Marée haute à Essaouira : Hercules et son "Black Swell"

météo
Alice Joundi
Editor Made in Essaouira
10 janvier 2014

Cette fin de semaine au Maroc on fait le bilan des fortes houles qui ont par endroit dévasté les installations côtières. La région d’Essaouira déplore quant à elle assez peu de dégâts mais la mer est monté haut, très haut. Mauvais signe du temps qui change, le "Black swell" envoyé par la tempête Hercules vient de parcourir l'Atlantique nord, faisant cependant le bonheur de quelques surfeurs kamikazes...

Une mer... fracassante

Ce début de janvier 2013, la baie d'Essaouira a vécu le grand fracas maritime, flirtant parfois avec les constructions du front de mer. 
Au port d'Essaouira, les gerbes d'eau sont montées à plusieurs mètres de haut allant jusqu'à faire s'effondrer le mur de clôture séparant le port de l'océan. Sur la corniche, on a vu la mer monter jusqu'aux abords de la route longeant la côte, les vagues entrant dans la baie évoquaient alors l'arrivée d'un mini tsunami le temps d'une marée haute de très grand coefficient.
Plus au sud, à Sidi Kaouki, les alentours du mausolée ont été entièrement inondés, la plage noyée par les eaux, les restaurateurs et propriétaires ont guetté le front de mer avec inquiétude.
Le petit port de Teguenza a vu ses baraquements pour certains envahis par les eaux et en partie détruits. La zone en chantier du futur port est à l'heure du déblaiement...
Enfin, à l'entrée de la province d'Agadir, le petit port d'Imessouane a perdu quelques barques, pourtant remontées par précaution plusieurs mètres au dessus du niveau de la mer, qui furent détruites par les vagues. 
La province d'Essaouira n'enregistre heureusement aucune perte humaine, mais cet événement météorologique, qui a frappé la côte marocaine du nord au sud, n'est pas sans nous rappeler les risques d'inondation que nous courront ici, comme partout dans le monde, dans une ville bâtie au niveau de la mer.

Black Swell* d'où venais-tu ?

Cette grande tempête semant le trouble climatique du nord des Etats-Unis au nord de l'Afrique se nommait Hercules. Celle-là même qui a congelé les canadiens et transporté des houles dépressionnaires jusque sur les côtes de France et du Portugal générant des murs d'eau de plus de 18 mètres au large de l'Angleterre. Des déferlantes qui n'ont rien d'un tsunami (consécutif à un tremblement de terre) mais s'apparentent à des mouvements d'eau issus d'un baromètre au plus bas à la surface des océans.
Qui dit swell (houle en anglais) dit vagues. Qui dit vagues dit surfeurs. Et dans le cas présent, pas n'importe quels surfeurs : ceux qu'anime un gros grain de folie, parmi les plus aguerris au dit "surf de gros". En Cornouailles, au Pays Basque et au Maroc (région d'Agadir) les kamikazes chasseurs d'adrénaline se sont frottés au black swell, chevauchant des murs d'eau avec brio.

Aujourd'hui la baie d'Essaouira offre un spectacle qui n'a rien d'apocalyptique. Entre balades et jeux de plage, Hercules est un presque lointain souvenir, laissant dans son sillage quelques remous pour les surfeurs du cru, et des bouts de bois charriés par l'écume sur le front de mer.

Lire aussi sur Made in Casablanca le bilan des dégats enregistrés sur le front de mer.

* houle noire

Texte Alice Joundi
Photo Fade Photography 

Alice Joundi
Editor Made in Essaouira
10 janvier 2014