Jihane Bougrine, la diva du Jazz sous l'arganier

Interview
Nathalie PERTON
Editor Made in Essaouira
31 décembre 2015

Lundi 28 décembre elle foulait la scène du So Lounge Mogador pour son concert dans le cadre du festival Jazz sous l'arganier. Elle et son accent jazzy- bluesy- folky- beldi. Si le festival de jazz nous a réservé des pépites du jazz marocain, nous avons été séduit, hypnotisés, caressés par sa voix chaude africaine. On est certain qu'elle a ce quelque chose qui fera qu'on parlera de plus en plus d'elle! Nous l'avons rencontrée pour vous.

Dans un roman de Toni Morrisson

Jihane entre sur scène et hop ! Ca y est, vous y êtes, propulsés dans une vieille cave à Paris ou à N.Y où on joue du jazz comme pour survivre; le personnage d'un roman de Toni Morrisson. 

On serait pas surpris de l’entendre susurrer in the upper room de Mahalia Jackson et on est persuadés que ça lui irait bien. Cette racine africaine qui exulte d’elle ; elle la revendique de sa grand-mère paternelle à laquelle elle ressemble énormément "foncée de peau, on ne savait pas d’où elle venait, certains disaient du grand sud, d’autres d’Essaouira".

Si en l'écoutant de nombreuses références musicales vous viendront à l'esprit; de Tracy Chapman à Norah Jones, elle a sa tessiture bien à elle, son univers musical jazzy-swiri au oud omniprésent.

Des racines d'Essaouira

C’est en tout cas de là - sa grand mère paternelle- qu’elle tient son attachement viscéral à Essaouira, y revenant toujours, depuis son enfance puis après la parenthèse de son enfance en France, ses études de journalisme. Cet attachement va plus loin qu’un plaisir de villégiature, elle précise "quand je vais mal, je sais que je dois venir sur Essaouira. C’est une ville qui m’a vue tomber et me relever mais malgré un énorme accident de voiture ici, c’est toujours à elle que je reviens ; là où je compose." Elle lui a dédié la chanson Swira dans l’album Loon Bladi… Car Jihane compose et écrit. C'est indissociable de sa musique.

L'écriture, la création

Jihane compose et écrit. Elle dit "je ne suis pas une grande musicienne, je compose à la guitare" et on ne sait pas pourquoi on se dit que c'est un peu trop humble... "C’est pour cela que mon métier de journaliste  m’a toujours semblé cohérent avec la chanson." Elle est journaliste aux Echos, ça ne nous étonne pas, son grand front nous laisse imaginer les rêves et l’intelligence qui s’y cachent. Ses parents ont insisté pour qu'elle fasse ses études de journalisme "ils ne voulaient pas que je devienne troubadour!"

Loon Bladi

Mais la musique reste en filigrane, toujours; ainsi que la composition. Loon Bladi c’est son album, folky-jazzy- beldi ; il résulte du trio Loon avec lequel elle a tourné pendant trois ans : reprises de jazz, création de son empreinte… Au fur et à mesure Loon avait de plus en plus de succès. Lors de sa convalescence suite à l’accident de voiture d’il y a deux ans et demi, elle se retrouve acculée à son désir profond; celui de composer, d'écrire pour elle, un album qui serait le sien. Elle rencontre alors le rappeur Bigg. Elle commençait à trépigner d’enregistrer son propre album et Bigg lui reçoit une subvention du ministère de la culture et de vient son producteur. Cela donne des bijoux, en darrija, en français avec une voix née pour le jazz ; un album que vous pourrez trouver dans tous les enseignes Virgin et sur Youtube.

Jazz sous l'Arganier, première édition

Sur le festival, Jihane n’a que des éloges à faire. On ne peut pas flirter avec les anges – de la création- et s’embarrasser du négatif: "pour moi ce n’est même pas une première édition mais une édition zéro, pilote et c’est un bonheur, un succès, d’emmener le jazz à Essaouira. Cela confirme encore cette idée de ville étendard de la musique. Les organisateurs ont beaucoup de mérite d’avoir réussi à créer cela en aussi peu de temps." Sur sa  prestation au festival, Jihane en est très contente, c’était pour elle, mis à part quelques show case ; sa première expérience de scène et avec sa douce justesse elle nous dit : "j’ai trouvé le public beau, attentif, intelligent."

Mais je pense en la regardant une dernière fois avant de partir qu’il ne faut pas s’y tromper. Jihane c’est la douceur oui, mais il y a la fougue, aussi. La passion juste dosée, latente, comme la marée. Je regarde ses grands yeux, presque trop grands et son regard me rappelle une grande chanteuse française, une des plus grandes ; qui elle aussi, avait une grand-mère de Mogador. On lui souhaite en tout cas la carrière qu’elle mérite et on vous invite à l’écouter, elle, cette ambassadrice féminine du jazz à Essaouira.

Texte Nathalie Perton
Photo DR 

Nathalie PERTON
Editor Made in Essaouira
31 décembre 2015

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