Vieilles pierres & musique andalouse
Après son musée de Fès, l’Association des amateurs de musique andalouse a créé son antenne à Casablanca, Dar Al Ala. En retapant une vieille maison de 300 mètres carrés, ils ont souhaité offrir à leur collection un lieu qui ait une âme.
Dar Al Ala, il faut le chercher dans les ruelles du quartier des Habbous, bati sur le modèle d’une petite médina aux murs blancs. Construite en 1920 pour servir de demeure, elle a été rachetée par l’association, qui a décidé de s’y installer.
A notre arrivée, nous sommes accueillis par « l’arbre généalogique de la musique andalouse », gravé dans une plaque de marbre, symbolisant les 24 Noubas, c'est-à-dire les 24 mélodies typiques du genre. Puis nous entrons dans le patio, recouvert par un toit de verre, rétractable, commandé par un interrupteur.
Là où il y avait autrefois des dalles des ciments, se sont maintenant des plaques de marbre qui tapissent le sol. Sous les vulgaires carreaux de faïence, Mounir Sefrioui, architecte et trésorier de l’association, a découvert le zellige à l’ancienne. Il a pu redessiner les motifs, retrouver les couleurs, et a décidé de le refaire à neuf. Mais comme avant.
« Ici, nous diffusons de la musique andalouse 24 heures sur 24 »
Idem pour les immenses portes de Cèdre, d’origine. Et intactes. « Il a simplement fallu les décaper. Il y avait trois couches de couleur. Sous le bordeaux, du bleu. Sous le bleu, du blanc. Nous les avons remises à l’état naturel et vernies. » Ici, pas de guichet pour nous accueillir, mais un simple piano à queue. Sur un mur, un écran plat, pour la projection de concerts et, dans chaque angle, des petites enceintes. « Nous diffusons de la musique andalouse 24 heures sur 24 ! »
Autour du patio s’étendent les trois salles du musée. A gauche, les instruments anciens. Au fonds, les manuscrits. A droite, les photos.
Vue sur le Palais Royal
Puis l’étage. Fini le musée, place au conservatoire. Tout le niveau a été entièrement construit pour les besoins de la structure. Au lieu des habituelles rembardes sur la coursive, ce sont ici des plaques de verres, sculptées de discrets motifs floraux, pour augmenter encore la luminosité.
Là, une salle de cours qui servira à l’apprentissage de psalmodies du Coran, ici, une salle polyvalente, écran plat flambant neuf, et vidéoprojecteur.
Enfin, la terrasse, avec vue imprenable sur le Palais des justices, et les toits du Palais Royal. En redescendant, n’oubliez pas d’aller admirer les pièces du musée pour en apprendre plus sur la musique andalouse. Mais le spectacle est aussi dans les murs.
Texte & photo Mathias Chaillot