Festival Gnaoua, J2 : scènes du monde

MUSiQUE
Alice Joundi
Editor Made in Essaouira
25 juin 2011

Provoquant la rencontre et le mélange des genres, les fusions et les résidences du Festival Gnaoua tiennent leurs promesses nous livrant des moments d'exception. Ce vendredi aura mis à l'honneur les influences multiples musicales et spirituelles, dont l'audace a pour unique revers une intense émotion.

On vous l'avait annoncé, l'arbre à palabres de l'Alliance franco marocaine d'Essaouira (AFME) est LE lieu des échanges informels et privilégiés avec les artistes.
Hier après-midi, installés chichement sur nos tapis, autour d'un verre de thé nous avons discuté avec Baba Sissoko et ses frères. Il nous parle de cette communication intuitive qu'il a avec le public lorsqu'il joue du tamâ, ce petit tambour qu'il presse sous son bras et tout près de son coeur pour lui faire "parler" un langage qui se passe de traduction. "J'improvise, je m'amuse devant vous", "avec mon tamâ, j'ai la mélodie, le rythme et le groove à la fois". Sur ces mots il lance une salve de rythmes mélodiques dont lui seul a le secret.
Lui succèdent Maâlem Kbiber et Maâlem Abdelkader Amlil. On décroche un peu des ambiances scéniques sur cette terrasse, et profitons de la présence de ces grands maîtres pour parler ensemble des aspects symboliques et spirituels de la musique des Gnaoua.
Quelques officiels sont là aussi, assis par terre en tailleur à côté de nous. Finalement, devant les grands talents, on est tous des petits enfants attentifs.
Surprise sur le "plateau" de l'arbre à palabres. Pour parler de la rencontre entre Maâlem Hassan Boussou et la formation Jazz-Racines Haïti, on rencontre l'acteur Robert Wisdom, désormais célèbre pour son rôle dans Prison Break, venu témoigner aux côté des artistes des racines communes entre l'Afrique et Haïti, et de sa passion pour la musique des Gnaoua depuis 14 ans. La discussion s'inscrit finalement au-delà de la musique. Art, spiritualité et communion, l'émotion est intense, on sent les cœurs parler. Quelques larmes coulent même quand il est question d'évoquer cette fraternité qui dépasse les religions, les croyances et les cultures. En un mot : poignant.

 

Bêtes de scène

Le soir venu, les pieds dans le sable face à la scène Meditel, on attendait avec impatience de voir ce que donnerait cette rencontre entre la troupe du Maâlem Omar Hayat et les danseurs casaouis de La Halla KingZoo. Sur scène c'est le "double effet Gnaoua".
Les Gnaoua accompagnés d'un ensemble rock (guitare, basse, batterie) mettent le feu. Les danses s'enchainent et Maâlem Omar Hayat, en tenue de King léopard et peau de bête, nous offre une prestation scénique à faire pâlir les plus grands rockeurs. Genoux à terre ou bondissant parmi les musiciens : on est bluffés.
Sur un solo de gembri-batterie, les danseurs casaouis se joignent à la troupe et on assiste à une révélation : la break dance ça marche trop bien sur la musique gnaoua.

Minuit sonne sur la scène Moulay Hassan et Jazz-Racines Haïti nous offre une pure session jazz orchestrée par le grand saxophoniste Jacques Schwarz-Bart. Sur scène, que des pointures : Bonga, percussionniste haïtien, l'immense bassiste Reggie Washington, le pianiste serbe Milan Milanovi, Etienne Charles à la trompette et le prêtre vaudou et chanteur Erol Josué. Atypique et mystique.

Alors que les tambours de Maâlem Hassan Boussou résonnent encore, la nuit s'achèvera pour nous sur le toit du Bastion Bab Marrakech. On découvre cette nouvelle scène avec le pianiste arménien Tigran Hamasyan. Rejoint ensuite par Maâlem Mustapha Baqbou, la fusion prend forme dans un lieu magique et esthétique. Belle nuit à Essaouira encore.

A ne pas manquer ce samedi :

Scène Moulay Hassan :
- Fusion entre Maâlem Mustapha Baqbou et Tigran Hamasyan
- Salif Ketia à 22h50

Scène Meditel, sur la plage :
- Darga en fusion avec Maâlem Abdelkebir Merchane
- K'naan à 23h10, suivi de Maâlem Mahmoud Guinea

La programmation et toutes les scènes sont sur l'agenda de Made in Essaouira.

Retrouvez toutes les photos du Festival sur notre page FaceBook Made !n Essaouira

Texte & photo Alice Joundi

Alice Joundi
Editor Made in Essaouira
25 juin 2011