Scènes du festival gnaoua : la Zaouïa Sidna Bilal

MUSIQUE
Alice Joundi
Editor Made in Essaouira
9 juin 2011

Dans le quartier Beni'Antar, au pied des remparts de l'ancienne médina, se trouve un édifice ancien et sans prétention, sanctuaire de la confrérie des Gnaoua d'Essaouira et scène musicale le temps du festival : la zaouïa Sidna Bilal, un lieu unique à plusieurs égards.

Zaouïa est le terme générique attribué à un centre religieux et d’apprentissage abritant le tombeau d‘un saint. Les adeptes s’y réunissent, y prient et étudient le sciences religieuses. La plus ancienne des confréries Gnaoua réside à Essaouira, elle est également la seule à disposer d’une zaouïa : la zaouïa Sidna Bilal.
Selon la tradition, les Gnaoua se regroupent et guérissent par leur musique, convoquant les esprits pour apaiser et soigner les souffrances. La transmission et l’enseignement de leurs savoirs et les cérémonies se déroulent en partie dans la zaouïa. S'y rendent les adeptes, hommes et femmes, autrement appelés les msendin (attachés) de la zaouïa.
Sidna Bilal : le nom de la zaouïa des Gnaoua rend hommage à celui qu'ils considèrent unanimement comme leur ancêtre spirituel. Esclave noir affranchi et compagnon du Prophète Mohamed, Sidba Bilal fut le premier muezzin de l‘Islam.

Un édifice typiquement souiri

La petite porte discrète de la zaouïa ouvre sur un patio distribuant plusieurs pièces en enfilades :  salles de prières, chambres, pièces où se réunissent et étudient les adeptes, cuisine, etc. Parmi les pièces de la zaouïa, se trouve la loge de la Mqâdma. Femme élue par les membres de la confrérie, seule à disposer des savoirs relatifs aux rituels et détentrices des secrets de la Zaouïa. Elle occupe une place prépondérante dans la maison, l'entretient, y accueille les adeptes, prodigue des conseils et participe aux rituels des lilas, accompagnant les cérémonies de transe et de possession.
La zaouïa, construite au 18ème siècle, est un édifice typiquement souiri, construite dans un des styles les plus traditionnels de la médina. Pour être la seule zaouïa d’une confrérie de Gnaoua au Maroc, elle fait donc logiquement partie du patrimoine culturel de la ville et du pays.
Cependant, se dégradant au fil des ans, faute d'entretien et de moyens, la « maison des Gnaoua » n’es pas passée loin de la décrépitude. Fort heureusement, et à la faveur d’une prise de conscience collective, quelques souiris et mécènes fondèrent en 2006 l’association Dar Gnaoui, présidée par Abderrahmane Naciri. Force de travaux et de persévérance, l’association a pu rénover et réhabiliter la zaouïa des Gnaoua, lui rendant ses couleurs d’antan et son entière fonctionnalité. Depuis sa création, l’association Dar Gnaoui œuvre, comme son statut l’indique, pour la sauvegarde du patrimoine culturel des Gnaouas et de la zaouïa Sidna Bilal.

Les Lilas du festival

Dans le cadre du Festival Gnaoua et Musiques du monde, l’école des maâlem ouvre ses portes aux spectateurs. Comme le bastion Bab Marrakech ou Dar Souiri, la Zaouïa sidna Bilal sera la scène de concerts intimistes et payants (100 Dh l'entrée). A l’occasion de lilas qui, la nuit durant, animent le sanctuaire des Gnaoua, la zaouïa reçoit cette année les 23, 24 et 25 juin, les Maâlem Allal Soudani (Essaouira), Abdellah Guinea (Essaouira), Ahmed Dkaki (Fès), Seddik Laarch (Essaouira) et Rachid El Hamzaoui (Casablanca).

Nuits de transe et de célébration dans un lieu à la fois symbolique et historique d'Essaouira, une maison qui revient de loin.

Texte & Photo Alice Joundi.

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Festival Gnaoua, retour aux racines.

> Retrouvez le programme de l'édition 2011 du Festival Gnaoua et Musiques du monde dans l'agenda de Made in Essaouira.

 

 

Alice Joundi
Editor Made in Essaouira
9 juin 2011