Ancien Mellah d'Essaouira : l'âme reste, les murs tombent

logement
Alice Joundi
Editor Made in Essaouira
15 février 2012

Patrimoine en soi, à l'égal des remparts, du port et de toute la médina d'Essaouira, l'ancien mellah meurt à petit feu depuis des années. Sommes-nous tous responsables ? Peut-être... Mais que reste-t-il (d'espoir et d'avenir) pour ces maisons et leurs habitants sporadiquement relogés ? A ce jour la question reste entière : on attend quoi ?

L'histoire nous raconte un quartier nord d'Essaouira où familles et commerçants juifs vécurent (et eurent beaucoup d'enfants). Cela fait longtemps que les juifs ont quitté les lieux, laissant aux suivants le bon soin d'y vivre et d'en entretenir les murs, et l'étoile gravée dans la pierre en souvenir d'un passé que l'on craint d'oublier.
A ce jour, au même titre que l'ensemble de la médina, ce quartier fait partie du patrimoine mondial de l'Unesco, mais avant tout du patrimoine marocain. Alors pourquoi, et comment en est-on arrivés là ?
Hier encore des murs s'écroulaient, rappelant à chacun l'agonie d'un quartier historique en pleine ville. On parle d'une zone où corruption, trafics et mauvaises intentions font un dangereux mélange, et où les murs sont le théâtre de bien tristes destins. Une fatalité à laquelle on ne peut décemment se résoudre, sachant que la volonté des autorités locales aurait certainement pu rendre à ce quartier son charme d'antan et la sécurité qu'il mérite.
Mais les maisons abandonnées, pillées et désossées s'effondrent dangereusement sur elles-mêmes. Vestiges pathétiques laissant entrevoir le ciel bleu au travers de leurs murs.

Vue sur mer d'une maison sans toit

Ceux qui vivent encore dans l'ancien mellah attendent d'être reloger ailleurs, dans un quartier neuf, entre quatre murs qui ont au moins le mérite de tenir bien droit. Il est question dans cette affaire de dignité humaine et de bon sens, face à laquelle le sort semble s'acharner telle une spirale infernale tissée d'incompréhensions...

Parfois, un bout du mellah renait. Derrière une porte joliment repeinte la magie d'une maison rénovée nous apparait. Des étrangers pour la plupart, amoureux d'Essaouira et du Maroc, investissent, rénovent, redonnent vie et faste aux habitations du quartier. A la vue de ces riads, on se dit que tout est possible, pourvu qu'ont ait une volonté tenace et les moyens financiers.

D'ici là que la bonne idée de rénover ce quartier prenne forme, il est grand temps d'offrir à ces habitants, pour certains héritiers de murs en ruine à la valeur historique inestimable, l'assurance de vivre avec un toit sur la tête.

Texte et photo : Alice Joundi.

 

 

Alice Joundi
Editor Made in Essaouira
15 février 2012