L’âme de l’artisanat Souiri ressuscitée !
Témoin acharné de la pérennité du geste ; le geste traditionnel, le geste-savoir, le geste créatif, le geste enseigné de mères en filles ou de pères en fils ; l’artisanat est l’une des plus grandes ressources du Maroc. Il témoigne de savoirs ancestraux qui magnifient la main et son art. Ode à des temps non oubliés que l’on souhaite pérenne. A Essaouira, le complexe artisanal en est l’emblème. Parce qu’il fallait lui redonner de sa "superbe" il vient de se refaire une beauté.
Un petit village dans la médina
A quelques pas de la porte Bab Marrakech, sur la gauche, une imposante porte en bois bleue en définit l’accès. Elle s’ouvre sur une sorte de petit village aux couleurs souiris, du blanc et du bleu, tout en longueur, parsemé de palmiers et portant en son centre une belle et imposante fontaine de mosaïque. On sent le coup de neuf, c'est très joli, frais, propre, bref rénové. Ce sont aussi des dizaines de boutiques de part et d’autres qui offrent un condensé de tout l’artisanat de la région : orfèvrerie, menuiserie sur bois de thuya, atelier de tissage, marquèterie, peinture…
Un projet qui va au-delà de la rénovation
Les travaux commencés en 2012, et entièrement financés par le Ministère de l’Artisanat et de l’économie sociale et solidaire, visaient à réhabiliter le centre et à mettre à niveau le complexe artisanal d’Essaouira. Proposer une revue des vocations d’ensemble, à savoir : l’encadrement institutionnel, la formation, l’encadrement technique. En résulte bien autre chose qu’un joli village d’artisans : plutôt une structure dédiée à l’artisanat, à ses bases : la formation jusqu’à l’étape finale de la vitrine : la commercialisation. C’est également là que siège la Direction provinciale de l’artisanat et un centre de formation professionnelle composé d’un atelier, de deux salles de cours, un dépôt, deux centres d’appui technique : l’un dédié à la marqueterie, l’autre à la bijouterie. Puis ce sont des espaces de production et de commercialisation : dix locaux pour les "mono-artisans", des locaux pour les deux coopératives représentées, six kiosques… Enfin un local pour les œuvres sociales du personnel de la direction, un local pour le four réservé au séchage du bois ainsi que deux blocs sanitaires.
L'ensemble artisanal avant / après :
Belle promesse d'avenir
Il constituait déjà un espace de rencontre et de formation. Rénové et développé il permettra encore mieux aux voyageurs, touristes, curieux, de suspendre le temps par l'observation et la beauté de ce geste ancestral. Venir admirer le travail, poser des questions... A la rencontre des corps de métier qui sont tout sauf figés même s'ils ont un caractère immuable. Il annonce des promesses bien entendu pour les artisans eux-mêmes ou les artisans en devenir du fait de son impératif de formation. Ce sera une fierté enfin pour les souiris de démontrer leurs talents car ce sont des familles entières d'artisans qui y sont représentées.
La cerise sur le gâteau ?
Il s’agirait là d’une bien grosse cerise… Car si ce nouveau centre nous permet un rayonnement plus grand de l'artisanat local, une attractivité majorée, on murmure aussi que l’Arbre, ce bel arbre emblème du lieu, le dit "ficus" centenaire, que l’on avait eu tant de peine à voir disparaître, s’enracinerait à nouveau dans ce lieu… On le chuchote… Il va sans dire qu’il s’agirait d’une belle conclusion pour cette rénovation qui redonne de la splendeur à ces merveilleux métiers traditionnel que le Maroc, les marocains et les touristes du monde entier chérissent et recherchent tant. Peut être parce que conscients qu’il y a dans ces métiers, dans ces gestes, de l’essence de ce qui fait un peuple, une région.
Texte Nathalie Perton
Photo Alice Joundi