Le César d'Essaouira : artiste du recyclage
Sa collection de sculptures métalliques, achalandées rue Mohamed El Qorry, accroche le regard et décroche des sourires. Pour ses personnages, objets et animaux burlesques disposés devant son atelier en une joyeuse fête étrange, Rachid déploie des trésors d'ingéniosité. Rencontre avec celui qu'on appelle "le César d'Essaouira."
Rachid Mourabit, enfant d'Essaouira et sculpteur de 23 ans, a le don de la métamorphose et c'est peu de le dire. Formé par un "ancien" dont il a dépassé depuis longtemps les talents et la créativité, Rachid fait de son diplôme en mécanique bien plus que des réparations de voitures.
Car celui que l'on surnomme "le César d'Essaouira" ne se contente pas de compresser les tôles. Il assemble, déforme, soude et modèle les pièces métalliques récupérées çà et là, et fait art de tous métaux.
Détournement d'objets
Une agrafeuse, une cafetière, une lampe torche, des chaines de vélo, une boule de pétanque : tout est source d'inspiration. C'est avec humour et poésie que l'artiste aux mains pleines de cambouis emploie ses trouvailles à des fins bien improbables.
Depuis l'âge de 8 ans, avec son frère ainé aujourd'hui parti en France, Rachid s'initie à la mécanique. A l'époque, il y a de ça plus de 15 ans, il nous raconte qu'un français leur donne des photos de sculptures abstraites conçues à base de pièces métalliques assemblées. Comme il nous le dit lui-même "l'idée du recyclage, ce n'est pas quelque chose qui vient du Maroc".
Au fil des années, Rachid met à profit son talent, apprend, observe, crée de nouveaux assemblages judicieux, et livre de véritables œuvres d'art, nécessitant parfois plusieurs jours et semaines de travail. Côté budget, pour les acheteurs il faut compter 100 à 6000 dirhams par pièce.
L'escargot et le taxi berbère
Aujourd'hui connu des habitants et des touristes, cet artiste de la "ferronerie moderne", comme indiqué sur sa carte de visite, a même quelques best sellers. Les commandes et les sculptures les plus demandées sont, par exemple, les musiciens inspirés par Bob Marley ou Jimi Hendrix, la cigale et la fourmi, les oiseaux-cafetières, le Don Quichotte, la Harley Davidson ou encore le crocodile en chaines de vélo. Pour ma part, je déniche une "parisienne" au look débridé et un poisson en métal moderne au possible.
Aujourd'hui, ses personnages loufoques, œuvres qu'on peut qualifier d'intemporelles et toujours décoratives, quittent son atelier pour prendre place dans les salons, les cuisines ou les jardins du Maroc et d'ailleurs.
Pour contacter et rencontrer Rachid Mourabit : retrouvez les coordonnées téléphoniques et plan sur Made in Essaouira.
Texte et photo Alice Joundi.