Festival Gnaoua et musiques du monde : Clap de fin !

FESTIVAL
A mouchel
Editor Made in Essaouira
16 mai 2016

Tombée de rideau sur la 19ème édition du Festival Gnaoua et Musiques du Monde ce dimanche 15 mai qui s’est terminé sur la note d’espoir et de paix des airs ghiwanis, amazighis et gnaouis. Le festival, qui a eu lieu du 12 au 15 mai, a tenu toutes ses promesses de lien entre l’Afrique et le monde en créant un pont entre le passé et l’avenir tout en offrant des moments de musique qui ont marqué. Temps forts.

C’est dans une ambiance chaleureuse et envoûtante que s’est clôturée la 19ème édition du Festival Gnaoua et Musiques du Monde. Une pause dans le temps qui a permis à des festivaliers de danser aux rythmes du monde, s’imprégner de la culture gnaouie et de se concentrer sur l’essentiel, le vrai…

Un pont entre le passé et l’avenir

La 19ème édition était celle de tous les hommages, des hommages au passé, au patrimoine, aux traditions qui se perdent et qu’il est tellement important de garder. L’ouverture ce jeudi 12 mai a donné le ton au festival avec un hommage au maâlem Mahmoud Guinea, maître authentique de l’art tagnaouite et pionnier de la fusion gnaoua – jazz. Symbole du festival qu’il a vu naître, maâlem Guinea avait passé son guembri et le flambeau à son fils Houssam, l’année dernière. Cette année, le concert hommage était porté par le talent des enfants de Mahmoud et de son frère Mokhtar, auquel s’est ajouté le talent des enfants de Doudou N’diaye Rose, magicien sénégalais des percussions parti trop tôt. Deux jours plus tard, c’est sur la scène de Moulay Hassan que le public a découvert, avec beaucoup d’émotion, un documentaire sur la vie du maâlem Guinea réalisé par le mélomane et passionné de tagnaouite, Abderahim Mettour. Un regard plein d’humanité et tout en reconnaissance sur le parcours d’un grand, qui créait et surprenait à chacun de ses passages sur scène. Guinea a certes disparu mais le maâlem est toujours là et son art se transmet, à travers ses enfants et cette jeune génération qui le considère comme un modèle. A l’image de cette belle relève portée par le talent de Khalid Izoubaz, Khalid Amrhoche et Mohamed Boumazzogh qui ont livré un concert de qualité ancré dans les traditions sur la scène de la plage. Et toujours pour la mémoire, le festival a clôturé les festivités avec un concert des plus poignants et des plus intenses : un hommage à un maître par les maîtres, un concert pour Tayeb Sadikki par Mohamed Derham, Omar Sayed, Nabil Khaldi et maâlem Mustapha Baqbou où ils ont repris les plus beaux morceaux d’un patrimoine ghiwani, cher au grand dramaturge.

La magie des rencontres

Résidences et fusions sont sans conteste, les rendez-vous les plus attendus du festival, et pour cause ! Il s’y passe toujours quelque chose de grandiose. Le mélange des cultures et des genres a son lot de magie à l’image des fusions jazz de Jeff Balard Trio et Maâlem Mohamed Kouyou ou encore celle de Maâlem Hassan Boussou avec le bassiste américain de talent Jamaaladeen Tacuma ! Une belle surprise à Borj Bab Marrakech ce samedi soir le temps d’une rencontre entre le flamenco moderne des barcelonaises Las Migas et la fougue sincère de celui qui apporte un vent de fraîcheur à la musique populaire : Mehdi Nassouli.

Si les rencontres se font le plus souvent grâce au pouvoir de la musique et de la magie de la scène, la 5eme édition du forum, en partenariat avec le CNDH, rendez-vous incontournable du festival a été l’occasion de pointer du doigt le pouvoir de l’Afrique à travers son thème « Diasporas africaines, racines, mobilités, ancrages ». Des discussions qui ont abouti à des axes de réflexion autour de la définition et la compréhension du cosmopolitisme et la nécessité de prendre en compte les nouvelles dynamiques de mobilité tout en intégrant les changements inhérents à ces nouvelles formes migratoires.

Le pouvoir de la scène

La 19ème édition a été riche en émotions et en surprises ! Les concerts se sont suivis et ne se sont jamais ressemblés entre les deux scènes en plein air et les scènes plus intimistes. Hoba Hoba Spirit a fait danser la scène Moulay Hassan avec un concert intense et sincère : le rock populaire, la hayha music et leurs paroles engagées ont raisonné tard dans la nuit. Le jazz le plus pur était encore une fois au rendez-vous avec le jazzman de New Orleans : Christian Scott. Le virtuose a figé le temps sur cette scène Moulay Hassan qui confirme son statut de scène jazz des plus respectées au monde. Toujours aussi entier, le groupe N3irdistan n’a pas failli à ses habitudes. Au rendez-vous, un moment de musique aussi actuel que profond, aux multiples influences. Entre temps, les groupes Blitz The Ambassador, Jaba & Friends, et Songhoy Blues ont mis le feu à la scène de la plage. Hassan Hakmoun et son art tagnaouite du monde a transporté la scène principale avant que la voix envoûtante du maâlem Hamid El Kasri ne prenne possession de la scène Moulay Hassan pour un concert de plus de 3h ! Autre rendez-vous qui a marqué : celui de Maâlem Abdeslam Alikane qui a offert un concert où le public a pu apprécier l’art de la tagnaouite dans toute sa splendeur, de la musique, aux couleurs, en passant par les costumes et les danses. Une édition au service de l’art tagnaouite et de sa rencontre avec le monde, en attendant une 20ème édition qui promet bien des surprises du 29 juin au 02 juillet 2017 !

 

Photo DR Stephane Louesdon pour Made in Essaouira

A mouchel
Editor Made in Essaouira
16 mai 2016