Youssef Nabil à la galerie HD

Exposition
Zara Kadiri
Editor Made in Casablanca
3 octobre 2011

Cette première exposition de la Galerie HD (comprendre Hicham Daoudi) est à l’image de son propriétaire : de la jeunesse, un art moderne et riche, reflet d’un monde arabe en pleine mutation. La galerie sera résolument tournée vers les arts visuels et la promotion d’artistes arabes et méditerranéens.

Vous avez dit HD ? 

Hicham Daoudi marque le paysage artistique marocain depuis quelques années déjà. Pourtant, au départ, la passion pour l’art de cet ex-ingénieur en agronomie n’était pas si évidente à déceler. Son diplôme d’agronomie en poche, il lui suffira d’un stage pour se rendre compte que ce monde n’était pas fait pour lui. Il s’essaye à la biochimie, peine perdue. C’est en donnant un coup de main à sa mère dans une galerie d’art rbatiya qu’il comprend que vendre et promouvoir l’art sera sa vocation.

La suite, on la connaît : en avril 2002, création à Casablanca de la première maison de vente aux enchères du Maroc et du Maghreb, la CMOOA ; en 2008, naissance d’Art Holding Morocco ; en juin 2009, la galerie CMOOA (espace dédié à la création contemporaine à Rabat) et le magazine Diptyk, et enfin, en 2010, première édition de la Marrakech Art Fair.

Une nouvelle pierre à l’édifice culturel marocain

Pour son inauguration, la Galerie HD présente en exclusivité l’exposition photo de Youssef Nabil, un artiste contemporain désormais incontournable.

Youssef Nabil est originaire du Caire et vit à New York. Formé auprès de sommités comme Van Leo, David LaChapelle ou Mario Testino, son style photographique s'en ressent mais reste reconnaissable entre tous : il développe en argentique (noir et blanc), travaille soigneusement la mise en scène, puis colorise à l'aquarelle ses tirages. Le résultat n’est pas sans rappeler l’âge d’or du cinéma égyptien.

Un procédé fastidieux, mais si plein de sens ! Il parvient ainsi à extraire les artistes contemporains et les paysages qu’il traverse du flux temporel, comme une manière d’immortaliser le moment. Pourquoi cette fascination, ce besoin d’arrêter le temps et de mettre en scène de manière quasi iconoclaste, voire religieuse, certaines célébrités ?

Pour la petite histoire, Youssef Nabil, comme tout égyptien qui se respecte, a été bercé par le cinéma de son pays. Des étoiles dans les yeux, il demande un jour à sa mère où il peut en rencontrer les acteurs : elle lui révèle que la plupart d’entre eux sont déjà décédés. De cette révélation naît un choc qui déterminera son esthétique : il s'agira de figer à jamais les contemporains qu'il admire. La Galerie HD présente également le premier film de l'artiste, You Never Left, et l'on peut alors dire que si le cinéma l’amène à la photo, la photo le ramène aujourd'hui au cinéma.

Texte Zara Kadiri

Photo Youssef Nabil

Zara Kadiri
Editor Made in Casablanca
3 octobre 2011

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