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Les jardins de la corniche et des remparts : les secrets d'un beau projet

New look
Alice Joundi
Editor Made in Essaouira
4 juin 2014

L'architecte paysagiste Isabelle Linski, en équipe avec l'architecte Claude Louis Moreau, est en charge du projet de réhabilitation de la corniche et des espaces verts le long des remparts d’Essaouira. Un projet pour lequel ils conjuguent savamment l’héritage historique et les perspectives d’avenir avec une volonté tenace de rester écologique.

Nous avons rencontré Isabelle Linski, une femme passionnée. Cette architecte paysagiste, à qui furent confiés les espaces extérieurs de la Station Mogador (plan Azur), est à la tête du projet d’aménagement de la deuxième tranche de la corniche d'Essaouira, et de ce qu’on appelle désormais « Les Jardins des remparts ».

Bien plus qu’un simple dessin sur la carte, il lui plait d’ajouter que son métier, à la jonction entre les savoirs et compétences d’une grande diversité, consiste avant tout à créer des espaces à vivre, beaux, pratiques, durables, en lien étroit avec le quotidien des habitants et l’usage qu’ils en feront. Une alchimie complexe qui ne doit jamais omettre de rendre hommage à ce que fut la ville par le passé tout en envisageant au mieux ce que, un jour, elle sera.

 

1ère tranche, 2ème tranche, et bien plus encore…

La corniche, allant de la base nautique au port d'Essaouira, borde le front de mer sur près de trois kilomètres. La première tranche, arrêtée au niveau du restaurant de plage Le Fanatic, est à ce jour quasiment achevée. Il est question désormais de prolonger cet aménagement jusqu’aux portes de la ville. Pour cela, Isabelle Linski et Claude Louis Moreau ont convoqué les connaissances d’historiens et d’urbanistes, ainsi que leur expérience d’aménagement d’espaces extérieurs dans d'autres régions d'Europe battues par les vents, pour offrir à Essaouira ce qui lui conviendrait le mieux. 
Le bord de mer évoluera visuellement depuis la zone dunaire au sud- aux aspects de plage californienne idéale pour le tourisme balnéaire- jusqu’aux remparts de la vieille ville, premiers garants d’un patrimoine mondial classé par l’Unesco.
Les plans, plein de promesses de verdure et d’espaces piétons, nous font déjà rêver… 
Jalonnée de petits gradins, la corniche offrira une assise pour les promeneurs, devenus spectateurs de la plage véritable carte postale vivante pour les badauds du monde entier. Le long de cette promenade, les palmiers résistants au vent, céderont peu à peu la place aux emblématiques araucarias plantés en nombre tout autour de la vieille ville. Parmi les jardins fleuris, petits et grands pourront profiter de la présence de" jets d’eau secs"  jaillissant du sol tels des geysers automatisés (dont la hauteur dépendra même directement de la force du vent).
L'arrosage automatique, véritable obsession de l'architecte paysagiste, est envisagé dès à présent comme un élément indispensable à l’évolution et la pérennité des plantations.

 

Une circulation modifiée, des remparts magnifiés
 
Une des plus attendues parties du projet concerne certainement l’aménagement des espaces bordant les remparts, baptisés "Les Jardins des remparts ". Depuis l’actuel parking du port (qui sera planté et totalement modifié afin de disparaître dans l’ombre des feuillages), jusqu’à la porte Bab Chbanate : toute la zone longeant les remparts sera entièrement plantée et rendue piétonne. Un juste retour des choses pour ceux qui connurent les remparts en des temps plus anciens, avec une dose de modernité et quelques gramme d’anticipation écologique.
Exit les voies d’accès pour les véhicules près de Bab El Menzeh ; fini le parking de Bab Sbaâ, diminuée la place en face de Bab Marrakech au profit de plus grands jardins et de nouveaux parkings ; fleurie, plantée et aménagée la place de la Rochelle renaitra totalement (Cf.illustration). Cet immense espace sera réinvesti par les piétons. De nouvelles portes seront même rouvertes dans les remparts pour favoriser l’accès entre l’intérieur de la médina et ses abords. Ainsi, la jonction entre la nouvelle et l’ancienne villes se fera en douceur, au travers de chemins arborés et dotés d’un éclairage public à économie d’énergie. Les remparts, au pied desquels seront plantés des parterres fleuris, imposeront leur beauté d'antan, ranimant les allures de forteresse de ladite « tassort *». 
Côté circulation, la corniche sera bordée d’une voie à sens unique jusqu’à l’actuel hôtel Le Medina, puis un rond point et deux nouveaux accès dédiés aux taxis. Des parkings de délestage verront également le jour afin de désengorger le front de mer.

 

Quatre "espace scéniques" permanents au milieu des jardins

Le long des remparts, quatre espaces seront revalorisés (le Square Orson Welles, la Place de la Rochelle, le Borj et la place Bab Marrakech), afin de devenir des scènes permanentes et facilement aménageables pendant les grands événements culturels mais aussi tout au long de l’année pour diverses manifestations.

En permettant à tout un chacun de réinvestir ces futurs jardins et places, liant ainsi l’aménagement de l’espace extérieur à la culture au coeur même d’un site historique, Isabelle Linski et Claude Louis Moreau défendent les valeurs les plus essentielles de la ville d’Essaouira, celles d’un territoire créatif ouvert sur l’avenir, qui jamais ne renonce à son exceptionnel héritage.

 

Soyez donc patients et attentifs. Essaouira va retrouver ses couleurs en bleu, blanc et vert...

 

* Tassort : Nom berbère d'Essaouira qui signifie "la petite muraille".

 

Texte Alice Joundi
Illustration Place de la Rochelle. DR Isabelle Linski et Claude Louis Moreau

Alice Joundi
Editor Made in Essaouira
4 juin 2014