Première édition du Café Souiri : place à la jeunesse

Vent nouveau sur Essaouira
Nathalie PERTON
Editor Made in Essaouira
10 mars 2015

Ce sera le 13 mars, à Dar Souiri : Essaouira vous propose, à l’instar des grandes capitales, un café de réflexion, de prise de position et d’engagement ; une tribune pour les jeunes Souiris. Pour la première édition ambitieuse, nous aurons l’honneur d’accueillir Driss Jaydane, philosophe, écrivain et animateur des Matinales sur Luxe Radio. Interview exclu de Ahmed Ghayat, Président d'honneur de Vent nouveau.

Une tribune participative pour les jeunes Souiris

L’association "Le vent nouveau" nous met au parfum dès l’annonce de son nom. En finir avec l’idée que les jeunes souiris ne s’engagent pas, n’ont pas de réflexion sur leur ville, leur pays et, de fait, leur participation au monde. Ils nous proposent le 13 mars, à Dar Souiri ; à partir de 19h, un rendez- vous participatif, philosophique, engagé et éclairé. Il s’agit pour nous non seulement d’annoncer l’événement mais d’honorer cette volonté d’un vent nouveau, nous qui sommes coutumiers des vents, récurrents sur notre cité, entendons le murmure d’un vent nouveau qui n’est ni le Chergui ni le Taros mais le vent, le souffle des jeunes de notre ville, amoureux de leurs racines, responsables de leur cité.

Un Président d'honneur qui marche depuis 1983 pour les droits et la jeunesse marocaine, Ahmed Ghayat, interview exclu pour Made in Essaouira.

Si l’on doit la création du " Vent nouveau " à des jeunes souiris dont : Soufiane BadidLahcen Lose... C’est Ahmed Ghayet qui a aidé ce vent nouveau a émergé. L’auteur du livre "De l’autre côté du soleil"  qui écrit également des rubriques pour Aujourd’hui le Maroc est avant tout un immigré engagé, militant d’un nouveau genre, il a accepté de nous répondre à une interview en amont du "café". Ahmed Ghayet c'est un marocain qui vivait en France mais a toujours mené un combat contre toutes les formes de discrimination. Il fut en 1983 l’un des organisateurs de la marche des Beurs en France et, depuis, ne cesse de marcher, (comme il le fera encore suite aux massacres de Charlie Hebdo) et d’utiliser son énergie pour créer des émules, voir émerger un Maroc pluriel, conscient et fier de sa diversité.

Made In Essaouira : Pouvez vous nous raconter votre parcours, les débuts de votre engagement?

Ahmed Ghayat : "Je fais partie de la génération de ceux que l’on a baptisé les "Beurs". Très tôt je me suis engagé dans le militantisme après le déclic qu’a été pour moi la fameuse "Marche des Beurs’’ de Marseille à Paris, contre le racisme et pour l’égalité, dont j’ai fait partie. De ce jour de 1983 je n’ai plus quitté le domaine associatif : j’ai créé une association de jeunes Franco- Marocains dans mon quartier d’enfance: ‘’Barbès’’ à Paris, j’ai animé des émissions de radio pour les jeunes de banlieues sur "Radio Soleil", j’ai participé à tous les combats des jeunes issus de l’immigration en France , ce qui m’a amené à rencontrer Martine Aubry qui était alors présidente de la Fondation FACE - Fondation Agir Contre l’Exclusion. Lorsqu’elle a été nommée Ministre de l’Emploi et de la Solidarité par Lionel Jospin en 1997, elle m’a alors demandé de devenir son Conseiller pour les questions d’intégration, à son Cabinet, puis lorsqu’elle a quitté ses fonctions Ministérielles pour la Mairie de Lille en 2000, je suis devenu Conseiller de Elisabeth Guigou, Ministre de la Justice. En 2003 j’ai voulu (re)venir dans le pays de mes parents pour 6 mois afin de me ressourcer, je me suis trouvé à Casablanca aux moments des attentats du 16 Mai 2003, avec une dizaine d’amis Marocains du Maroc et Franco- Marocains rentrés au pays nous avons voulu réagir et nous avons lancé le mouvement ‘’Matquish Bladi’’ qui a permis qu’un million de Marocains défilent contre le terrorisme dans les rues de Casa le 23 Mai 2003. Après cela j’ai choisi de rester au Maroc et de m’engager auprès de la jeunesse. Aujourd’hui je suis Président de l’association "Marocains Pluriels" qui agit pour aider la jeunesse à s’insérer et à s’engager et qui œuvre pour la promotion des valeurs liées à la Diversité. Nous avons ainsi initié le ‘’Café Politis’’ agora de débats, mensuels, qui en est à sa 36ème Edition et ‘’l’Escale Musicale’’ qui est une activité culturelle mensuelle qui vise à faire émerger de jeunes talents." 

MIE :  Ce qui vous a amené à "Vent nouveau"?

AG : "J’ai découvert Essaouira en 2000 grâce à André Azoulay qui est un ami de très longue date, j’étais membre de l’Association ‘’Identité et Dialogue’’ qu’il avait créée en France. Je suis tombé sous le charme de cette ville qui est un exemple de ce que j’aime et de ce en quoi je crois le "vivre ensemble". J’ y viens très souvent et lorsque l’occasion m’a été donnée de m’y engager également, cette année, lorsque j’ai été amené à rencontrer de jeunes Souiris désireux de ‘’bouger’’ j’ai saisi l’opportunité et j’ai accepté avec beaucoup de plaisir de devenir Président d’Honneur de l’association qu’ils viennent de fonder "Vent Nouveau".

L'origine

AG : Ces jeunes m’ont contacté alors que j’étais en séjour à Essaouira, ils avaient le projet de célébrer le 40ème jour du décès de 4 des leurs : Redouane, Mohamed, Rachid et Mohamed, décédés lors d’un accident de la route après un match du Wydad. Leur rêve était d’organiser un match amical avec les jeunes du Wydad à leur mémoire et en soutien à leurs familles. J’ai été touché par leur démarche et j’ai décidé de m’engager à fond avec eux dans ce projet, le vice-président du Wydad, Aziz Chabine est un ami et je les ai mis en contact… Il a tout de suite accepté ! Le parrainage de André Azoulay et le soutien actif de Tarik Ottmani le jeune Président de l’association Essaouira Mogador ont permis que se tienne ce match le 29 Janvier sur la plage d’Essaouira. Cela a été un événement fabuleux fait d’amitié, de solidarité, de respect de la mémoire, qui a beaucoup marqué la jeunesse Souirie. J’ai travaillé avec cette équipe d’une dizaine de jeunes pendant des semaines pour préparer cette activité et j’ai été frappé par leur volonté, leur capacité à mobiliser, leur envie d’agir mais en même temps par leur grand isolement, hormis Dar Souiri qui est une sorte de phare dans la nuit, ils n’ont ni terrain de sport, ni centre culturel ( Dieu merci le Centre Culturel Français vient d’ouvrir), ni Maisons de Jeunes dignes de ce nom, ni cinéma… Or je suis convaincu que la culture, le sport sont des éléments essentiels de l’insertion sociale de notre jeunesse ! Parmi ces jeunes j’ai particulièrement repéré de jeunes leaders potentiels : Soufiane, Tayeb, Achraf, Si Mohamed, Youssef, Jaouad, Mouhcine… Je leur ai conseillé de s’engager dans la durée, de créer une structure associative capable de drainer la jeunesse Souirie, de l’encadrer, de lui permettre de se prendre en mains, au début ils étaient réticents – car comme beaucoup de jeunes ils étaient méfiants parce que trop souvent déçus par des promesses non tenues, des discours non suivis d’actes concrets, des mensonges…- mais au bout du compte ils ont relevé le défi et ont créé l’association Vent Nouveau, tout un symbole dans cette ville des Vents.

MIE : Alors, l'idée du "café souiri" ?

AG : Ils organisent ce vendredi 13 Mars leur première activité, en partenariat avec l’association Essaouira Mogador et le soutien de Marocains Pluriels : séduits par le concept du Café Politis ils ont décidé de lancer le Café Souiri qui sera destiné mensuellement à devenir un espace de dialogue et de débat. J’ai beaucoup apprécié le thème qu’ils ont choisi : "Comment permettre à la jeunesse de participer à la vie de sa Cité’’, en fait tout est là : Essaouira se développera aussi grâce et par sa population, et notamment sa jeunesse. Encore faut- il pour cela lui en donner les moyens ! A la tribune prendront la parole Soufiane Badid en tant que président de Vent Nouveau, un jeune artiste de grand talent c'est le jeune artiste Amine Cherradi qui sera intervenant à la tribune, un militant d’une ONG, l’ALCS, Youssef Kaouni, Madame la déléguée à la Jeunesse et aux Sports , le Directeur de l’Hôtel Le Medina Si Mohamed Akka qui fait travailler de très nombreux jeunes Souiris et Driss Jaydane philosophe, écrivain et animateur des matinales de Luxe Radio… Tarik Ottmani sera le maître de Cérémonie, Monsieur André Azoulay est attentif à cet engagement de la jeunesse et suit tout cela avec beaucoup d’intérêt actif, quant à moi je serai là – dans le public -en tant que 1er supporter de cette jeune équipe ! La Province a été sensible à cette démarche et s’est montrée très disponible. L’objectif est de débattre des moyens d’impliquer le plus grand nombre de Souiris – la jeunesse bien sûr – mais pas seulement elle – dans la vie de la Cité : toutes les personnes de bonne volonté - Souiris de naissance ou Souiris d’adoption - sont invitées …Cette jeune association est une chance, elle a besoin de tous les parrains et marraines potentiels. Essaouira mérite le meilleur ! "

Café Souiri avec Driss Jaydane

Nous l'avons souligné, le 13 mars la participation est ouverte à tous et c'est un café serré, un nectar qu'on nous propose de partager, un café d'excellence avec la participation de Driss Jaydane. La rencontre avec le journaliste, philosophe et animateur de luxe radio, cet intellectuel qui a fait partie des auteurs et intellectuels marocains qui se sont exprimés sur l'affaire Charlie dans l'ouvrage "Ce qui nous somme" promet d'être un rendez-vous philosophique, politique d'envergure. Il disait dans ces pages: "Refuser que nous soit interdite une éthique du Monde, de l'homme, refuser la Raison médiatique, complice active et passive de ce Nihilisme, de cette banalisation de la mort et de la vie, refuser la froide horreur des calculs qui décide qui meurt plus ici qu'ailleurs. S'interdire de soupeser les meurtres pour ne pas connaitre le vrai poids éthique, moral, existentiel, humain."

Venez nombreux assister à l’éclosion d’une nouvelle tribune pour les Souiris. Le mouvement se veut ouvert, vous êtes tous conviés, jeunes ou moins jeunes, souiris de souches ou non ! L’essentiel étant d’avoir comme intérêt commun l’élévation de notre pensée et de notre ville ! 

Texte Nathalie Perton
Photo Alice Joundi

Nathalie PERTON
Editor Made in Essaouira
10 mars 2015

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