Au rythme du soleil à Essaouira

RAMADAN
Alice Joundi
Editor Made in Essaouira
5 août 2011

Les habitudes changent à Essaouira le temps du mois sacré. Sous le cadran solaire, les heures s'écoulent et ne se ressemblent pas, petit tour en ville entre un dîner matinal et un petit déjeuner bien tardif.

Changement d'heure : par anticipation sur le mois de Ramadan, et depuis le 31 juillet, on a gagné une heure de sommeil et sauvé autant sur chaque longue journée du mois d'août. Et quand on voit s'écouler des journées de près de 15 heures, il faut l'admettre : c'est appréciable.
Les commerces affichent aussi leurs horaires spéciaux : journée continue pour tous et basta dès 15h30. Moins on voit le temps passer, mieux on se porte. D'ailleurs tout le monde travaille. Le mois d'août, à l'accoutumée réservé au plaisir de ne rien faire, devient un mois de labeur en période de Ramadan. Comme on nous a sucré la pause déjeuner, et pour oublier qu'on a faim, autant se lancer dans les petits et grands travaux. Les façades se repeignent, les voies s'aménagent, on bricole dur à Essaouira, sous un soleil que même le vent peine à rendre supportable (quoique que sans comparaison avec nos voisins Marrakchis avouons-le). Les vacances quand on jeûne, c'est plus des vacances, donc autant s'affairer. 

La promesse d'un ftour délicieux éveillant des frénésies d'achat et d'envies sucrées ou salées, le souk ne désemplit pas de produits ni de consommateurs. La région d'Essaouira offre à cette saison une richesse incroyable de fruits frais (poires, pommes, oranges, prunes, raisins et j'en passe), dont la star locale cette année est la figue de barbarie. Délicieuse avec un verre de lait et même recommandée pour les estomacs fragiles, attention les doigts : ça pique ! Les étalages croulent aussi sous les pains spéciaux, crêpes et indétrônables dattes ou chebakias (gâteaux au miel).
Bref, un petit conseil pour faire vos courses pendant Ramadan : se lever tôt, ou bien tout acheter à la dernière minute. Au choix.

Les nuits du bord de mer

Dans la rue, ça sent la soupe, l'heure avance et les cuisinières ont mis les faitouts sur le feu, ça mijote sévère dans les chaumières. Les enfants descendent dans la rue les bras chargés de plateaux de pains à cuire au fourneau du coin, pendant que les magiciennes du ftour s'affairent avec minutie et patience.
Chargement de sardines à bâbord ! De retour du port de pêche, nombreux sont ceux qui rentrent à la maison avec la prise du jour. Car la spécialité des souiris c'est le poisson, fris ou en tajine, gourmandise locale qui fait ici partie des incontournables sur la table du "ftour" (repas de la rupture du jeûne).
Peu à peu la tension monte et les rues se vident. Le calme religieux et les marmites fumantes précèdent les joies d'un repas en famille. Ainsi, on dispose les assiettes, les enfants ont déjà la bouche pleine, et là, avant même d'avoir entendu l'appel à la prière une sirène résonne dans toute la ville par trois fois, annonciatrice d'un "top départ" libérateur.

Enfin, après le ftour, les souiris se baladent partout dans la rue et sur le front de mer surtout. Une gourmandise par ci, une glace par là, un dîner au restaurant ou un pique-nique. Le Ramadan en plein été permet de profiter de la nuit, d'être dehors et de se réunir à la plage, le ventre plein, sous les étoiles. 

Lire aussi ; "Le tour des ftours made in Essaouira".

Texte et photo Alice Joundi - Journaliste

Alice Joundi
Editor Made in Essaouira
5 août 2011