Maâlem Abdellah Guinea : un grand maître s'est éteint
Maâlem Abdellah Guinea, adoubé par ses pères dès l'âge de 16 ans et encensé par tous ceux qui ont connu son art, est mort par un jour de printemps 2013 loin des feux de la rampe. Hommage posthume à un virtuose Gnaoui dont l'humilité seule égalait le talent.
Bercé par les mélopées pentatoniques des Gnaoua depuis l’enfance, Abdellah Guinea accompagnait son père dès l’âge de 12 ans et devint lui-même Maâlem à 16 ans à peine.
Virtuose émérite du guembri, rares furent ceux qui l'égalèrent par le talent. Un art qu'il maitrise à l'égal de son frère, quant à lui plus célèbre, Maâlem Mahmoud Guinea.
Volontairement confiné aux cercles traditionnels, Abdellah Guinea fit le choix de l’humilité, quand d’autres bâtirent leur renommée sur les scènes du monde. Tirant de son art la reconnaissance de toute la confrérie, il était à la fois le Maâlem de la Zaouia Sidna Bilal et du moussem annuel des gnaoua (pèlerinage).
"Fangnaoua Expérience"
En 2011, Maâlem Abdellah Guinea avait participé à un projet de fusion inédit aux côtés du groupe d'afrobeat Fanga, initié par le festival Détour du Monde. Laissant libre court à sa transe mais aussi à sa curiosité, le maître a toujours montré un grand intérêt pour les musiques contemporaines. Puisant dans les traditions de la transe thérapeutique aux origines africaines, l’album Fangnaoua Experience a été le fruit d’un échange culturel hors normes dont la sortie a fait date pour les amateurs de musique du monde.
Décédé dans le plus grand dénuement le 21 mars 2013 à Essaouira (des suites d'une insuffisance rénale), l’artiste humaniste aura dédié sa vie à la musique gnaouie et restera, à juste titre, une légende de l’art du guembri.
Bonus : écouter en ligne Maâlem Abdellah Guinea
Texte Alice Joundi
Photo DR
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