Saïd Taghmaoui : « Je vais monter un café à Casablanca »

Acteur
Zara Kadiri
Editor Made in Casablanca
28 février 2011

L’acteur, qu’on a pu voir dans La Haine, Ali Zaoua prince de la rue, ou encore la série Lost, veut monter une école de théâtre à Casa. L’occasion de revenir aussi sur sa vision du cinéma, du Maroc, et de Casablanca.

Made in Casablanca : Saïd Taghmaoui, vous avez décidé de lancer une école de théâtre. Pourquoi ce nouveau projet ?
Saïd Taghmaoui :
Ecole, le mot est un peu fort, on va commencer par des Master class, plus humblement, et l’idée, c’est simplement de venir partager ce que j’ai appris. J’ai reçu beaucoup de sollicitations par internet, des jeunes marocains et marocaines qui me demandaient de venir, éventuellement, les rencontrer, et transmettre. Ce sera donc une fois par an, pendant un mois, peut-être deux. Pour s’inscrire ou être tenu au courant, il suffit de nous écrire à [email protected]

Made in Casablanca : Quelles techniques allez-vous leur apprendre, vous qui avez aussi bien dans le cinéma marocain que français et américain.
Saïd Taghmaoui :
La différence, c’est le jeu d’acteur entre l’Orient et l’Occident. A Bollywood ou dans les telenovelas, on a tendance à en faire des caisses, comme sur les chaines libanaises où on les voit minauder. Moi, je viens de cette école où on est plus subtils, on fait appel à l’intelligence du spectateur, on donne juste la quintessence, et c’est le spectateur qui décide. On dit que quand un dessin est beau, on ne le colorie pas. Je fais partie de cette école là. Plus occidentale, peut être… Même pas, en fait, plutôt école de vie. Dans la vie, quand on réagit, on n’en fait pas des caisses, donc c’est simplement plus proche de la réalité.

Made in Casablanca : Cette école sera ouverte à tous ?
Saïd Taghmaoui :
Oui et non. Pour donner, il faut pouvoir recevoir, donc on va faire passer des petits tests de base. Tu peux venir avec une chanson que tu connais par cœur, un texte de théâtre, une scène de film. Je veux voir que tu as quelque chose à partager avec le monde, tout simplement.

Made in Casablanca : Votre autre projet, c’est Conan le Barbare, qui doit sortir en août. Comment s’est passé le tournage ?
Saïd Taghmaoui :
Conan c’est un gros morceau, un gros blockbuster américain en 3D. A l’origine, c’était le premier film de Schwarzenegger, réalisé par Jon Milius, film cultissime avec un univers fantasmagorique simplement incroyable. Quand j’étais plus jeune, ça m’avait vraiment marqué, fasciné. Il m’avait éclaté la tête, ces rapports sensuels, les scènes d’amour. J’avais 15 ou 16 ans, je l’ai pris en pleine poire. Et jouer le meilleur ami de Conan, le mec sur le cheval, aujourd’hui, c’est un vrai bonheur.
Et puis GI Joe 2 est prévu pour très bientôt. Entre temps, pas mal de propositions, dont en France, mais pas à la hauteur de ce que j’avais envie de faire. Pour l’instant, l’aventure est américaine, mais ça peut changer. Vous savez, je suis né en France, je travaille aux USA, et je suis d’origine marocaine. Donc je vais continuer de naviguer entre ces trois mondes, parce que c’est ainsi que je me définis.

Made in Casablanca : Vous travaillez aussi sur un projet avec Nour-Edine Lakhmari (réalisateur de Casanegra). Où en êtes-vous ?
Saïd Taghmaoui :
On a commencé quelque chose, mais pour l’instant, Nour-Edine est sur autre chose, donc je ne sais pas si ça va se faire. Je veux faire un film au Maroc. Nour-Edine s’est proposé, on s’est vu, on a écrit ensemble, mais la vie n’est pas une science exacte. Pour le moment, il travaille sur Zero, en plein tournage. Donc je ne sais pas si je jouerai pour lui, sur ce projet qu’on a écrit ensemble, ou pour un autre réalisateur, mais on devrait me voir bientôt sur les écrans marocains. Ca me manque, je n’ai pas tourné dans ce pays depuis Ali Zaoua (de Nabil Ayouch, ndlr).

Le Maroc est une vraie terre de cinéma ?
Saïd Taghmaoui :
Le Maroc est plus qu’une star de cinéma, c’est un studio à ciel ouvert. A l’heure où je parle, il doit y avoir trois ou quatre films qui se tournent. C’est une terre de prédilection, pour ceux qui aiment le cinéma, et ceux qui aiment la lumière. En plus, il commence à y avoir de bons professionnels, avec toutes les grosses productions qu’on a eus, et de plus en plus de bons festivals. Il faut qu’on continue, on a tout à y gagner. Yes, we can !

Vous êtes un passionné de surf… Où allez-vous surfer, au Maroc ?
Saïd Taghmaoui :
Tu ne vas pas me croire, mais tu n’as pas le choix… Je n’ai jamais surfé au Maroc ! J’ai surfé en Indonésie, à Hawaï, un peu partout, mais pas au Maroc. Pas parce qu’y a pas de vague, juste parce que je ne me suis jamais organisé pour ça. Mais j’ai passé trois semaines d’écriture à Safi avec Nour-Edine Lakhmari, une ville que je ne connaissais pas, et j’ai découvert les surfeurs du Maroc, parce que là bas, il y a de la vague. C’était très sympa. Mais là, d’en parler, ça y est, j’ai envie d’essayer au Maroc.
En fait, j’ai été mordu quand j’ai fait la série de Lost. Tu vas avoir un scoop : j’ai signé Lost juste pour faire du surf à Hawaï. Et je n’ai pas regretté. Je tournais une demi-scène, et j’allais après faire du surf, et encore du surf. Quelle sensation exceptionnelle, c’est magique.

Made in Casablanca : D’où venez-vous vraiment, Saïd ?
Saïd Taghmaoui :
Moi, je suis berbère, entre Essaouira et Agadir. Mes parents parlent à peine arabe. Donc j’ai beaucoup de famille entre Taroudant, Essaouira, Agadir, etc… Et puis Casablanca, c’est le poumon du pays, j’y ai un pied à terre, je peux y retrouver les médias. Les cours de théâtre se feront d’ailleurs à Casa, même si j’ai un lien avec l’ESAV de Marrakech et que nous y organiserons surement quelque chose.

Made in Casablanca : Et quand vous sortez, sur Casablanca ?
Saïd Taghmaoui :
Il y a un restaurant où je vais souvent, un restaurant de poisson de base, une sorte de petite taverne qui mix des tas de gens différents : le Dauphin, planqué vers le port. On m’y voit souvent. En fait, j’aimerais créer un nouveau lieu.

Made in Casablanca : C’est une simple envie ou un réel projet ?
Saïd Taghmaoui :
C’est plus que de la gestation, on est dans la concrétisation, mais il faut trouver un spot idéal, car un endroit, c’est surtout le lieu, l’énergie qu’il y a autour. Je crois beaucoup aux choses de Carma. Je voudrais créer un café, un carrefour de rencontres, un peu d’internet, des grands écrans, faire venir quelques amis vedettes pour chanter, et bien sûr l’utiliser pour les cours de théâtre.

Made in Casablanca : Dans quel coin pourriez-vous l’installer ? Un quartier où vous vous sentez à l’aise ?
Saïd Taghmaoui :
Quand je venais à Casa, à partir de mes 16 ans, mes parents avaient une petite maison, à Aïn Chock. Ca a été mon premier rapport avec le Maroc, des endroits populaires. Parce que le snobisme, ça peut aller très loin au Maroc, tu t’habilles pour les autres, tu as une voiture pour les autres, donc je préfère éviter trop d’exposition. Le côté show off, c’est comme un tambour : ca fait beaucoup de bruit… Mais c’est vide.

Interview Mathias Chaillot
Photo
DR

Zara Kadiri
Editor Made in Casablanca
28 février 2011

La Taverne du Dauphin

  • Méditerranéen
  • Fruits de mer
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