Sur le tournage de Zéro, le nouveau film de Nour-Edine Lakhmari

Cinéma
Zara Kadiri
Editor Made in Casablanca
18 avril 2011

Le tournage de Zéro à peine terminé dans les rues de Casablanca, Nour-Eddine Lakhmari (réalisateur du culte Casanegra), a laissé tomber son montage (après nous avoir montré les premières images) le temps d’un café et d’une interview "souvenirs de tournage". Tour d’horizon, de sa plus belle scène de baiser à ses pires galères.

Un décor : La Princière était sublime. C’est un vieux bâtiment art déco des années 30, et quand tu entres, tu sens l’âme, la culture, la vie. On sent qu’à l’époque, les gens qui ont construit ça, ils ne trichaient pas.

Un extérieur : Encore une fois, le boulevard Mohammed V [déjà très présent dans Casanegra, ndlr]. J’adore contrôler, maîtriser, cet immense boulevard grouillant et plein de vie. Pour la scène à laquelle je pense en particulier, il fallait tourner à 360° autour du personnage principal, avec l’équipe qui suivait la caméra au fur et à mesure, et on devait donc tout contrôler : l’équipe, mais aussi les voitures, les passants.

Une nuit : Tout le film, ou au moins 95% du film, se déroule la nuit. Ca n’en fait pas forcément un film sombre ou pessimiste, mais un film noir, parce que c’est le genre qui m’attire, tout simplement.

Un baiser : Ooooh… Le baiser de l’amour, et de la rédemption. Un très beau baiser. Mais je ne peux pas vous dire entre qui et qui.

Une galère : Il y en a tellement eu ! La moitié de mon équipe venait d’Europe, ils pensaient qu’il faisait chaud, et on s’est retrouvé dans cet hiver pourri, constamment sous la pluie. Mais le plus dur, c’est le jour où on a du filmer un décor extérieur, un restaurant de luxe qu’on avait reconstitué. On a tout eu. Les embouteillages, la pluie, dès qu’on ressortait le matériel, il y avait autre chose. On lançait une prise, et une boutique mettait la musique à fond. C’était comme ça, constamment. C’était mi février, et définitivement le jour le plus sombre du tournage.

Une révéléation : Pas une, mais plusieurs, les acteurs dans les rôles principaux. J’ai eu autant de plaisir qu’en faisant tourner les deux héros de Casanegra, ou la nana d’El Kadia [série policière, ndlr]. C’est toujours le même bonheur de rencontrer des gens qui n’ont pas, ou peu, d’expérience. Vous vous rendez compte que l’une d’elle n’était jamais passée devant une caméra ?

Scénario... et impro

Une surprise : Mon acteur principal. Il est dans toutes les images du film, de bout en bout, et on l’a beaucoup fait souffrir. On l’a fait tomber, on lui a cassé la gueule, on l’a fait saigner, on l’a mis sous la pluie, et a aucun moment, il n’a craqué ni abandonné. Il a toujours tenu le coup.

Une improvisation : Il y en a beaucoup. Les acteurs maîtrisaient les dialogues, ils connaissaient le scénario, mais on leur a donné beaucoup d’espace pour l’improvisation. Chacun a essayé de s’exprimer, et c’est tellement intéressant, ça collait tellement à la vision que j’avais de Zéro, que je me suis dit que ce film était écrit pour eux.

Une réplique : Il y en a beaucoup que j’aime bien, mais il y en a une que j’aime particulièrement, et qui aura le même écho sur la société que « Hello, hello, my name is Zrirek » dans Casanegra. Après le tournage, les techniciens ont commencé à la répéter, comme ça, on l’entendait partout sur le plateau. Mais je ne peux pas vous la révéler. Je ne peux pas dévoiler trop de chose.

Un message : La rédemption. On ne peut pas avancer sans travailler sur nous-même, et la seule solution, c’est l’amour. Au Maroc, on ne s’aime pas assez. Crier, faire des révolutions, c’est bien, mais il faut aussi travailler sur soi. Se regarder dans un amour. Et si on fait ça, grace à l’amour, un looser peut devenir un héros.

Une récompense : Vous savez, on a reçu 27 prix pour Casanegra. Mais le plus beau, c’est quand j’allais au Megarama, que la salle était pleine à craquer, et que les gens riaient au bon moment, pleuraient au bon moment, réagissaient au bon moment. L’émotion et le message étaient passés, et c’est l’essentiel.

Retrouvez aussi l'interview de Nour-Eddine Lakhmari sur son rapport au patrimoine de Casablanca.

Interview
Mathias Chaillot
Photo
DR – Timlif productions

Zara Kadiri
Editor Made in Casablanca
18 avril 2011

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