pour admirer la forêt et les quelques "douars" (hameaux) typiques dont les maisons sont judicieusement dissimulées dans la végétation, (on notera cependant quelques écarts architecturaux plus modernes et, disons, décalés). Parmi les arbres (thuya, eucalyptus, arganiers, oliviers, etc.) c'est la ferme marocaine représentée : chèvres, dromadaires, ânes, vaches et moutons, menés par leurs maîtres et quelques chiens flegmatiques, de la race de ceux qui n'ont peur de rien, et certainement pas de votre voiture.
Et puis, après un énième virage, passé le champ d'éoliennes, derrière une lignée verte de pins parasols, apparaît la mer, souvent battue par le vent (en tous cas les après- midis d'été vous n'y échapperez pas, l'hiver c'est plus calme). Le bleu, le vert : on y revient toujours... Pour ses couleurs naturelles qui font la beauté de toute une région, Sidi Kaouki est à sa manière emblématique.
La route s'achève au ralenti et tout droit sur le parking du village, face aux "kiosques". Ces petites maisons de plain-pied, récemment rénovées, aux terrasses ombragées dos au vent et face à la mer, sont en fait des restaurants et boutiques en enfilade. Pauses idéales pour une grillade de poisson frais, une salade ou un bon tajine après une matinée à la plage.

Garder à vue les horizons

A Sidi Kaouki c'est l'impression d'espace qui prévaut, nous offrant un vrai bain de nature ! A l'immense forêt succèdent la plage qui disparaît au loin et la mer, notre horizon. L'oued Kaouki se trouve plus au sud en prolongeant la route côtière, et révèle encore un site magique entre terre et mer. La mer et les poissons, parlons-en. Le petit port pêche de Tagenza, à quelques minutes en voiture, est le fournisseur officiel de poissons frais. Une escale en soi, demandez la route, c'est tout près.
Sidi Kaouki est un spot réputé de windsurf, de kite-surf et de surf (par vent modéré). Ainsi, pour son cadre et pour le sport, la fréquentation touristique du village ne date pas d'hier et (réputation oblige) tend même à augmenter chaque année.
Le revers de ce succès c'est la production de déchets dont la gestion laisse encore à désire. Pour combattre ce mal des temps modernes, des locaux amoureux de leur plage et de la nature organisent le ramassage des déchets avec les moyens du bord. On espère que cela prendra forme durable et que leur ténacité sera récompensée par la mise en place à grande échelle d'une structure de ramassage et de tri des déchets. Bon, Inch'Allah.

Un mausolée sur la plage
Bien avant les touristes, les caravanes chamelières empruntaient les chemins de Sidi Kaouki et les croyants les sentiers menant à son Marabout.
Car sur la plage, domine une maison en pierres, chaulée de blanc et de bleu clair : le tombeau de Sidi Kaouki (« Seigneur Kaouki » ). C'est l'histoire d'un homme venu du moyen orient, un musulman qui vint jusqu'ici, trouver la mer et la paix dans ce village berbère. Il partagea sa religion et devint guide spirituel auprès des locaux. Sa maison, où il repose désormais, est sur la plage, telle qu'elle fut construite à l'époque, et rénovée au fil des siècles selon la tradition. C'est le fameux Marabout (mausolée) de Sidi Kaouki.

Comprenez bien qu'ici, entre deux balades à cheval et le passage d'un dromadaire qui nous toise, à la vue des vagues qui se brisent sur les dalles rocheuses au pied du Marabout, on est vite atteint d'une ivresse. Celle de se sentir en contact réel avec la nature et le Maroc dans ce qu'il a d'intemporel.
Gardant l'espoir que tout ne disparaisse pas un jour sous le béton d'un projet malheureux, je me rassure en me disant que, finalement, tant qu'il y aura des Saints dans ce pays, on peut dormir tranquille.

Texte et photo Alice Joundi.

Retrouvez Sidi Kaouki sur la carte.

Alice Joundi
Editor Made in Essaouira
14 janvier 2015