Festival Gnaoua Essaouira Jour # 3 : le "best of"

Le meilleur du hier
Alice Joundi
Editor Made in Essaouira
17 mai 2015

Le samedi 16 mai, 3ème journée d'un marathon musical et artistique, le 18ème Festival Gnaoua et Musiques du Monde a semble-t-il atteint son apothéose. Rencontres inédites avec le public, retrouvailles et émotion, autour du Jazz, des Gnaoua et des musiciens Ambassadeurs du Mali : un public de toutes les diversités a célébré la musique hier soir.

Arbre à Palabre, notre Baobab

Avant d'assister au grand soir, on va humer l’ambiance des ruelles, quelques spectacles de rue de ci, de là et on va s’abriter sous l'Arbre des palabres devenu notre Baobab. On réitère la formule et pour cause, un Arbres à Palabres ancré dans l'Afrique ce samedi, revenant sur les grandes familles gnaoua et leurs racines venues des Bambara, des Guinéa, des Soudani, eux qui sont nos bibliothèques vivantes, détenteurs de ce patrimoine oral contenu dans les chants que nous retrouvons sur scène. L'Arbre à Palabre a sorti le grand jeu, mais dans l'atmosphère intimiste qui lui est propre, avec la venue du batteur Tony Allen, des "Ambassadeurs" Salif Keita, Cheik Tidiane Seck et Amadou Bagayoko, aux messages aussi purs que leurs voix- à cappella s’il vous plait- qui nous touchent inexorablement !

Hassan Boussou, le Maâlem gentleman

Entré en scène au début de la soirée, Maâlem Hassan Boussou, ce grand homme élevé dans la pure tradition gnaouie, nous a livré un spectacle festif et d'une grande humilité. Son sourire et son jeu presque impétueux a ravi l'assistance. Pour finir sa prestation, la troupe entière tomba les crotales pour battre du pied en cadence les rythmes gnaoua : du jeu, du rythme et beaucoup de joie. Gentleman jusqu'au bout, il a salué son public en dépit de l'absence de fusion prévue avec Kenny Garett.

Et si le Jazz ?

Et si le jazz que d’aucuns pensent réservé à une élite, intellectuelle ;  était plus populaire qu’on ne le croit ? Kenny Garett en a fait la démonstration mettant en liesse la place Moulay Hassan. Le saxophoniste outre son excellence, s’est donné vraiment au public souiri, généreux et puissant, son jazz et ses mélopées ont suscité un engouement inattendu. Si nous avons déploré que la fusion prévue avec Maâlem Hassan Boussou n’ait pas eue lieu, nous n’avons pu passer à côté de ce moment de pur bonheur… Et le public fredonne encore les dernières mélodies.

Salif Keita remercie le Maroc

Lorsque la formation "Les Ambassadeurs" entre en scène Salif Keita est aux côtés de Cheik Tidiane Seck au clavier et d'Amadou Bagayoko à la guitare. La star internationale, celui qui a traversé la planète entière avec ses chants, sa voix si unique ; nous a proposé de belles rumba mandingues comme il sait les faire. Il nous a "enjoyés" durant tout le concert, des cercles se formant dans la foule pour créer des battles de danse africaine. Une célébration méritée car le Prince Mandingue, plutôt que d’attendre d’être applaudi, a tenu à remercier le Maroc : " Les marocains vous savez que vous êtes adorables ? Merci pour votre sincérité humaine !"
Alors que le concert touchais à sa fin, j’ai vu autour de moi un public de toutes les couleurs, j’ai vu un couple avec son bébé en poussette, une femme âgée sur le tabouret qu’elle a apporté pour écouter le concert tranquillement assise mais avec ses enfants ; j’ai vu beaucoup d’adolescents, et je me suis dit que, décidément, ce festival n’était pas comme les autres et que ce qui se passait ici ne se voyait nulle part ailleurs…

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Texte Nathalie Perton et Alice Joundi
Photo Alice Joundi 

Alice Joundi
Editor Made in Essaouira
17 mai 2015