Younès Lazrak, du rock à l’âme

Rencontre
Zara Kadiri
Editor Made in Casablanca
21 février 2011

Animateur vedette chaque soir de Radio 2M, monsieur musique marocaine sur 2M TV, Younès Lazrak nous parle du son qu’il aime, du Casa qui bouge, et nous dit où il aime sortir pour écouter du bon rock ou manger des Msemen sur la plage.

Younès ajuste ses petites lunettes carrées sur son nez. Elles font partie de son identité, maintenant. De son image de « monsieur musique » du groupe 2M lui qui, chaque soir, fait découvrir à ses auditeurs, pendant trois heures sa sélection pointue et éclectique. « Mon truc, c’est la musique, et la musique, c’est à Casa », enchaîne de go l’animateur de 26 ans, fraîchement marié, et Rabati, il doit bien l’admettre. « Quand j’étais petit, je n’aimais pas Casa, je la trouvais sauvage, stressante. Après mes études à Paris, quand je suis rentré, j’y au contraire retrouvé ce que j’avais aimé dans la capitale française, ce côté cosmopolite, qui bouge. » Aujourd’hui, quand il rentre à Rabat, « un peu glauque, un peu froid », ce n’est que pour voir sa famille. « Mais ça y est, j’ai vraiment la nationalité casaouie maintenant, j’ai même tous mes papiers. Déjà, ma carte au Raja. Et puis j’ai du refaire mes papiers officiels, et c’est marrant, mais ça me rend tout fier. C’est marqué Casablanca. »

Abdel Malik, et un vieux van tagué

En arrivant ici, pourtant, rien ne le prédestinait à la radio. « J’ai de la gouaille, j’aime la musique, alors j’ai vu passer une offre d’emploi, j’ai postulé, et ça a marché. A Casa FM, évidemment. » Un petit tour par Hit Radio, et le voilà aux manettes d’une émission sur Radio 2M. « J’ai été un peu considéré comme la taupe du Boulevard, moi le jeune qui passe des musiques inconnues dans un univers aseptisé. » Son patron lui demande ensuite un concept télé, Korsa Live est né. « On était la seule émission à proposer des live d’une demi-heure, entier, dans notre petit studio. » Et l’interview ? Pourquoi pas. Il faut juste une idée, et un studio. Les choses s’enchaînent quand Abdel Malik annonce son passage au Maroc. « Il allait voir son maître spirituel. Je voulais absolument faire cette interview, alors on s’est dit il faut l’interviewer sur la route. On a trouvé ce vieux Van Wolkswagen, on l’a retapé, tagué, équipé, et… » Ils ont raté Abdel Malik. Pas grave, le concept était né, et depuis, il a réussi à recroiser sa route, en 2010, pour faire l’interview. La boucle est bouclée. Alors, ce vieux van de hippy, c’est ça, le vrai Younès Lazrak ? « Non, pas du tout. Moi, je suis rock avant tout. Dans ma musique, dans mon style, c’est plutôt un état d’esprit. »

Soirée au B Rock et Msemen à Ain Diab

Et pour le rock, ça tombe bien, il faut être à Casablanca. « Les plus grands groupes sont ici, même si depuis quelques années, ça retombe. Il n’y a plus la même passion, juste l’envie de faire un single qui marche – donc conciliant -, une interview à la radio, et c’est tout. Mais si je devais citer deux groupes de Casa qui m’ont marqué, je dirai Houssa, et Barry. C’est la quintessence de cette ville. » Quand il en a marre de faire découvrir la musique aux autres, et qu’il a bien l’intention d’en écouter un peu lui-même, Younès va alors au B Rock. « Les trois associés sont Momo, le fondateur du Boulevard, Saad, du groupe Hoba Hoba Spirit, et Ali, le bassiste de Houssi et ingé son de Mazagan. Il se passe toujours quelque chose. Avant, la faune rock se répartissait un peu à la Calèche, à la Cigale, mais le B Rock… Porte bien son nom, quoi. » Lorsqu’il a besoin de calme, malgré tout, il va à la presque île de Sidi Abderrahmane, au bout d’Ain Diab. « Pour manger des Msemen sur la plage, quand il fait beau, c’est magnifique. » Et le dimanche midi, direction Le Club de boules, un petit club privé rue Socrate. « Des bières à 13 dirhams, ambiance familiale, on mange des poissons, des tajines, des grillades. C’est une vraie ambiance à part. » Puis Younès rallume son iPod, et repart chercher les groupes de demain, avant de les faire partager à l’antenne.

Texte & photo Mathias Chaillot

Zara Kadiri
Editor Made in Casablanca
21 février 2011

Vous aimerez aussi