Tarik Osmoz El Jouhari : "Je suis un enfant du Hay"

Interview
Zara Kadiri
Editor Made in Casablanca
17 juillet 2012

Enfant du Hay, enfant du petit écran, enfant de la radio, Tarik, alias Osmoz est tout ça et bien plus encore ! A l'occasion de la diffusion de l'émission "Diasporama" dont il est l'un des réalisateurs, Made in Casablanca est allé à la rencontre d'Osmoz, un consommateur de jus Made in Mahlaba !

Made in Casablanca : Vous êtes considéré comme un enfant de Casablanca et vous avez grandi dans le fameux quartier du Hay Mohammadi. Qu’est ce que ça vous a apporté artistiquement ? Humainement ?

Tarik Osmoz El Jouhari : Humainement ça m’a apporté beaucoup, ça m’a permit de devenir qui je suis. Artistiquement pas forcément parce que je n’étais pas vraiment dans cette optique à cet âge là. Issu d’une formation « cartésienne » - maths et informatique - c’était impensable pour moi d’être dans un domaine artistique et créatif ! Le déclic ça a vraiment été ma carrière à la télévision et mes projets avec Nadia Larguet. C’est elle qui m’a proposé mon premier poste comme chroniqueur et en bon fils du Hay, je n’ai pas pu refuser. Je m’explique : au Hay, issu d’un milieu populaire et modeste, quand on te propose du travail, tu l’acceptes, même si tu ne t’y vois pas vraiment. Alors un mec comme moi devant la caméra, qui parle dans sa barbe, autodidacte… Parce que tu le portes en toi le Hay, et quelque part avoir un boulot ça te permet de le représenter. On a toujours senti qu’on avait un statut particulier, même à mon époque. D’ailleurs un « would l’hay » a un sens de l’humour à lui, un sens des affaires, un sens de la communauté, et bien sûr une sensibilité artistique du Hay.

Made in Casablanca : Vous êtes resté à Casablanca plus d’une quinzaine d’années, en plein « boum » de la télévision, de la radio et de la presse marocaine. C’était comment Casablanca à ce moment ?

Tarik Osmoz El Jouhari : La « révolution » médiatique marocaine est intéressante et je m’y suis pas mal intéressé. Première image qui me vient à l’esprit : « Ca bouge à la télé » sur la RTM. La chaîne a changé d’effectifs, d’esthétique, bref un vrai coup de fouet à l’époque ! Et bien sûr, le grand moment, c’est l’arrivée de 2M. Chez moi, on a eu le décodeur et c’est là que j’ai découvert certaines séries américaines… En fait, il faut rappeler que 2M s’alignait sur Canal + en termes de programmation ! On en a pris plein la vue… Pour en revenir à ma carrière chez eux, je suis arrivé à un autre moment de leur histoire, au moment de l’arrivée de Nourredine Saïl lui-même fraîchement débarqué de Canal +. Il a voulu tout changer, de nouveaux visages, nouveaux outils… J’ai intégré 2M du coté télévision mais aussi comme directeur artistique du service multimédia. Nous sommes en 1999 en plein essor du web et pour le directeur, 2M devait se doter d’une véritable plateforme multimédia, numérique. Qui dit internet, dit journaliste web, pas facile à l’époque… Ensuite, Saïl a voulut agrandir la famille 2M avec Radio 2M. Avec tout ça il y a forcément eu un effet boule de neige sur le paysage médiatique marocain : la RTM a crée d’autres chaînes, d’autres radios ont vu le jour, etc. De nouvelles énergies, de nouveaux visages, c’était parti ! Certains sont restés et d’autres, comme moi ont choisit une autre voie. Moi je ne me voyais pas devant la caméra mais comme j’aime la télévision, que je suis moi-même un enfant de la télé, j’ai décidé de passer derrière.

Made in Casablanca : Quels sont les quartiers que vous préférez à Casa ?

Tarik Osmoz El Jouhari : Bien évidemment l’Hay, même si je n’ai pas toujours le temps, que beaucoup ont déménagé. Mais mes parents y ont toujours leur maison. J’aime aussi « l’ancienne nouvelle ville », tout ce qui se trouve pas loin de l’avenue Mohammed V. Le quartier Belvédère j’adore, c’est un quartier tampon entre l’Hay et la ville, j’étais en cours là bas. Gauthier aussi. Et Bourgogne. En fait les quartiers où tu vis un moment et que t’apprends à aimer au fur et à mesure que tu découvres les petits coins, pour manger, faire tes courses, etc.  

Made in Casablanca : Quels sont vos rituels dès que vous revenez en ville ?

Tarik Osmoz El Jouhari :  Dès que j’arrive à Casa, la première chose que je fais c’est acheter mon « nécessaire » à thé à la menthe : menthe, sucre, thé et théière si il faut. C’est le truc que je fais le plus quand je suis au Maroc : boire du thé ! Un autre truc aussi que j’aime par-dessus tout, c’est le chawarma d’Aladdin ! Pas les brochettes, pas le poisson, le CHAWARMA ! Ils le font comme j’aime parce que je vivais dans le coin, ils me connaissent. Ah et je suis un grand consommateur de mahlaba. Boulevard Bordeaux souvent. Ca remonte à quand je jouais au foot à l’aube sur la plage avec mes potes du Hay. Au retour, on passait par le boulevard Bordeaux et on se faisait un énorme petit déjeuner : œufs, harcha, msemen, mlaoui, jus, la totale !

Made in Casablanca : Qu’est ce qui vous manques le plus de Casa ?

Tarik Osmoz El Jouhari :  Je me répète je sais, mais les mahlabates. Je suis un gros consommateur de jus et de laitage et ça me manque vraiment quand je suis en France.

Made in Casablanca : Pour conclure, vous participez à l’émission « Diasporama » qui sera diffusé de juillet à septembre sur 2M. Pouvez-vous nous exposer rapidement le concept ?

Tarik Osmoz El Jouhari :  L'émission est une série de portrait de personnalités marocaines, ou d'origine marocaine, vivant à l’étranger. Ils sont artistes, politiques ou sportifs et font partie de l’élite de leur « autre » pays. Le tout en 26 minutes et sans commentaire pour raconter leur parcours d'exception. Mais ce n'est pas pour autant un portrait biographique. Même si certaines parties sont rétrospectives, nous nous concentrons sur leurs quotidiens et sur ce qui les définis aujourd'hui.  Les conceptrices du projet ont voulu aussi faire confiance à 3 réalisateurs pour se partager les 12 portraits afin de varier les traitements et les sensibilités le long de la série.

Merci à Osmoz d’avoir répondu à nos questions ! Ne manquez pas l’émission Diasporama à partir du 15 juillet sur 2M !

Texte Zara Kadiri

Photo DR

 

 

Zara Kadiri
Editor Made in Casablanca
17 juillet 2012

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