Au trot sur la grande avenue d'Essaouira

TRANSPORT
Alice Joundi
Editor Made in Essaouira
18 juillet 2011

C'est l'ancêtre des taxis, le moyen de transport pas cher, populaire, typique et décontracté par excellence, adopté depuis toujours par les locaux et loin d'être une attraction touristique : la calèche, où comment circuler au rythme des chevaux à Essaouira.

"Cotché ! Cotché!", c'est ainsi qu'on appelle une calèche passant sur la grande avenue Al Aqaba. Allez hop, en voiture ! On monte à bord de la cariolle pour deux dirhams la course, les enfants sur les genoux, les sacs à nos pieds : c'est comme ça que les souiris gèrent la distance.
Car, si le taxi sillonne les rues de la nouvelle ville, la calèche emprunte un seul et long trajet nord-sud et linéaire, sur la double voie qu'on appelle ici "l'autoroute". Chaque voyage est ponctué de petites haltes pour prendre en charge ou déposer les clients où bon leur semble le long de l'avenue. Le reste du temps, les calèches stationnent entre la porte Bab Doukkala et le quartier industriel d'Essaouira, au nord de la ville.

A première vue, et pour son aspect authentique, on pourrait croire que la calèche est une attraction destinée aux touristes en quête des charmes désuets (et quelques peu remuants) d'une balade à cheval. Il n'en n'est rien, d'ailleurs les calèches n'empruntent pas les quartiers touristiques mais desservent plutôt les quartiers résidentiels et les administrations.

"Avant, on allait en calèche à Sidi Magdoul"

La calèche, de mémoire de souiris, à toujours existé, et difficile de savoir à quand remonte son utilisation à Essaouira. Quand seules l'ancienne médina et les quelques villas faisaient face à la baie, les calèches stationnaient alignées sous l'Horloge, un parking à chevaux qu'on appelait alors "la Couatcha". Elles servaient ainsi aisément aux passagers de la gare routière, située à l'époque sur la place Moulay Hassan.

Comme c'est encore le cas aujourd'hui, nul n'avait besoin de transport pour traverser la médina, tout se faisait à pied, et les calèches servaient aux souiris pour se rendre dans la campagne proche. Elles empruntaient par exemple la route vers Diabat, jusqu'à l'oued Ksob (à 3 km de la ville), pour déposer les habitants des douars alentours.
Zhour, qui a grandi à Essaouira, nous raconte que dans les années 60, le vendredi, les familles prenaient la calèche depuis la médina pour aller jusqu'à Sidi Magdoul, le petit marabout à 2 km de là. Femmes et enfants s'y rendaient avec le pique-nique pour des après-midis à la campagne "innoubliables".

Aujourd'hui, les calèches circulent parmi les autos, les camions et les cyclos, mais restent de loin les reines du bitume, prioritaires et respectées pour être tractées par des chevaux. Un bon moyen de ne pas stresser sur la route et de prendre aussi le temps de discuter avec les souiris et d'échanger quelques sourires avec les enfants, qu'une balade en calèche réjouit toujours autant.

Texte et photo Alice Joundi

 

 

Alice Joundi
Editor Made in Essaouira
18 juillet 2011