Vivre, pas subir !

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Marina Brisset
Editor Made in Casablanca
12 novembre 2014

Depuis sa tendre jeunesse Leïla rêvait de devenir styliste De ce fait, elle a  suivi une formation en faisant ses études à Montréal puis a eu la volonté de rentrer au Maroc.
Par la suite elle s’est lancée dans la communication pendant 20 ans et a monté sa propre agence de communication et d’évènementiel en 2006, ici au Maroc. Après pas mal de fatigue, six années plus tard, elle a fait un arrêt. Elle ne voulait plus vivre de cette manière elle a donc cherché à arrêter tout ce stress. Entretien avec Leila Lofti qui nous fait visiter son atelier d’artiste peintre. Avec sa douceur et sa justesse, elle nous raconte sa reconversion. Une très belle histoire qui mérite d’être saluée.

Racontez nous votre histoire ?
Après cet arrêt en février 2012, je me suis rendue compte que mon mode de vie ne me correspondait plus. Il y avait un problème entre mon activité et ce que je suis fondamentalement. J’ai été mené à me poser des questions existentielles comme : “Est-ce que tout ça vaut la peine? De ne plus être moi ? De ce que la société veut que l’on soit?”. Car en fait, nous pouvons passer à côté de nous-même dans une vie. Nous avons l’impression de faire ce qu’il faut faire sauf que ce n’est plus nous. Je me suis refusée à subir la vie plutôt que de la vivre! Pour ma part, j’étais devenue quelqu’un de stréssée,de pressée, je ne me reconnaissais plus. Il fallait réagir. J’ai donc freiné mon activité et j’ai pris du temps pour moi.

Comment l’idée de faire la peinture vous est-elle venue?
A partir de là, je flânais à la recherche d’un tableau pour ma décoration d’intérieur et j’ai fait “arrêt sur image” sur une reproduction en noir et blanc. Le prix était beaucoup trop élevé, je suis donc allée chercher les références sur internet pour le reproduire moi-même. Après avoir dévalisé une boutique d’outils pour la peinture, je m’y suis mise et je ne me suis jamais arrêtée de peindre. A toute heure de la journée, je ne pouvais pas m’arrêter. Une amie peintre, Souad Sahel m’a initiée à la spécificité des outils de peinture. Par la suite, j’ai tenu à me lancer seule pour voir ce qui allait en sortir. Je m’amusais beaucoup, car il n’y avait aucun enjeu! Je vivais une vie de bohème que j’appréciais énormément. 
Cela ne m’est pas venue de nulle part, je suis la fille d’une des premières stylistes marocaines, Feue Naïma Bennis Lotfi, qui m’a fait grandir dans de belles étoffes de caftan, de burnous , et de peinture aussi, car ma mère était également peintre orientaliste mais elle n’a jamais voulu exposer ses œuvres. Elle m’a laissé le plus bel héritage : l’envie de créer et le courage de se lancer. C’est comme une grossesse qui a duré 20 ans et vient l’accouchement. J’avais ce besoin de créer de mes mains, ce fut une véritable libération.

D’où proviennent ces deux thèmes que vous présentez au cours de votre exposition?
Au début, j’ai peint de tout : des derviches tourneurs, des pianos, des chevaux des choses très différentes qui m’ont emmenées vers d’autres choses. Jusqu’au jour où j’ai trouvé ces deux thèmes qui m’ont inspirée, ils me représentaient. C’était il y a environ un an et demi. Les tons mordorés des visages représentent le côté précieux de l’âme c’est pour cela que ces visages ont tous les yeux fermés, car il faut d’abord regarder en soi. L’âme et les deuxièmes avec la couleur, c’est mon côté joyeux qui aime la vie.

Parlez nous de votre dernier tableau en cours
C’est d’abord des collages, des mots qui me parlent, dans toutes les langues que je comprends: arabe, français, anglais; des matières et je peins un modèle de visage qui se transforme au fur et à mesure. Je ne calcule rien, je laisse le hasard faire les choses lors de mes travaux. Chaque tableau est une aventure. C’est une histoire de femmes que je raconte. Plusieurs femmes ont marqué ma vie dont ma mère en premier. C’est un hommage aux femmes.

Et l’avenir ?
Déjà le présent c’est très très bien. Je n’ai pas envie de me projeter, juste vivre l’instant présent.

Un dernier message pour les lecteurs de madeincasablanca?
Si je ne m’étais pas lancée avec le premier tableau, je n’en serait jamais arrivée là. Nous avons tous en nous quelque chose d’exceptionnel, des capacités variées, des spécificités que nous portons en nous et il suffit juste de les chercher en parallèle de notre vie actuelle. Il faut se chercher pour ne pas passer à côté de soi. C’est dans les compliments que l’on nous fait qu’il faut aller à la quête de notre propre don.

Son exposition aura lieu du 13 au 21 novembre au Sofitel Tour Blanche

 

Marina Brisset
Editor Made in Casablanca
12 novembre 2014

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