Yacout Kabbaj, exposition printanière au Studio IWA

La peinture, Yacout ne l’a pas véritablement choisi. Elle grandi auprès d’un père architecte de formation et lauréat des Beaux Arts de Paris. C’était un passionné d’art et plus particulièrement de peinture. Quand elle lui rend visite, c’est à l’atelier. Absorbé par son travail, plongé dans son monde, le papa de Yacout ne voit pas son petit bout de fille gesticuler à ses côtés. Elle se rappelle :  « Etant une fille unique, j’étais une gamine très difficile, dissipée, hyperactive. Bref un petit monstre infernal ! » nous dit-elle dans un éclat de rire. C’est la peinture qui réussi à la calmer, et à canaliser son énergie. Très vite, le simple hobby devient une passion puis une nécessité. La peintre en herbe pouvait passer entre cinq et six heures devant son chevalet... Jusqu’au jour où Yacout arrive en sixième et assiste à son premier cours d’arts plastiques. Le professeur demande aux jeunes collégiens d’exécuter une œuvre, avec le thème, la technique et le support de leur choix. Notre jeune peintre s’investit à fond, pars à Derb Omar acheter une gigantesque planche en contreplaqué. Retour en classe où chaque élève monte sur l’estrade pour présenter son projet. Quand arrive son tour, le professeur, Alexandre Gerbi, s’insurge : « Mlle Kabbaj, je n’aime pas les tricheurs, ce n’est pas vous qui avez réalisé cette œuvre. Et je sais que votre père a fait les Beaux Arts ». La sentence tombe : zéro pointé, quatre heures de colle et un jour d’exclusion. Horrifiée devant tant d’injustice, Yacout va porter plainte contre son professeur auprès du directeur et finit par proposer au professeur incrédule de l’accompagner chez elle pour voir ses œuvres. Aussitôt dit, aussitôt fait ! Gerbi déambule ébahi au milieu de l’atelier de la jeune Kabbaj. C’est le coup de foudre artistique. « Cette rencontre a changé ma vie. Si je ne l’avais pas faite, je pense que je n’en serais pas là aujourd’hui » nous confie la peintre. L’homme devient son mentor, lui fait prendre conscience de sa vocation, la pousse, l’encourage. A seize ans, il l’aide à faire sa première exposition, qui tombe pile l’Année du Maroc en France. Elle passe à deux doigts d’être exposer à l’Institut du Monde Arabe, donne sa première interview à la télévision… « Je n’oublierais jamais la première fois qu’un amateur a voulu m’acheter une œuvre, s’est renseigné sur le prix et que moi, perdue, je lui ai demandais à mon tour combien il pouvait mettre ! » se souvient Yacout. Puis les années lycée se finissent, c’est le moment de passer aux études supérieures. Pour notre peintre, ça sera Paris où elle passe de nombreux entretiens auprès des Prépas artistiques. La veille de son départ, visa, billet d’avion, etc., en poche, son père s’éteint… Le monde de Yacout s’écroule. Elle n’avait fait aucune démarche auprès des écoles nationales, l’année scolaire a déjà commencé. Impossible de rester un an à ne rien faire, elle finit par se tourner vers une école de graphisme. Au bout de deux ans, Yacout décide d’intégrer une agence de communication à Casablanca, histoire de devenir autonome. Quatre ans de bons et loyaux services viennent à bout de notre peintre préférée qui décide de tout plaquer et de se remettre à la peinture. Et depuis elle n’a plus regardé en arrière ! Pour cette exposition, Yacout l’a faite in situ , et a voulu partir sur des couleurs fraîches, acidulées, des formes florales et printanières à l’opposé de sa période précédente. Quand vous verrez ses toiles vous aurez droit à des explosions de couleurs vives, chaudes, des masses en mouvement qui suggèrent une volupté, une sensualité toute naturelle…

Ne manquez pas l’exposition de Yacout Kabbaj au Studio IWA, du 14 au 23 mai 2013 !

Texte Zara Kadiri

Photo Yacout Kabbaj