La Course à pied à Essaouira : step # 2
Nous vous invitions, à l’aube de 2015 d’envisager la course à pied comme LE sport complet : accessible à tous, vous permettant d’apprécier la nature environnante, d’acquérir un mental d’acier, un souffle d’adolescent et une silhouette de rêve. Après l'initiation: le temps de l'endurance. Chapitre spécial pour celles et ceux qui courent seuls !
Endurance à prendre dans sa double signification : courir en allongeant la durée et endurer au sens de persévérer.
Le secret
Nous vous le disions, le secret n’est pas dans la performance mais dans la durée, ne jamais s’arrêter tout en se fixant des objectifs à l’aune de vos dernières performances. Ralentir, sentir son souffle mais continuer. Une mauvaise course ne sera pas une course pendant laquelle vous avez été "doucement" mais celle où vous aurez mal géré votre souffle, pas assez écouté votre corps, au point de devoir arrêter. Probablement qu'à cette étape, vous êtes déjà un peu "accro". Vous mesurez les bienfaits de la course : votre souffle retrouvé, les rendez-vous que cela vous offre avec vous-même, comme une méditation, votre sentiment de bien respirer, d'être en phase avec soi. Vous aimez courir et en redemandez. C'est un moment où le risque est de se précipiter vers la "performance" et de se blesser ou de se proposer des objectifs trop difficiles et d'abandonner. Gardez-vous de cela, conservez le plaisir et développez encore votre souffle, il sera temps à l'étape 3 de travailler la performance. Votre but est de courir, plusieurs fois par semaine et plus loin, vous devez continuer à maintenir une allure qui vous permette de courir plus longtemps et pas plus vite !
Sortir des sentiers...
C’est le moment d’aller plus loin dans les objectifs, de s’offrir la possibilité de trouver des sentiers : dans la forêt au sud dela ville vous pourrez vous repérer et longer l’oued. Lorsque vous vous enfoncerez un peu plus dans la forêt il peut arriver de se perdre mais vous retrouverez votre chemin si vous longez toujours la façade arrière du village de Diabat. La forêt représente une véritable source vivifiante pour notre corps, notre esprit, de même que la mer elle nous remet en phase avec notre place dans la nature, l’univers. De la contemplation des espèces : les aigrettes garzettes ou les hérons gardeboeuf sur une patte dans l’oued, les troupeaux de chèvre, les paysages : l’oued et ses nuances de vert selon les crues, les arganiers ou autres oliviers et arbres majestueux… Vous vous demanderez comment vous avez pu passer à côté de ce trésor à portée de main, en exclusivité pour vous.
Itinéraire intermédiaire : de 6 à 12 kms : 3 à 8 mois.
Après quelques semaines du premier itinéraire proposé dans nos pages, vous pourrez emprunter un trajet plus long. Parcours cross ou running ou les deux :
Le premier ; type cross 6 à 9 kms 3 à 6 mois : (éviter le parcours cross en forêt pour femmes seules voir ci- dessous.) Vous pourrez débuter du parking de la plage, emprunter la piste qui mène au pont de Diabat, couper par la forêt ou continuer en montant vers le golf et revenir par la route ou encore la forêt. Si vous faites le choix de cette dernière, il s’agira d’une course type cross, très bonne pour faire travailler les articulations, l’équilibre, cependant il sera encore moins question de vitesse car le terrain difficile vous demandera de courir avec une certaine vigilance afin de ne pas tomber ou vous tordre les chevilles. Munissez-vous de vêtements longs pour les ronces et les éventuelles piqûres d’insectes. Pour accéder à la forêt : avant le pont de Diabat, vous trouverez une piste sur la gauche, suivez le chemin. Attention, veillez à bien prendre la piste avant le pont car ensuite c’est la piste qui arrive à une voix sans issue sur l’oued. Vous pourrez accéder à l’autre versant de la forêt si vous ne l’avez pas pris à l’aller, quand, au retour, vous serez descendus par la côte du Sofitel et aurez dépassé le rond-point de la côte de Ghazoua : sur votre gauche, un sentier qui rejoint l’oued et la plage à la hauteur des énormes rochers. Le secret est le même, ne jamais s’arrêter.
Maitrise de votre rythme : ce qui est grisant à ce stade, c’est que vous commencez à connaitre vos capacités, vos faiblesses, votre souffle, votre rythme. Ainsi certains découvriront qu’ils doivent courir longtemps car ils trouvent leur rythme seulement au bout de 20 à 40 min de course. De manière générale c’est entre 20 et 45 minutes que l’on trouve son rythme, son souffle ; le moment où on sent que l'on se ventile, que l'on se sent "décrassé" ; c'est aussi le moment où le coeur travaille. Cela vous permet ensuite de développer d’autres choses.
Le second type endurance running : 8 à 15 kms durant 6 à 8 mois. L’endurance c’est aussi et avant tout un mental. Sans être masochiste, essayez de ne jamais choisir la facilité pas comme un ascétisme mais comme un jeu, par exemple : n’accélérez jamais en descente, d’abord c’est très mauvais pour les articulations et ensuite c’est trop facile, en revanche, travaillez l’accélération en montée vous fera percevoir la montée comme plus rapide et cela vous fera déployer bien plus d’efforts et vous stimulera donc d’avantage. L’idéal pour s’entrainer : ne pas tourner à droite vers la côte du Sofitel au rond point de Ghazoua mais continuer jusqu’au haut de la côte de Ghazoua et peu à peu allongez jusqu'au village de Ghazoua. Vous pourrez également travailler cela en prenant la route opposée ; par la route de Marrakech, jusqu’au magnifique panoramique sur la ville et peu à peu allongez la distance jusqu'à mi-chemin avec Douar Lâarab.
Courir seul(e) : démystifier
Commençons par l’évidence : la vérité c’est que courir seul peut créer des appréhensions à tout le monde, même aux hommes, en revanche, partout dans le monde, les femmes sont sujettes à des agressions et à Manhattan comme à Essaouira, courir seule représente un risque supplémentaire. Si nous craignons toute l’agression physique, c’est si peu probable qu’il faut dépasser cette peur en respectant des itinéraires et des conseils. Le véritable danger à Essaouira réside plus dans le fait de tomber sur une meute de chiens que de se faire agresser sur un sentier.
Les "commandements"
Nous sommes déjà isolées de par le fait de courir seul(e)s, il ne faut pas ajouter à cela le fait de courir à un moment ou un endroit où on ne pourrait pas trouver d'aide.
Tu ne te lanceras pas dans du hors piste ou des itinéraires sauvages. Suivre les parcours que l’on vous a indiqués et qui longent les routes et les grands axes afin de ne pas se retrouver isolé et ou blessé en pleine nature ou en détresse et sans réseau.
Tu seras vigilant : ne pas courir avec tout matériel bloquant l’audition. Courir seul(e) implique d’être vigilant et plus vous vous familiariserez avec les sons de la nature, plus vous saurez décoder un son suspect s’il devait surgir et réagir en fonction.
Ton équipement et ton attitude tu soigneras : si tu es une femme tu éviteras les tenues courtes ou voyantes. Dans ton sac à dos : tu y mettras impérativement ton téléphone portable afin de pouvoir joindre quelqu’un d’urgence si tu es blessé. Même si la blessure ne semble être qu’une foulure, tu ne resteras pas à boiter près de la route. En pleine nature, utilisons les codes de la nature et si vous paraissez trop faible, vous pourrez paraître une « proie » plus facile. Tu glisseras quelque part un billet de 20 dirhams pour l’eau ou le taxi ; le billet ne bougera pas en tout sens quand vous courrez et vous aurez un peu plus en cas de besoin que les 7 dirhmas de la course normale (besoin d’eau) ou afin d’éviter de marchander avec le taxi si vous vous trouvez loin. Si les chiens ou autres animaux te font peur dans ta main tu prendras une pierre, assez grosse, ça te fera travailler les muscles des bras et elle se révèlera une arme en cas d'irruption d'un chien ou d'un dinosaure !
Alors à vos marques les coureurs, vous n'avez plus d'excuse pour vous empêcher ce plaisir qu'est la course à pied, moins cher qu'une salle de sport, plus écolo et dont les résultats esthétiques sont souvent bien plus rapides!
Texte Nathalie Perton
Photo DR