Essaouira Mogador : un Printemps Musical universel

A coeurs battant
Alice Joundi
Editor Made in Essaouira
26 avril 2015

Sorti de ses petits souliers, le Printemps des Alizés change de format et d'ambition depuis quelques années. Mais pour ses 15 ans, l'audacieux programme a su créer la surprise et même s'embellir : plus intense et métissé, face à un public toujours plus nombreux. En 2015 tout particulièrement, la musique classique a fait valoir son art de nous unir et de nous réunir, d'où que l'on vienne, où que l'on aille. Visions d'un monde à part, au coeur d'Essaouira.

Vu d'ici, tout va bien. A Essaouira en 2015 on peut se réunir dans une église entre mélomanes de toutes obédiences et fermer les yeux ensemble au son d'une partition de Brahms. 

Vu d'ici, tout est possible aussi. Alors que les Jeunes Talents d'hier foulent les planches de la Salle Omnisports, ovationnés par le public et leurs pairs de l'Orchestre Philharmonique du Maroc ; d'autres d'à peine 8 ou 15 ans nous font rêver d'avance à leurs destinées, comme à des histoires empruntées aux plus beaux contes de fées.

Vu d'Essaouira, oui, la musique classique et la musique de chambre peuvent se rencontrer, offertes à qui veut bien franchir le pas de nos portes, sans un centime en poche. Conjuguant cette aubaine au luxe d'assister en exclusivité à la mise en musique d'une oeuvre en présence de son compositeur. Ainsi, la Fantaisie Toccata écrite par Graciane Finzi, et dédiée au festival, fut habilement jouée par les quatre mains de Dina Bensaïd et Joseph Birnbaum. Que de symboles...

Vu d'ici le soleil se couche sur une ville-musique, ouverte à toutes et tous au nom de son glorieux partage. Bref, il ne s'agit pas d'une histoire pour vous endormir mais du savant mélange d'art, d'audace et de générosité qui fait le succès du Printemps Musical des Alizés depuis 15 ans.

Hommage fait aux titans allemands, Dina Bensaïd signe une édition dont la jeunesse et le souffle en dit long sur de belles années à venir.
Le Président Fondateur de l'Association Essaouira-Mogador, M. André Azoulay, nous confie quant à lui avoir probablement assisté à l'un des plus beaux concerts de sa vie ce 26 avril, à Dar Souiri. A nous enfin de s'émouvoir sentant vrombir l'immense et même émotion qui parcourt un public à ce point hétéroclite dans la salle omnisports d'Essaouira, sublimement transformée pour l'occasion.

Les ultimes notes de Tango teintées de jazz résonnent pour conclure cette édition d'un festival que les artistes eux-mêmes qualifient d'"exceptionnel".
En prélude au concert de clôture, Essaouira aura fait valoir son originalité avec l'intervention inattendue de son orchestre andalous. La formation du conservatoire mêla ses influences à la musique classique, provoquant la rencontre entre orient et occident sur une même partition. Une représentation en tous points symbolique, rappelant qu'Essaouira est aussi un espace de partage comme il existe peu dans le monde.

Le "Programme Mazaya" et ses notes d'espoir

Aussi inattendu que cela puisse paraître, toute la force de la musique classique réside aussi dans son universalité. Sans truchement, ni trucages, sans traductions ni images, elle parcourt les siècles et les continents, et même les classes sociales.
Impossible alors de ne pas évoquer la rencontre entre le public et les jeunes artistes du programme social et éducatif Mazaya. Yassine Benhissoune, Oumayma El Ankoud, Hamza El Mouradi, Abdessamad El Assali et Walid Drissi sont les Jeunes Talents venus incarner sur scène un projet initié en 2012 par la Fondation Tenor à Rabat. Son président, M. Farid Bensaïd, premier violon de l'Orchestre Philharmonique du Maroc et patron de Tenor Groupe, témoigne avec fierté du parcours de ces jeunes enfants et adolescents.
Ces jeunes issus de milieux défavorisés et totalement déscolarisés, le programme Mazaya (programme pilote au Maroc) les a pour ainsi dire "cueillis" dans la rue pour leur offrir l'accès au métier de musicien. En lutte contre l'analphabétisme et l'inégalité des chances, Mazaya forme ces jeunes en les instruisant d'une part et leur offrant un enseignement de la musique aux côtés de grands musiciens et professionnels plusieurs heures par jour.
A l'issue de seulement deux années de travail, les élèves nous ont livré une représentation de qualité, non sans susciter une grande émotion au sein de l'assistance. Dans les pas du Venezuela où une initiative similaire a formé plusieurs milliers de musiciens ces 30 dernières années, Mazaya entend bien faire des émules au Maroc et tenir ses promesses : mener des enfants défavorisés vers le noble métier de musicien.
Mazaya fut certainement un des coups de coeur de cette édition : l'élan, le partage et les raisons d'être d'une musique qui sait donner du sens à des vies.

Nous avons encore beaucoup à voir, à entendre et à découvrir à l'issue de ce Printemps Musical inoubliable, alors rendez-vous pour cela en 2016, du 28 avril au 1er mai pour une 16ème édition.

Un dernier et indispensable remerciement à toute l'équipe de l'Association Essaouira-Mogador et ses partenaires qui nous ont offert, et ce gratuitement, de purs moments d'une très grand musique. 

Le printemps Musical des Alizés 2015 en photos sur notre page Facebook.

Texte et photo Alice Joundi

Alice Joundi
Editor Made in Essaouira
26 avril 2015

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