Festival Gnaoua, J3 : place aux jeunes

MUSIQUE
Alice Joundi
Editor Made in Essaouira
26 juin 2011

Sur scène comme dans le public, cette 3ème journée de festival aura célébré la jeunesse et la nouvelle scène marocaine et internationale. Place faite aussi aux stars mondiales avec la présence attendue de Salif Keita et K'naan. On aura pu entendre et voir aussi des artistes qui se font les porte-paroles engagés de causes universelles.

Sous un soleil de plomb, on rencontre les Bnat Gnaoua, 7 jeunes filles qui dansent et chantent guidées par le Maâlem Abdenbi El Meknassi, et forment ainsi la première troupe féminine de Gnaoua. Si la femme a toujours eu un rôle fort durant les cérémonies, on souhaite à celles-ci un destin musical au moins égal à celui de leurs jeunes confrères. Maâlem Adbenbi témoigne à leurs côtés et nous confie que, d'après lui, "voir une femme un jour guider une lila n'est qu'un question de temps". Peut être que le festival Gnaoua et Musiques du monde verra d'ici quelques années des femmes monter sur scène et prendre le guembri pour faire danser les foules...
Jeunesse toujours avec Tigran Hamasyan, pianiste virtuose à 23 ans, il baigne en début de soirée la scène de la place Moulay Hassan d'un jazz puissant imprégné de musique arménienne. A la surprise de tous, il se lève et prend le micro pour un break percussif et lance un duo de vocalismes avec le batteur, avant de finir en beauté au piano : jazz ultra contemporain.

Les musiques engagées

Salif Keita témoignait l'après-midi de son engagement pour la cause des noirs albinos, il nous rappelle l'histoire de son album "La Différence" qui dénonce toutes les formes d'injustices. Sensible à tous les combats, il ne manquera pas d'ailleurs de dire son admiration pour les femmes qui ont produit le Festival Gnaoua félicitant leur "lutte acharnée" sans laquelle il n'aurait pas connu le succès que l'on sait. Sur scène le soir même, il offrira au public d'Essaouira un véritable show à l'africaine.
Sur la scène Méditel, cernés par un public de fans ultra motivés, les casaouis du groupe Darga sont dans la place, offrant un concert ragga-funk et gnaoua pour l'occasion, rejoints par la troupe de Maâlem Abdelkébir Merchane. La "Résis'dance" n'est qu'un exemple des nouveaux morceaux qu'ils nous présentent pour parler d'un autre combat, celui de la jeunesse métissée marocaine. Joyeux, festif et 100% made in Maroc.
L'ambiance bat son plein quand arrive le jeune rappeur somalien K'naan, désormais ultra célèbre depuis la reprise de son morceau "Wavin'flag" comme hymne de la Coupe du monde de football. Poésie et hip-hop, ses textes en somalien ou en anglais témoignent de son histoire entre l'Afrique et les Etats-Unis. Une Afrique qu'il est heureux, nous dit-il, de retrouver au Maroc à l'occasion du festival.

La magie des lieux

Maâlem Mahmoud Guinea star incontestée et admirée par toutes les générations au Maroc, vient à point. Sur des envolées de guembri pour le moins groovy de ce papi rieur , on voit les tous petits faire des rondes, les mamies se déhanchent, les ados continuer sur leur lancée, le tout dans un esprit de fête familiale sur la plage d'Essaouira.

A l'autre bout de la ville, une deuxième nuit sur le toit du Bastion démarre. Dans une ambiance magnifiée par ce lieu historique, la fusion entre Maâlem Hamid el Karsi et Between Worlds relèvera pour certains de la pure magie. La voix du Maâlem s'envole dans la brume nocturne, et les musiciens de Between Worlds d'avouer qu'il s'agira de la plus belle expérience musicale de leur vie. Qu'ajouter de plus ?

 

Ne manquez pas ce soir sur la scène Moulay Hassan pour la clotûre du Festival Gnaoua et Musiques du monde :

- Ribab Fusion à 17h30
- Gnaoua All Stars à 18h30 : Maâlems Mahmoud Guinea, Abdelkebir Merchane, Mohamed Kouyou et Hassan Boussou

Programmation, soirées et concerts sont en ligne sur l'Agenda de Made in Essaouira.

Texte et photo Alice Joundi.

 

 

 

Alice Joundi
Editor Made in Essaouira
26 juin 2011