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Loubna Serraj à Essaouira, pour un premier roman sensible et palpitant

Rencontre littéraire
Alice Joundi
Editor Made in Essaouira
7 mars 2021

L'Institut Français d'Essaouira organisait le 5 mars une rencontre littéraire avec Loubna Serraj. Auteure, éditrice et chroniqueuse radio, elle présentait à cette occasion l'oeuvre d'une femme en quête de vérités, son tout premier roman intitulé "Pourvu qu'il soit de bonne humeur". Animée par Marion Bouzid, auteure et psychologue à Essaouira, la rencontre s'est penchée sur une oeuvre à la fois sensible et complexe, dont le thème central est non seulement la violence conjugale mais aussi la recherche vitale de liberté.

Puisqu'il sera question des femmes au mois de mars un peu plus qu'à l'accoutumée (journée mondiale des droits des Femmes oblige), le premier roman de Loubna Serraj résonne ces jours-ci un peu différemment, elle se fait l'échos d'une voix qui tente quelques ricochets pour ouvrir les lecteurs au sujet sensible des violences, et du viol conjugal en particulier.

Une quête de vérité

Loin d'être binaire dans sa vision et dans son écriture, Loubna Serraj nous invite à comprendre chacun de ses protagonistes, confondant certains lecteurs à la recherche de jugements hâtifs. Conjugué à la première personne, le "je" est multiple et s'incarne en Maya, dans les années 50, ou en Lilya, sa petite-fille, à la recherche d'un passé qui revient la hanter. Les hommes d'hier et d'aujourd'hui accompagnent ces deux destins qui se connectent dans les couloirs du temps, et mènent ensemble une quête commune.

"Mon but est aussi que chacun puisse se mettre dans la peau d'un(e) autre"

Tout au long de cette rencontre à Essaouira, ponctuée de lectures à deux voix, Marion Bouzid et Loubna Serraj ont décortiqué les rouages complexes de l'oeuvre et la démarche de son auteure. Il fut question de la construction des entités, des formes de violences dans une société contemporaine ou de la transmission inter-générationnelle, offrant à l'audience une lecture enrichissante ; celle d'une oeuvre qui, en creux, cherche à déconstruire les clichés.

Loubna Serraj est notamment revenue sur l'usage de la première personne : une façon d'incarner ses personnages, mais aussi de réduire la distance entre le lecteur et chacun(e) d'eux. Sa démarche initiale d'investigation menée au fil de nombreux entretiens pour nourrir son écriture des témoignages, rejoint quelque part la quête de vérité qu'entreprend le personnage de Lilya.
Car dans cette histoire, et autour de cette histoire, se niche un véritable besoin de comprendre.

La lecture pour s'émanciper... 

Tout comme dans le roman, où Maya est une femme battue qui s'émancipe à travers la lecture, l'oeuvre de Loubna Serraj pourrait bien libérer en 2021 une foule de questionnements et de réflexions sur un sujet encore tabou.



Pourvu qu'il soit de bonne humeur : un roman de Loubna Serraj, aux éditions La Croisée des Chemins.


Alice Joundi
Editor Made in Essaouira
7 mars 2021

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