10ème Festival des Andalousies Atlantiques

FESTIVAL
A mouchel
Editor Made in Essaouira
4 octobre 2013

Il est des lieux qui nous font chavirer, des lieux qui font ressurgir ce qui est enfoui en nous, de façon immémoriale et irréfragable, nous ramenant sans cesse à hier, mais surtout à aujourd'hui et demain, tel le ressac de ces vagues qui ne meurent jamais. Essaouira en est la plus accomplie des signatures.

Et cette dixième édition, le Festival Des Andalousies Atlantiques d'Essaouira s'inscrit encore et toujours dans l´Esprit de la Cité Des Alizés, et dans la continuité doublée de la fidélité à son message initial, défini par Mr André Azoulay, Conseiller de S.M. le Roi et Mohammed VI et Président Fondateur de l ´Association Essaouira- Mogador, qui a depuis longtemps fait le choix de fêter nos identités communes et partagées , en se les remémorant certes, mais davantage : en les faisant vivre et en ne cessant de les partager.

Le Festival des Andalousies Atlantiques d'Essaouira dont cette dixième édition restera exceptionnelle à bien des égards, en est l'une des illustrations les plus éclatantes.

La nostalgie n´a jamais été de mise à Essaouira. Ce serait une trop pâle demoiselle au regard des autres couleurs d'Essaouira, où même le blanc est lumière.

Cette lumière à la fois ténue, têtue elle devient éblouissante pendant ces Andalousies en escale à Essaouira, comme ce fil d'or qui nous relie les uns aux autres, dans nos spécificités et nos pluralités assumées et dont Essaouira constitue un parangon de beauté, telle une pierre précieuse nichée dans son écrin couleur pourpre.

Dix ans déjà.... Et seulement ?

Dix années pendant lesquelles, fidèles à cet esprit du Matrouz,broderie si fine et fragile, nous n´avons de cesse de dire, de faire entendre et de donner à voir à Essaouira cette évidence de nos identités plurielles et additionnées, persuadés de lˋurgence de tisser et retisser ces liens indéfectibles dans un temps où, hélas, les régressions spirituelles et philosophiques s’imposent à beaucoup " trouant" nos mémoires et nos espoirs éreintés.

Pour fêter ces dix ans, Essaouira accueille le monde, encore et toujours, le monde dans ce qu'il a de plus universel et de plus moderne par sa culture de l’altérité.

La médina d’Essaouira par son architecture rectiligne nous dit naturellement la permanence de nos siècles de cohabitation. Nos maîtres de la Musique Andalouse sont assis là depuis des siècles côte à côte dans le partage et c’est Essaouira qui sait, aujourd’hui comme hier, avec fidélité, avec un amour proche de la dévotion faire fi des frontières pour inviter la jeune génération de musiciens chanteurs. Et poètes qui ont le talent de prolonger cette belle histoire.

Regarder au loin, depuis un café de la Place Moulay El Hassan, de la terrasse d'un Riad, ou tout simplement en se promenant sur la plage, c'est accueillir l'´avenir, incarné par ces très jeunes artistes du Maroc et d'ailleurs, respectueux envers leurs Maîtres sans pour autant faire abstraction de leur audace de leur fraîcheur.

Ils ont tous choisi Essaouira comme lieu de leur plus belle expression parce que la plus sincère, la plus vivante et la plus évidente. Et nous en sommes fiers au Festival des Andalousies Atlantiques d'Essaouira, dont cette dixième édition promet des moments exceptionnels.

Regarder le ciel, c'est aussi rendre hommage encore et toujours, à des maîtres comme Abderrahim Souiri, figure emblématique s’il en est d'Essaouira et chantre de la musique Andalouse, Mohammed Briouel, ambassadeur dans le monde entier de la tradition" Ala "de Fès, ainsi que Mohammed Amine El Akrami, le prestigieux maître de l'Ecole Andalouse de Tétouan.

C´est aussi recevoir Estrella Morente la plus grande, la plus authentique et la plus engagée dans l’art sublime du Flamenco, Estrella Morente présente sur les scène mondiales les plus exigeantes et qui sait ne rien concéder de ses racines andalouses que l’on devine jusque dans les inflexions de sa voix à la fois douce et poignante, qui chantera également en trio à Essaouira avec Françoise Atlan et Jalal Chekara.

Écouter cette génération montante, avec les chanteurs Marouane Hajji, Abir El Abed ou Benjamin Bouzaglo, le fantastique pianiste Omri Mor et les Musiciens d'Oujda sous la direction d' Ahmed Fakir, le groupe Dialna avec Elad Levy, son violoniste prodige et Nouhaila El Kalai, (découverte lors de l édition 2013 à Dar Souiri) ou encore Zaynab Afailal de Tetouan et l´Orchestre de femmes de Fès, et se dire que oui, la relève est assurée. Et quelle relève!

Faisant fi des incertitudes du temps qui passe des géographies éloignées et des doutes de l’instant, le Festival des Andalousies Atlantiques d´ Essaouira à la prétention de porter haut et fort ce message de fidélité, de vérité qui n'aura jamais sans doute été aussi légitime qu’à l'occasion de cette édition anniversaire, résolument ouverte sur l’avenir.

Ces moments indicibles parce qu'ils doivent tout simplement se vivre, ces moments d'allégresse même au-delà de Minuit, où nous nous retrouverons à Dar Souiri, après les concerts du soir, aux côtés des Confréries d'Essaouira. Une façon de rappeler que la musique andalouse reste spirituelle, et que cette spiritualité fait partie intégrante de l´identité du Maroc, particulièrement à Essaouira.

Tout comme les Moments Précieux de Dar Souiri l'après-midi, les Matinées-Colloques des vendredi, samedi et dimanche qui nous invitent cette année à une belle rétrospective des films de la cinéaste marocaine Izza Genini, et qui resteront comme à chaque édition, des moments de paroles vraies et sensibles, laissant de temps à autres une voix chantée ou quelques notes s'élever en volutes dans la magie et le mystère de Dar Souiri.

Essaouira le 27 septembre 2013

Françoise Atlan
Directrice artistique du Festival des Andalousies Atlantiques d’Essaouira

A mouchel
Editor Made in Essaouira
4 octobre 2013