Paix à son arbre

PATRIMOINE
Alice Joundi
Editor Made in Essaouira
29 novembre 2011

Ce sont les feuilles qui généralement tombent en automne, mais cette année à Essaouira, c'est un arbre entier que l'on a vu s'échouer lamentablement sur sa souche. Un arbre, et quel arbre ! Patrimoine naturel et pluri-centenaire, communément appelé "Le ficus", l'arbre géant qui, majestueux, déployait ses immenses branches en pleine médina s'est tout simplement retrouvé morcelé. Une détérioration qui suscite beaucoup de questions et une seule certitude : la tristesse commune aux habitants et voyageurs qui ont un jour pu côtoyer cet arbre unique.

On a fait des actualités plus gaies certes, mais Made in Essaouira ne pouvait pas passer à côté de cet état de fait : notre "Ficus géant" se meurt.
Des habitants et amis affolés alertent autour d'eux pour signaler que le "Ficus" de l'ensemble artisanal d'Essaouira avait été saccagé. Sur place on constate avec désolation qu'il ne reste de cet arbre gigantesque que la souche démesurée, et un seul de ses multiples troncs.. Un véritable désastre qu'on ne sait à qui, à quoi, imputer, mais qui nous frappe tous au cœur comme un sort injuste pour une si belle œuvre de la nature.

Pour comprendre notre désarrois il faut revenir sur son histoire, et l'avoir vu une fois, une seule, en pleine forme, déployant ses branches haut dans le ciel, comme miraculeusement sorti de terre en pleine ville, ancré dans le sol par une souche éléphantesque. En bref, il faut l'avoir vu tel qu'il était encore en mai dernier et sentir la force d'un tel colosse naturel au dessus de sa tête.
Son histoire date de celle de la ville, car il fut planté au moment de la construction, il y a de cela environ 240 ans. Ce ficus, de son véritable nom Phytolacca Dioïca, est en fait nommé Belombra ou Elephant Tree selon les pays. A priori, seuls trois spécimens de Phytolacca sont référencés au Maroc (Tanger, Safi et.. ce qu'il reste de lui à Essaouira). Originaire d'Amérique Latine, il est réputé pour sa résistance aussi bien aux sècheresse, qu'aux vents marins, qu'aux insectes nuisibles. Dans la pampa sud-américaine on le surnomme "phare" pour sa visibilité à distance.
L'immense "phare" naturel de la médina d'Essaouira est aujourd'hui en pièces, et ce qui nous désole encore davantage c'est d'en ignorer la cause...

On parle de tempêtes, d'une maladie, en fait on n'en sait trop peu

Difficile de savoir ce qui a ainsi pu mettre à mal cet arbre géant en quelques mois seulement. Celui-là même qui aurait résisté à toutes les tempêtes depuis plus de deux siècles, pourtant enserré entre quatre murs d'une cour protégée, pourrait avoir été décimé par une un coup de vent  trop violent cette fois-ci. D'autres avancent la théorie d'une maladie ou d'un champignon qui aurait pu tuer l'arbre en profondeur, provoquant l’affaiblissement puis la chute des ses branches. On entend encore que les travaux en ville auraient atteint ses racines et tué l'arbre par sa base.
Un acte malveillant ou coup du sort ? Les rumeurs vont bon train, donnant à chacun l'occasion de raisonner sa tristesse.

L'arbre d'Essaouira nous hante de toute sa beauté déchue

L'unique tentation est donc celle de lui rendre hommage, sans être trop solennel cependant, car ce serait sans compter sur une reprise possible. Un espoir persiste en effet à la vue de quelque feuilles ce matin, verdissant au sommet et à la base de ce qu'il reste dudit "ficus". Si de sa majesté il a perdu l'essentiel, la vie semble encore là, et c'est déjà ça.

 

Rendez-lui hommage en images sur notre page Facebook en publiant vos photos de l'arbre sur notre page Made in Essaouira en guise d'hommage collaboratif à sa splendeur.

Texte et photo Alice Joundi.

 

 

 

Alice Joundi
Editor Made in Essaouira
29 novembre 2011