Monique Favière : l'enfant de Paris qui a adopté Essaouira

PEINTURE
Alice Joundi
Editor Made in Essaouira
27 juillet 2011

C'est une de ces histoires qui débutent quelque part en France et se prolongent ailleurs, au Maroc. A l'ombre de son "Arbre bleu"', Monique Favière nous raconte son parcours et révèle son univers onirique, fait d'aquarelles et de collages aux tons pastels. Elle a craqué voici dix ans pour Essaouira. Nous, on craque pour sa sympathie et sa joie de vivre.

Cette petite bonne femme au regard enfantin ne semble pas avoir d'âge. Portant son carré court et des allures d'éternelle jeune fille, Monique Favière nous invite dans son univers, à l'Arbre bleu, galerie-boutique et salon de thé dans la médina d'Essaouira, à quelques encablures de Bab Marrakech. Sous les voûtes en pierres de taille, parmi les objets de déco chinés ou fabriqués par les artisans d'Essaouira, on voit des peintures, des photos, des aquarelles de divers artistes et amis. On y voit aussi ça et là, les créations de Monique qu'elle dispose humblement parmi tant d'autres. Car Monique Favière est une artiste. Et cette forme d'expression intrinsèque, elle la cultive comme une vérité identitaire, envers et contre tout. Mais tout commence avec l'enfance, en France, quand toute petite déjà elle vendait ses dessins «à (ses) copains d'école ». A l'époque, seul son père croyait en son talent. De son travail de cheminot à la SNCF, il lui ramenait la colle des affiches et des bouts de bois sur lesquels elle peignait et fixait ses visions de jeunesse.
Et depuis, cette femme besogneuse, maman de deux enfants et comptable de formation peint « tout le temps et depuis toujours », en marge d'une vie de famille et de travailleuse chevronnée. Si aujourd'hui encore elle vit et gravite autour de l'art et de la création, c'est force de travail et de volonté. Un « à côté » qui n'a d'autre nom que l'envie sourde et tenace de créer.

A 18 ans, elle expose pour la première fois avec cette façon singulière et timide des artistes méconnus mais volontaires. Dans le 5ème arrondissement de Paris, et sa fameuse rue Mouffetard, elle accroche ses toiles chez le tripier et les commerçants du quartier. Un début. Puis dans les années 80, Monique Favière intègre un groupe de peintres dans le quartier du Marais qui devient, jusque dans les années 2000, son « QG », qu'elle décrit alors comme « un petit village d'artistes ». L'avant-garde des boutiques et cafés branchés d'aujourd'hui que l'on aurait tant aimé connaître. De ces années là, elle garde le souvenir d'une période d'intense créativité durant laquelle elle a beaucoup progressé, rencontré des collectionneurs et baigné dans le milieu arty parisien.

Un jour, Monique part en vacances

Elle navigue entre l'aquarelle et l'acrylique mais il semble que le « style Favière » prenne forme avec un caractère unique à travers ses collages. A plat ou sur des volumes et structures abstraites, ces petits papiers récupérés et assemblés en des toiles fleuries, aux tons pastels et résolument féminins, deviennent sa marque de fabrique.
Les enfants ont grandi, Monique passe un diplôme de décoratrice d'intérieur qu'elle décroche haut la main en 2000, et la conforte dans l'idée d'un prochain virage artistique. Et puis un jour son mari se voit offrir un billet pour le Maroc. Une semaine à Marrakech, une excursion à Essaouira et Monique reprend le bus, amère : « c'est trop beau, et dire que je ne reviendrai jamais ». Une fatalité à laquelle elle ne peut se résoudre. Le couple revient un hiver, deux hivers, puis un autre et finit par acheter un appartement et un petit commerce. L'histoire entre Monique Favière et Essaouira est ainsi scellée dans les vieilles pierres de la médina. L'Arbre bleu nait alors.
La première année, des enfants viennent y prendre des cours de peintures et le goûter du mercredi, puis la galerie et le salon de thé prennent le relais. Monique Favière vit à l'année ici désormais, et le village d'artistes souiris fait écho à l'ancien Marais de Paris. Côté déco, ses oeuvres se retrouvent dans quelques riads ou maisons privées de la ville.
Elle a également participé à la rénovation de l'église d'Essaouira il y a de cela plusieurs années, laissant ainsi plus que sa trace dans la cité des alizés. 

 

Alice Joundi
Editor Made in Essaouira
27 juillet 2011

Galerie l'Arbre bleu

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