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Andalousies Atlantiques d'Essaouira : les émotions contagieuses

FESTIVAL
Alice Joundi
Editor Made in Essaouira
1er novembre 2011

Bienvenue au pays des irréductibles du mélange, où les métissages culturels sont rois. Une journée aux Andalousies Atlantiques est un véritable voyage dans le temps et dans les cœurs, on parle d’héritage et d’espoir pour une culture encore bien vivante. En atteste la musique et les danses qui ponctuent les discours et font battre les mains, à l'unisson.

Au petit matin, sous la coupole de Dar Souiri, les paroles et les notes résonnent. Tous attablés autour de la question des "cultures additionnées", les anonymes et les politiques, les écrivains, les journalistes, les cinéastes, les musiciens bien sûr, célèbrent Essaouira en français, arabe, espagnol ou anglais comme un territoire d'échanges et de liberté, dont ils sont tous les filles et les fils de cœur. M. Bensalem Himmich, Ministre de la Culture, évoque avec nous l'histoire miraculeuse d'une Andalousie mêlée qui, plusieurs siècles durant, donna l'exemple d'une harmonie par delà les croyances. Il est question de mémoire donc, et de celle que l'on constitue aussi par des archives et des textes, de crainte que des époques ou des instants porteurs d'espoir ne s'oublient un jour. Les musiciens sont là pour ponctuer le discours. Un violon vibre sur le genou de Fouad Didi, musicien venu de Tlemcen, qui à n'en pas douter se sent ici chez lui. Puis la voix juvénile et sublime de Sanaa Marahati chante l'héritage musical de Samy El Maghrebi. Enfin, le piano de Maurice Medioni livre un jeu enlevé et mutin, offrant à l'assistance un instant musical très "cabaret".

Toujours à Dar Souiri, le colloque matinal se termine sur un des ces instants solennels dont les Andalousies Atlantiques ont le secret. La Palestine, ici représentée par l'académie de musique Al Qods, offre à Essaouira une maquette de Jérusalem, réalisée par des artisans palestiniens. Gage d'amitié et de fraternité entre deux villes qui se font écho de part et d'autres de l'Orient. Chacun peut alors ressentir avec force, la foi commune en la paix entre les hommes. D'ailleurs le silence se fait, car, comme le souligne justement M. André Azoulay, si les mots parfois viennent à manquer "sont-ils vraiment nécessaires ?".

Dans tout ce miel pourtant, parce qu'il faut le dire et rester juste, quelques amertumes remontent. Tristesse et inquiétudes sont partagées quand il est question de l'ancienne médina d'Essaouira, qui à deux pas de cette tablée, se délabre inexorablement aux mains des promoteurs ou du temps. Patrimoine mondial, dont le Maroc, à tous les niveaux, porte la responsabilité, et qu'il peut risquer de perdre et de voir un jour déclassé par l'Unesco. Donc : restons vigilants. On évoque le fanatisme, cet ennemi dangereux des esprits libres aux multiples vérités. Enfin, la langue arabe manque à tout cela aussi, bien plus chantée que parlée, elle se perd et s'entend à demi-mot, alors qu'il y a là aussi, pourtant, un patrimoine et un legs que l'on oublie parfois.

Orientale, gitane et classique

L'après-midi sera festive, quand "l'instant précieux" vire à la fiesta gitana, chanteurs et danseurs se décrochent le cœur pour dire les amours et les peines. Une fête qui se prolonge dans l'ambiance digne d'un grand mariage, autour de l'Orchestre Tarab de Tlemcen qui nous fait danser et vibrer la corde orientale.

Le soir venu, sous un chapiteau comble, on a allumé les étoiles pour accueillir les très attendus danseurs du Royal Ballet. Tenues orientales en demi-pointes, les jeunes danseuses rendent un hommage gracieux aux Andalousies, accompagnés du talentueux duo, Francesca Filpi et Henry St Clair. Flamenca, flamenco : on rentre dans la nuit par une authentique juerga, fête gitano-andalouse qui offre à l'assemblée un spectacle émouvant et intense. Baila ! Baila !

Double ovation et puis s'en va..

La nuit des musiques et des mots se terminera sans nous. Mais de ce festival ce que l'on retiendra ce sont les morceaux qu'on ne choisit pas, l'inattendu qui nous prend de court et fait tout le sel de cet événement. Un juste instant qu'on souhaite à tous de pouvoir partager, même si parfois les places viennent à manquer autour des tables et dans les salles, on aimerait que la ville entière, tous les autres et les ailleurs, puissent être là, à nos côtés.


Retrouvez quelques photos de l'événement sur la page Facebook de Made in Essaouira.

Texte et photo Alice Joundi

Alice Joundi
Editor Made in Essaouira
1er novembre 2011

    Centre culturel Dar Souiri

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    Rue du Caire 44000, Essaouira
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