Festival des Andalousies Atlantiques : prière commune
Coup d'envoi d'une édition anniversaire sous le sceau de la ré-union et du partage. Car derrière les si belles notes de musique se dissimulent à peine des espoirs pacifistes et fraternels. Toute l'équipe du festival, et les artistes à leurs côtés, ont dédié cette édition anniversaire à la paix entre juifs et musulmans. Comme pour sceller ce destin, une prière commune en ouverture a accompagné les familles de ceux qui, la veille, perdaient la vie sur les routes de la région d'Essaouira.
Ce n'est pas un rêve, mais une réalité qui ne demande qu'à ressurgir et baigne Essaouira de sa lumière séculaire. C'est une communion non feinte des pays et des confessions religieuses dont nous sommes témoins ici, soyons-en certains.
Car en effet, dans le cadre du Festival des Andalousies Atlantiques, M. le conseiller du roi Mohammed VI et fondateur de l'Association Essaouira Mogador, André Azoulay, ainsi que la directrice artistique de l'événement, Françoise Atlan, nous l'ont rappelé en conférence de presse : les moments musicaux et artistiques réunissant juifs et musulmans sur une même scène sont uniques et c'est ici, à Essaouira, qu'ils ont lieu chaque année depuis dix ans.
Brodés d'espoir et de convictions, les voix qui chantent l'amour et la foi s'additionnent, nous ramenant à notre histoire commune, dont le Maroc garde en souvenir ses plus belles années, et pour toujours le legs de sa singularité. Pays témoin, forgé dans la mixité, il ouvre désormais lors du festival des Andalousies Atlantiques la porte à toutes les réconciliations nourries d'une fraternité qui n'a, pourtant, jamais cessé d'être.
Cependant, il est aussi question de résistance. Le festival, qui souffle en 2013 sa 10ème bougie, tient aujourd'hui ses promesses force de détermination, de convictions et d'engagements portés par toute une équipe accompagnée d'artistes sincères et de tous les fidèles amoureux de la musique arabo-andalouse. Tous sont mus par une foi indéfectible en la valeur de leur message et la puissance de la musique comme vecteur des plus grandes élévations.
Jeudi 31 octobre, la salle omnisports d'Essaouira s'est levé comme un seul homme pour prier aux côtés de l'orchestre Abdelkrim Raïs qui accueillait dans ses rangs les chanteurs Benjamin Bouzaglo et Marwan Hajji aux côtés du violoniste Elad Levi. Un instant d'émotion dédié aux familles des personnes ayant perdu la vie dans un accident de la route la veille sur les routes de la région d'Essaouira, et qui résumait à lui seul l'enjeu de cet événement : une prière commune, un pacte silencieux, un élan de fraternité.
Dépoussiérant les souvenirs d'un temps de paix, Essaouira a beau être ancrée dans sa réalité actuelle, elle projette dans les coeurs une lumière vieille de plus d'un millénaire qui n'a pas fini de briller, croyons-le.
La fête continue en jusqu'au 3 novembre.
Texte Alice Joundi
Photo Soufiane Bouhali