Essaouira fait son cinéma

grand écran
Alice Joundi
Editor Made in Essaouira
30 mai 2013

La clôture d'une quinzaine cannoise du cinéma nous donne l'occasion de parler de grands écrans, de tournages, de réalisations, bref, de regarder Essaouira face caméra. Car, sans parler des documentaires et reportages de plus en plus fréquents, cameramen et perchistes sont désormais monnaie courante dans la médina. Décidément l'art et l'image se combinent bien par ici : le tour des plateaux.

L'histoire a commencé avec une palme d'or en 1952, le fruit d'un tournage fleuve qui manqua ne jamais aboutir, d'une production ruinée, de décors recomposés, d'armures façonnées à base de boîtes de sardines, de bains de vapeurs trafiqués dans les fumées d'encens, d'un réalisateur tenace qui dut tourner un film pour financer l'autre... La suite on la connait, c'est l'Othello d'Orson Welles. Un tournage épique pour un chef-d’œuvre cinématographique qui habite encore les mémoires d'Essaouira.

Cinquante ans plus tard, c'est le temps des croisades et des gros financements, superprod' américaine menée par Ridley Scott, Kingdom of Heaven investit la kasbah, transformée pour l'occasion en Jérusalem du 12ème siècle. Un film au budget de 150 millions de dollars qui a déployé à Essaouira des décors à vous faire perdre le nord. 2000 figurants, les grands moyens cette fois-ci ont métamorphosé la ville laissant entrevoir à plusieurs reprises son architecture et ses remparts si caractéristiques. La ville incarnant dans le film le temps de la paix, Orlando Bloom s'était échoué sur la plage d'Essaouira...

L'habit médiéval lui allant si bien : Essaouira rejoue la carte des grandes épopées avec la saga fantasy Games of Thrones et une saison 3 tournée en 2012 dans laquelle Essaouira tire son épingle du jeu : filmée sous toutes les coutures, la skala du port en particulier accueille certaines scènes clé des épisodes. Le succès déjà rencontré sur le petit écran, il est question d'un nouveau tournage fin 2013. A vos armures !

Tout récemment en 2012, le film hollandais "Land." se tournait à Moulay Bouzerktoun au nord d'Essaouira. L'histoire épique et folle à la fois d'une traversée entre le Maroc et les Pays-Bas en windsurf, sur fond de quête intérieure et culturelle. Le film, qui n'est pas encore sorti, porte en lui la promesse des destinées à part ; dont celle d'un enfant du pays qu'une immense soif de liberté anime. A suivre...

Sorti en salle début 2013, l'acteur Rochdy Zem a fait quant à lui son retour aux sources dans le film Intersections, en partie tourné à Essaouira. Un thriller captivant, plutôt musclé et truffé de rebondissements : de l'action au pays du soleil couchant.

Loin des studios et des décors en carton-pâte, Essaouira donne à tous ces films une perspective grandeur nature, inspirant les réalisateurs depuis plus de 60 ans. Sa structure fortifiée, ses paysages côtiers, sans oublier sa lumière si particulière et des figurants à la pelle sous le soleil d'Afrique: la cité réunit quelques uns des meilleurs ingrédients pour un tournage réussi.

Texte Alice Joundi
Photo Land.

Alice Joundi
Editor Made in Essaouira
30 mai 2013